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Siège d'Aït-Yacoub

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Siège d'Aït-Yacoub
Description de l'image Ait Yacoub 19 juin 1929_0037.jpg.
Informations générales
Date 8 au 19 juin 1929
Lieu Ait Yacoub
Issue Victoire française
Belligérants
Armée Française Aït Haddidou

Aït Moghad

Aït Yahia
Commandants
Général Nieger

Commandant Emmanuel

Capitaine Pistre
.....
Forces en présence
Détachement d'Ait Yacoub (551 hommes) :
 - 3e bataillon du 7e RTM : 313 hommes
 - 6e compagnie du 3e RE : 104 hommes
 - Batterie du 4e RACM : 30 hommes
 - 38e Goum : 104 hommes

Groupe Mobile Nieger :

 - Compagnie Saharienne du Cuir
 - 1er bataillon du 7e RTM
 - 2eme bataillon du 7e RTM 
 - Groupe de partisan de l'Interprète Berton
 - Groupe Sanitaire N°3
 - Escadrille 8
 - Escadrille 6
 - Escadrille 4
 - Escadrille 3
 - 1 escadron du 3e bataillon du 8e Régiment de Saphis
 - 2e Bataillon du 8e RTM
 - 3e Bataillon du 14e RTA
 - 3e groupe du RACM
- 2e groupe du RACM
2000-2500
Pertes
293 hommes, dont 82 tués, 125 blessés et 86 disparus. ~600 tués et ? blessés

Pacification du Maroc

Le siège d'Aït Yacoub est l'encerclement de l'avant-poste français d'Aït Yacoub par 2500 insoumis qui eu lieu du 8 au 19 juin 1929. Il s'inscrit dans la guerre de pacification du Maroc ayant eu lieu de 1907 à 1934[1].

Contexte[modifier | modifier le code]

Embuscade de Tahiant[modifier | modifier le code]

Carte des corps de soldats français retrouvés le 25 juin 1929

L'embuscade du 8 juin marque le début du siège de l'avant-poste d'Aït Yacoub.

Au matin, la ligne téléphonique a été coupé en Tahiant et El Bordj. Le commandant Emmanuel, chef du détachement d'Aït Yacoub, envoya vers 6h une équipe de téléphoniste, composé du Sergent Pitel, du tirailleur Thullier et de 2 tirailleurs indigènes, réparer la ligne. La sécurité de l'équipe était assuré par 70 goumiers du 38e Goum.

Vers 7 heures, des coups de feux sont entendus vers Tahiant. Le commandant Emmanuel décident de constituer et d'envoyer vers Tahiant un détachement composé du reste du 38e Goum, des 9ème et 11ème compagnie ainsi que 2 groupes de mitrailleuses du 7e R.T.M. et une section de la 6eme compagnie du 3e R.E. Le détachement part vers 8 heures.

Pendant ce temps, le détachement de téléphoniste et son équipe de sécurité sont arrivés à Tahiant. Les goumiers se positionnent au sud et à l'ouest du ksar, puis sont pris à partie immédiatement.

Le groupement Emmanuel rejoint la position du détachement vers 9h15. La 11e compagnie se positionne à droite du Goum, 3 sections en première ligne, Sergent-Chef Achard à droite, Sergent Narbonne au centre, Sergent Abdel Aziz à gauche. La compagnie ne voyant rien, bien que le Goum à sa gauche était pris à partie, fit un bon de 200 mètres avant de se faire prendre à partie elle aussi. Elle se trouvait à ce moment là à 1500 mètres Ouest Sud-Ouest de Tahiant, et a tenu cette position jusqu'à 13 heures.

La section de Mitrailleurs du Lieutenant de Francolini s'intercale entre le Goum et la 11e compagnie. A 10 heures, la section est en difficulté après que son est chef fut grièvement blessé et que le sergent-chef Bardel fut tué. La section du Sergent Narbonne dû protéger la section de mitrailleurs.

La 9eme compagnie, composé de la section de l'Adjudant-chef Grouillebois, de celle de l'Adjudant Murzy et de la section de Légion du Lieutenant Lemarchand, pris position à l'ouest de Tahiant à environ 400 ou 500 mètres. Elle pris le flanc gauche des Goumiers.

Une section de la 9eme compagnie, celle de l'Adjudant-Chef Grouillebois, fut détaché à la sécurité de l'équipe de téléphoniste. Isolé et loin de la compagnie, celle-ci recu l'ordre du lieutenant Hognon vers 12 heures de rejoindre la position de la 9eme compagnie. L'équipe téléphoniste décrocha de la position, sauf le Sergent Pitel qui refusa de quitter sa position tant qu'il n'avais pas fini de réparer la ligne.

Vers 12h45/13 heures, le Commandant Emmanuel ordonna à tout le détachement de décrocher. Le dégagement fut difficile, les pertes devenaient sensibles, les compagnies et les goums se gênaient dans leur retraite. Le groupement arrive vers 13h/13h30 à Tahiant, où le Commandant Emmanuel envoie un dernier message.

Dès lors que le détachement dépassa Tahiant, la situation devient confus. Les sections sont attaqués de tous les côtés, les sections des ailes ainsi que le Goum arrivent plus facilement à se dégager, mais le reste des sections sont sévèrement pris à partie. L'ennemi, qui a réussi à contourner par la tête de la colonne puis à s'infiltrer dans celle-ci, mène le combat au corps-à-corps. De nombreux cadavres seront retrouvés avec les traces de plusieurs coups de couteaux ou de pierre.

Les officiers, séparés de leurs troupes, ont été entourés par de nombreux hommes sans armes. Les officiers ont pu résister un temps avec leurs pistolets, comme le Capitaine Nury qui a pu en descendre 3, mais à court de munition, ils ont été massacrés à coup de pierre et de couteaux.

La dernière section a rentré au camp est celle du Sergent Narbonne de la 11e compagnie, arrivé vers 15h/15h15.

L'appel dans les unités fut fait, les pertes du 7e RTM sont :

  • Disparus
    • Commandant Emmanuel
    • Capitaine Nury
    • Lieutenant Helly
    • Lieutenant Hognon
    • Sergent-Chef Paolini
    • Sergent-Chef Bardel
    • 6 Sergents, dont le Sergent Pitel et le Sergent Brévignon
    • 6 Caporaux, dont le Caporal Saley
    • 43 Tirailleurs, dont le tirailleur Oriot
  • Tués :
    • Sergent Mathevon
    • 2 Caporaux
    • 5 Tirailleurs
  • Blessés :
    • Lieutenant Briard
    • Lieutenant de Francolini
    • 1 Sergent
    • 8 Tirailleurs


Au total, les pertes, comprenant celles du 38e Goum et de la section du 3e RE, sont de 113 hommes : 87 disparus, 10 tués et 16 blessés.

Concernant les pertes matériels, le détachement perds 2 mitrailleuses, 3 fusils mitrailleurs 1924, 64 fusils, 24 mousquetons, 6 chevaux, 11 harnachements et 9 mulets.

Siège d'Aït Yacoub[modifier | modifier le code]

Le siège d'Aït-Yacoub est décrit par le Journal de Marche et d'Opérations du 3e bataillon du 7e RTM, par le JMO du 38e Goum, par le JMO de la 6e compagnie du 3e RE, par le JMO du blockaus, et par le rapport du Capitaine Pistre, commandant de l'avant-poste d'Aït-Yacoub en remplacement du Commandant Emmanuel.

Photographie du Ksar d'Aït-Yacoub

9 juin[2][modifier | modifier le code]

Dans la nuit du 8 au 9 juin, les défenses du camp ont été renforcés, les sentinelles doublées, tous les hommes à la murette sous les ordres des quatre officiers restants.

Dès 7 heures du matin, des groupes de dissidents de 15 à 20 personnes paraissent dans le fond de la vallée au col de Tahiant. Ils s'infiltrent sur les pentes Nord et Sud. A 8 heures, l'artillerie du camp tire sur un groupe important à hauteur du col, un obus tombant au milieu d'un groupe le disperse.

Les infiltrations continuent toute la matinée. Vers 10 heures, le Blockauss tire à la mitrailleuse et au V.B. sur des dissidents qui se dirigeant sur Aït-Yacoub par l'oued et les pentes.

A 11 heures, des coups de feux partent de différents points des crêtes à gauche et à droite de l'oued en direction du bivouac. Nombreux tires d'artillerie sur les crêtes et en particulier sur une crête du cimetière à 1200 mètres du bivouac.

De 13 heures à 18 heures, le blockauss continue de tirer sur les pentes Ouest et Est de la crête où il se trouve, les liaisons téléphoniques avec le bivouac sont coupées. Vers 18 heures, au milieu d'une vive fusillade rapproché venant de toutes les directions sauf l'est, la section du sergent Pecoste occupant le blockauss a abandonnée sa position et s'est replié au bivouac face à un contingent d'une centaine de dissidents.

Les dissidents prennent la position du blockauss et ouvrent un feu nourri sur le bivouac. De nombreuses bandes arrivent depuis Tahiant et encercle la position. Certains s'approchent très près sur la face tenue par le reste du bataillon du 7e RTM.

Au cours de la nuit, des infiltrations sont tentés jusqu'à la ligne de fils de fer. Elles sont toutes repoussés par les tirailleurs.

La communication avec Rich est maintenu jusqu'à 23 heures, heures à laquelle les dissidents ont coupé la ligne.

Au cours de la nuit, les dissidents occupent et brulent Afraskou.

Pertes : 5 blessés.

10 juin[2][modifier | modifier le code]

A 5h30, arrivé du 1er avion qui lance un message et permet d'établir la liaison par panneau. D'autres avions viennent par la suite ravitailler le bivouac en cartouches et bombarder les crêtes.

Toute la journée est marqué par des coups de feux en provenance de la crête ouest.

L'artillerie exécute des tirs par intermittence qui font cesser momentanément le feu.

L'intensité des feux augmente dans l'après-midi depuis la partie ouest, en particulier depuis la pente à l'est d'Afraskou.

Vers 15 heures, un détachement de monteurs et de goumiers sortent réparer les lignes téléphoniques. Une première coupure est réparé à 500 mètres du camp et une deuxième est repéré à 1500 mètres. L'ordre est donnée au Goum de rentrer, car un groupe de cavaliers et de piétons a été aperçu en venant de l'est.

A 15h30, la crète à 1500 mètres au Nord-Est du poste en construction est occupé par une cinquantaine de dissidents. Un tir d'artillerie les disperses, causant la mort de certains d'entre eux.

Vers 18h30, des groupes importants et nombreux (piétons et cavaliers) apparaissent au col d'Afraskou. Une partie occupe les pentes à 1500 mètres à l'ouest du village, les autres la crète Nord. La fusillade s'intensifie, l'ordre est donné : tout le monde aux murettes.

A la nuit tombée, l'ennemi avance vers les faces Nord et Ouest du bivouac. Un artilleur est blessé mortellement à la murette, un tirailleur de la compagnie de mitrailleuse est également blessé mortellement, tandis qu'un autre est légèrement blessé.

L'ordre est donné de ne tirer que sur ordre. Le feu est ouvert lorsque les dissidents sont à une centaine de mètres.

La fusillade les disperses, causant des pertes sévères, mais une autre attaque est lancé sur le poste en construction qui finalement échoue.

Une autre attaque est lancé à l'Est du Ksar qui est enrayé par les partisans d'Aït Yacoub et de la Zaouia, renforcé par des goumiers, le tout sous les ordres de l'Adjudant Delahouillere.

En se retirant sur Afraskou, une dernière tentative est lancé par les dissidents sur le poste en construction sans résultat. Ils se retirent définitivement vers 2 heures du matin le 11 juin.


Pertes : Le tirailleur LAHCEN BEN MAHJOUB tué, 6 blessés dont un lieutenant[3]

Etat de munition : Munition d'artillerie presque épuisées (reste 40 obus). Cartouches de fusils en quantité suffisante si ravitaillés tous les deux jours.

Grenades : Un ravitaillement en grenades et en V.B. est urgent.

Vivres : 10 jours de vivres sauf pour le vin, 4 jours

Etat de la troupe : Fatigué d'un point de vue physique, mais le moral est bon.

11 juin[2][modifier | modifier le code]

Vers 5h30, un avion lance un message du Colonel Roucault indiquant l'arrivé d'un groupe de partisans. L'aviation ravitaille aussi en cartouches et en médicaments.Tirs toute la journée en provenance de la crête Ouest.

Dans l'après-midi, des groupes en provenance d'Afraskou occupent les crêtes Nord Est et tirent sur le bivouac.

L'aviation bombarde Afraskou et la crête Ouest à plusieurs reprises. Elle ravitaille aussi le camp en cartouches et médicaments.

12 juin[2][modifier | modifier le code]

Nuit du 11 au 12 relativement calme, hormis une attaque à 22 heures sur la partie Est du Ksar qui a été repoussé après deux heures de combat.

Bombardement tôt le matin par aviation sur la crète Ouest et à Afraskou. Ravitaillement en munition.

Vers 12 heures, gros rassemblements à Afraskou de 400 à 500 dissidents qui défilent vers l'Est au Sud de la crète de Tassameurt et s'infiltrent par les petites vallées entre cette crète et le poste en construction. Ils viennent s'installer sur les crètes dominant le poste, à environ 600 mètres.

Quelques petits groupes profitant des orges très hautes et des séguias s'approchent à une centaine de mètres des faces Nord et Est du bivouac, mais un feu au commandement les faits fuir en laissant 10 morts sur le terrain.

Pendant ce temps, le poste est encerclé peu à peu. Les mitrailleuses du bivouac, le FM du Goum et la mitrailleuse du poste dispersent les dissidents qui abandonnent la partie et se retirent sur Afraskou.


Pertes : 5 blessés, dont un tirailleur marocain qui décédera le 17 juin[3]

13 juin[2][modifier | modifier le code]

La nuit du 12 au 13 juin est relativement calme.

Tôt le matin, les avions survolent le camp et envoient des messages.

Dans la matinée, ils bombardent l'ancien blockhaus et la région d'Afraskou. Par ailleurs, ils ravitaillent le camp en cartouches, médicaments et tabacs.

Vers 17h30, l'un d'eux atterrit à 1200 mètres à l'est du Ksar. Un détachement d'une trentaine de légionnaires et de goumiers sont envoyés récupérés le ravitaillement.

Des dissidents venues d'Afraskou arrivent vers 18 heures et tirent sur le bivouac depuis les crêtes Nord-Ouest

Pertes : 3 blessés, dont le Sergent-Chef Rouffy qui décédera le 15 juin, un tirailleur marocain qui décédera le 17 juin, et un canonnier sénégalais qui décédera le 19 juin[3].

14 juin[2][modifier | modifier le code]

Nuit calme malgré quelques coups de feux.

Bombardement d'Afraskou, Tassameurt et de l'ancien petit poste dans la matinée par l'aviation.

Multiples groupes de 10 à 12 dissidents venant d'Afraskou et si dirigeant vers l'est.

Vers 14 heures, le poste signale des dissidents venant de l'Est.

Nouveaux bombardements d'Afraskou, Tassameurt et des vallées plus à l'Est dans l'après-midi.

15 juin[2][modifier | modifier le code]

Nuit calme, quelques coups de feux sur les dissidents qui tentent de s'approcher du camp.

Bombardement par l'aviation d'Afraskou et ses environs, et ravitaillement en munitions.

Fusillade vers 16h20 dans Afraskou entre des dissidents.

Pertes : un artilleur et un tirailleur blessés.

Vivres : à partir du 15, plus de viande fraiche. Le poste possède pour 8 jours de viande conserve.

Etat sanitaire : 24 blessés au total le 15 juin, dont le Sergent-chef de la Légion, blessé le 13 juin, qui est dans un état grave. Le Sergent-chef Rouffy décédera dans la nuit du 15 au 16[4].

16 juin[2][modifier | modifier le code]

Coups de feux tout la journée.

La situation devient difficile. Les tirs incessants tendent les hommes, les blessés sont fréquents, le moral s'affaiblit.

Les partisans trouvent le temps long et les gens du Ksar s'impatientent, ils voudraient s'occuper de leur récolte.

Les dissidents essayent de retourner les partisans contre les goumiers.

Aucun mouvement se fait le jour, tout est fait la nuit : abreuvoir, distribution, travaux d'aménagements.

L'aviation bombarde la crête ouest à partir de 18 heures.

Pertes : Le tirailleur AHMED BEN MESSAOUD tué, un caporal et un tirailleur blessés[3],[4].

17 juin[2][modifier | modifier le code]

Nuit calme, quelques coups de feux sont signalés.

Le poste signale à 7 heures que des supposés partisans viennent de l'Est, dans le même temps 400 ou 500 dissidents sortent d'Afraskou et viennent à leur rencontre. Ils descendirent par la suite vers Tassameurt derrère la crête du "Chapeau du Gendarme" pour occuper les hauteurs entre cette crête et le poste. Ils ouvrirent le feu en direction du poste, qui répondit en retour avec les mitrailleuses.

L'aviation bombarde les alentours du poste.

Les dissidents se retirent sur Afraskou et subissent de nouveaux bombardements.

Un drapeau français est largué sur le camp par l'aviateur Soloviof.

Pertes : Deux tirailleurs, MOHAMED BEN M'HAMED et ABBES BEN LACHEMI, blessés précédemment, décèdent des suites de leurs blessures[4].

19 juin[2][modifier | modifier le code]

Vers 3h, une fusillade nourrie éclate, particulièrement vive entre le poste et le camp.

Au même moment, le Ksar est attaqué. L'attaque s'effectue maison par maison, dès que l'une d'elles est prise, elle est incendiée. Les bâtiments occupés par les goumiers sont, peu après le jour, entourés de flammes. L'adjudant Delahouillere, commandant le Goum, le Maréchal des Logis Bervillier et une grande partie des goumiers sont tués. Le Sergent Brevet, avec les quelques goumiers restants, arrivent à se dégager en se jetant de terrasse en terrasse et à gagner le camp vers 9 heures[5].

Au même moment, le capitaine Pistre est blessé, le commandement passe au capitaine Fassot du 7e RTM.

De là, le Ksar est entièrement aux mains des dissidents qui dominent le camp, aussi bien du Ksar que de la crète Ouest, et dirigent un feu nourri à l'intérieur du camp. La situation devient intenables, les hommes sont immobilisés. Seul la mitrailleuse servi par le Sergent Latus, après que son servant fut mis hors de combat, et un F.M. 24 de la 11 compagnie servie par le Sergent Mohamed s'efforcent à neutraliser les créneaux de la Kasbah.

De nombreux dissidents s'infiltrent à travers les orges et parviennent à courte distance de la murette, entre le camp et le poste. Ils sont repoussés par une section composée de tirailleurs et de légionnaires sous le commandement de l'Adjudant Solioun du 7e RTM.

Des dissidents poursuivent des partisans qui se réfugient à l'intérieur du poste : ils sont repoussés à coup de pierres par les légionnaires.

Pendant toute la matinée et la première partie de l'après-midi, les attaques se poursuivent sous la même forme : feux nourries du Ksar et de la crète Ouest, infiltrations par les orges et tentatives sur la murette.

A 16 heures, le capitaine Fasso reçoit une balle au dessus du genou. Le commandement du camp passe à l'Adjudant Solioun.

Presque aussitôt, l'ennemi se retire devant les tirailleurs du 3e RTM venu désencercler Aït-Yacoub.

Pertes 7e RTM: 1 Sergent et 6 Tirailleurs tués; 1 Officier, 4 Sous-officiers, 25 Caporaux et Tirailleurs blessés[6].

Pertes 3e RE : Les Légionnaires Jakowlew, Pervoost et Wieser sont tués[4].

Pertes 38e Goum : Les pertes du 38e Goum ne sont pas répertoriés, mais l'Adjudant Delahouillere et le Maréchal des Logis Berveiller sont tués[5]. D'après le témoignage du Sergent Weiss du 3e R.E., le 38e Goum ne lui restait qu'un sous-officier et 17 goumiers après son évacuation de la Kasbah d'Aït-Yacoub, en sachant qu'après l'embuscade de Tahiant, le 38e Goum était composé de 90 gradés et goumiers[7].

Le médecin du camp, le Médecin-Lieutenant Morvan, indique qu'il y a eu 57 blessés le 19 juin parmi les défenseurs d'Aït-Yacoub, dont 2 officiers (Pistre et Fassot), 5 sous-officiers et 50 soldats[3].

Désencerclement du poste[modifier | modifier le code]

Constitution du groupe mobile Nieger[modifier | modifier le code]

La constitution du Groupement Nieger, dirigé par le général Émile Nieger, est défini par la note 4/M du 13 juin 1929:

Etat Major :

  • Chef E.M. du groupement : Commandant Salbert
  • Officiers :
    • Capitaine Hogard
    • Lieutenant Cornet
    • Lieutenant Devaux
    • 1 Officier des Affaires Indigènes
    • 1 Officier des Transmissions

Groupement des forces de la Zaouia de Sidi Hamza :

  • Groupe aux ordres du Colonel Mathivet (Adjoint : Lieutenant-Colonel Pedelmas) :
    • Capitaine Adam :
      • Partisans stationnés à la Zaouia
      • Compagnie Saharienne du Cuir
      • 21e Goum
    • Bataillon 2/7e RTM (Gerard)
    • Bataillon 2/8e RTM (François)
    • Bataillon 3/3e RE (Tarraube)
    • 1 Section du 2e Groupe RACM (1 pièce)
    • 1 Escadron du 8e Saphis
  • Groupe de réserve :
    • Bataillon 3/14e RTA (Fricker)
    • 2e Groupe du RACM (Taulier)
    • 1 Batterie du 4e Groupe du RACM (Ardisson)
    • 3 Escadrilles
    • Convoi
    • Eléments de services

Groupes de forces de l'Alloutif :

  • Groupe aux ordres du Lieutenant-Colonel Panecorse :
    • Partisans
    • 1 Bataillon mixte :
      • 3 Compagnies du 14e RTA
      • 1 Compagnie du 3/3e RTM
      • Bataillon 1/3e RTM

Le groupe de forces de la Zouia de Sidi Hamza se concentre à la Zouia, tandis que le groupe de forces de l'Alloutif se concentre sur le camp de l'Alloutif.

Déroulement[modifier | modifier le code]

Le désencerclement du poste commence au cours de la nuit du 18 juin avec la progression des forces supplétives du Capitaine Adam au col de Tanghift, qu'elles occupent. Ces derniers couvrent le groupement qui progresse à son tour à partir de 5 heures[8].

Le groupement installe un camp à l'Ouest de Tanghift sur les pentes Est du col. Il est court à l'ouest par les forces supplétives du Capitaine Adam et par le bataillon 2/7e RTM qui s'établit sur le col même[8].

La liaison avec le groupe du Lieutenant-Colonel Panescore a été réalisé à 14 heures. Il rejoint le camp du groupe mobile après avoir laissé un détachement, composé du Chef de Bataillon Carbennay du 2/14e RTA, 2 compagnies et des partisans, afin de couvrir la gauche de la colonne le 19 juin[8].

Un incident survient dans la soirée. Un avion de liaison largue accidentellement une bombe qui tombe sur le bivouac du 3/14e RTA causant 20 victimes[8].

Après une nuit calme, le marche du Groupement Nieger reprend sur Aït Yacoub[8].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Pertes[modifier | modifier le code]

Pertes françaises[modifier | modifier le code]

D'après un document du 1er bureau de l'Etat-Major de la région de Meknes, les pertes totales subie dans l'affaire d'Aït-Yacoub s'élève à 293 hommes, dont 82 tués, 125 blessés et 86 disparus.

Grades Tués Blessés Disparus Total
Officiers 1 5 6 12
Sous-Officiers 7 15 10 32
Troupe 74 105 70 249

Pertes dissidentes[modifier | modifier le code]

D'après le rapport du Général Nieger, les pertes ennemies sont estimés à 600 tués. Le nombre de blessés n'a pas pu être déterminé.

Récupération et inhumation des corps[modifier | modifier le code]

Une mission de récupération des corps est lancé le 25 juin mené par le Lieutenant Betbeder, chef des Affaires Indigènes du secteur. Il ramènera 80 dépouilles françaises, dont deux de partisans et celles du Lieutenant Lemarchand et Hognon. Les corps du Commandant Emmanuel, du Capitaine Nury, du Lieutenant Peyron et du Lieutenant Helly avaient été ramené le 20 juin. Sur les 80 corps, 31 ont pu être identifiés, les 49 autres n'ont pu l'être en raison de leur état. Ils ont tous été inhumé dans deux cimetières situés au pied de la pente Ouest du Poste en construction. Les corps des dissidents ont été enterrés dans des fosses communes autour du poste.

Militaire[modifier | modifier le code]

Politique[9][modifier | modifier le code]

L'embuscade de Tahiant et le siège d'Aït Yacoub font la une des journaux pendant plusieurs semaines:

  • L'Est Républication
  • Le Petit Haut-Marnais
  • le Petit Troyen
  • La Dépêche Algérienne
  • la Dépêche de Constantine
  • l'Express du Midi
  • l'Indépendant des Basses- Pyrénnées
  • Le Courrier de Saône-et-Loire
  • L'Echo de Carcassonne
  • L'Ouest-Eclair
  • L'Eclair comtois
  • Le Petit Limousin
  • La Dépêche
  • etc ...


L'affaire d'Aït-Yacoub provoqua de vives tensions politiques à la Chambre sur la politique française au Maroc. 10 interpellateurs, principalement des mouvements socialistes et communistes, interpellent le Gouvernement. Les mouvements de gauche, incarné à la Chambre par Edouard Daladier, militent pour une politique française au Maroc plus souple : envoyer des médecins et ingénieurs plutôt que des militaires. Le gouvernement préfère suivre une politique par la force : plus de militaires.

Les débats mène aussi sur l'honneur du Commandant Emmanuel et de Théodore Steeg (Commissaire résident général du Maroc de 1926 à 1928). Des militaires tel que le Colonel Roucault ou le Général Freydenberg, reprient par des politiques et des journalistes, mettent sur le compte du désastre d'Aït-Yacoub le comportement du Commandant Emmanuel. Edouard Daladier défend le Commandant en disant que la position de l'avant poste d'Aït-Yacoub était une erreur stratégique du haut commandement.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Fond Nieger - SHD Vincennes
  2. a b c d e f g h i et j Rapport du Capitaine Pistre du 8 au 19 juin 1929
  3. a b c d et e Rapport du Médecin-Lieutenant Morvan 8 au 19 juin 1929
  4. a b c et d « Mémoires des Hommes »
  5. a et b JMO du 38e Goum sur la période du 8 au 19 juin 1929 écrit par le Sergent Brevet
  6. JMO du 3e Bataillon du 7e RTM du 8 au 19 juin 1929
  7. Témoignage du Sergent Weiss de la 6e compagnie du 3e RE réalisé le 8 juillet 1929 à Meknes.
  8. a b c d et e Compte-rendu du Général Nieger sur le déroulement de l'opération.
  9. « Le Petit Hauts-Marnais - 27 juin 1929 »