Si je vous aime ? Ô Dieux ! mes serments, mes parjures,
Ma fuite, mon retour, mes respects, mes injures,
Mon désespoir, mes yeux de pleurs toujours noyés,
Quels témoins croirez-vous, si vous ne les croyez ?
Vengez-moi, je crois tout.
Mettons encore un coup toute la Grèce en flamme ;
Prenons, en signalant mon bras et votre nom,
Vous, la place d’Hélène, et moi, d’Agamemnon.
De Troie en ce pays réveillons les misères ;
Et qu’on parle de nous, ainsi que de nos pères.
Partons, je suis tout prêt.
Je ne veux pas si loin porter de tels affronts.
Quoi ? de mes ennemis couronnant l’insolence,
J’irois attendre ailleurs une lente vengeance ?
Et je m’en remettrois au destin des combats,
Qui peut-être à la fin ne me vengeroit pas ?
Je veux qu’à mon départ toute l’Épire pleure.
Mais si vous me vengez, vengez-moi dans une heure,
Tous vos retardements sont pour moi des refus,
Courez au temple. Il faut immoler…
Qui ?
Pyrrhus.
Pyrrhus, Madame ?
Hé quoi ? votre haine chancelle ?