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Pourquoi « la naissance des divinités au néolithique est liée à la domestication des plantes au Proche-Orient »

La domestication des plantes au fondement de l’agriculture aurait conduit à la naissance des divinités religieuses il y a plusieurs milliers d’années au Proche-Orient, soutient le spécialiste de cette aire, Nissim Amzallag, dans un essai croisant botanique et archéologie.

Propos recueillis par 

Publié le 07 avril 2024 à 18h30

Temps de Lecture 6 min.

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La chercheuse Amaia Arranz-Otaegui recevant des échantillons de céréales d’Ali Shakaiteer, assistant recherche, sur le site de Shubayqa one, en Jordanie, où ont été découverts des restes d’un pain cuit par des chasseurs-cueilleurs il y a 14 400 ans, la plus ancienne trace de pain trouvée à ce jour. Université de Copenhague. Non daté.

Nissim Amzallag est un chercheur créatif. Peut-être en raison d’un parcours académique étonnant, qui a d’abord conduit ce normalien à se spécialiser en biologie végétale après un doctorat de botanique, avant de se diriger vers l’histoire du Proche-Orient ancien.

Docteur en études bibliques, ce chercheur associé à l’université israélienne Ben-Gourion du Néguev déroutait déjà avec son précédent ouvrage, La Forge de Dieu (Cerf, 2020), dans lequel il émettait l’hypothèse que les Israélites n’avaient pas « inventé » Yahvé, dieu originel des monothéismes, mais repris une divinité secrète née dans un milieu de forgerons du peuple qénite.

Avec son dernier ouvrage Les Graines de l’au-delà. Domestiquer les plantes au Proche-Orient (Ed. de la Maison des sciences de l’homme, 2023), Nissim Amzallag croise ses deux spécialités, botanique et archéologie, pour proposer une nouvelle thèse originale sur la genèse des religions, en reliant domestication des plantes et naissance des divinités.

En quoi la domestication peut-elle être identifiée comme un pivot de l’histoire humaine ?

Nissim Amzallag : La domestication est généralement approchée comme l’événement crucial dans l’appropriation du monde. Au sens strict, elle désigne une transformation des plantes les rendant incapables de se perpétuer sans l’intervention de l’humain (irrigation, désherbage, etc.), ce qui diffère de la simple mise en culture.

On identifie aujourd’hui environ quatorze foyers de domestication primaire à travers le monde (Proche-Orient, Chine, Amazonie, Afrique de l’Ouest…) dans lesquels une pareille transformation s’est produite il y a plusieurs milliers d’années. Il est indéniable que les plantes domestiques ont contribué à agencer le monde en fonction des besoins propres de l’homme.

Cependant, le lien généralement admis entre la domestication de l’environnement et son appropriation me semble problématique à deux titres. D’abord, penser la domestication de façon uniforme revient à agréger des événements très différents, et aux conséquences très diverses. Par exemple, la domestication des plantes en Nouvelle-Guinée n’a pas conduit à une rupture franche avec le monde sauvage, ni même à son ravalement au rang de ressource.

Ensuite, le lien en question suppose une intentionnalité derrière le phénomène de domestication, une volonté d’appropriation à la base de la transformation des plantes. Or, la domestication est un processus très mystérieux, dont rien ne permet d’affirmer d’emblée qu’il a été désiré avant de porter ses premiers fruits.

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