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« Avec une approche plus nuancée du voile islamique, la société française gagnerait en sérénité »

Le sociologue Daniel Verba appelle, dans une tribune au « Monde », à prendre en compte la diversité des motivations qui poussent des Françaises à porter le voile.

Publié le 27 mai 2024 à 06h00 Temps de Lecture 4 min.

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Voilà plus de quarante ans que le port du voile fracture la société française et donne lieu à de spectaculaires controverses. La dernière en date concerne la décision de la ministre de l’éducation nationale, Nicole Belloubet, de démettre de ses fonctions le sociologue Alain Policar, membre du Conseil des sages de la laïcité, dont la nomination par Pap Ndiaye avait déjà fait polémique.

Si notre ministre de l’éducation rencontrait plus souvent des femmes qui portent un voile ou consultait les travaux des sociologues et anthropologues du fait religieux, elle aurait pu revoir sa position. Elle aurait pu ainsi éviter une décision liberticide et considérer qu’Alain Policar, en évoquant les faces trop souvent cachées du voile islamique et sa dimension « émancipatrice » (lors d’une interview à Radio France internationale début avril), était loin d’exprimer un point de vue hérétique…

Si le port du voile est considéré en France comme un signe régressif de la domination des hommes sur les femmes et d’un affaiblissement de leurs droits, il fut, en d’autres temps et en d’autres circonstances, l’expression d’un défi à l’ordre colonial, et par conséquent une marque d’émancipation. Par ailleurs, si une fraction de femmes musulmanes se bat en France pour imposer le voile dans l’espace public, d’autres, en Iran ou dans certains pays arabo-musulmans, luttent pour n’avoir plus l’obligation de le porter. Ainsi, le même rituel ou le même signe religieux peut, dans certains contextes, marquer l’oppression ou l’émancipation, l’ordre établi ou la révolution, le conservatisme ou la rébellion.

On observe sur certains territoires français un engouement significatif des jeunes filles d’origine maghrébine ou subsaharienne pour le port du voile sous diverses formes, qui va du foulard le plus seyant encadrant un visage soigneusement maquillé au hidjab plus traditionnel, et jusqu’au niqab saoudien beaucoup plus austère, qui couvre l’intégralité du corps. « Il n’y a pas un, mais “des” voiles », écrivait, en 2019, l’économiste Virginie Silhouette-Dercourt, dans une tribune au Monde. D’où l’expression « voile décapotable » que certains éducateurs mobilisent pour décrire la labilité de ces comportements.

Exploration empirique

Ces rituels vestimentaires sont, le plus souvent, le produit d’un choix personnel et non l’imposition d’une contrainte extérieure (voir, par exemple, Faits religieux et laïcité : le travail social à l’épreuve. Repères pour une pratique professionnelle, de Faïza Guélamine [ESF Editeur, 2020], et Anthropologie des faits religieux dans le champ de l’intervention sociale, de Daniel Verba [IES Editions, 2019]). Si l’on ne peut ignorer, dans certains cas, une forme de pression sociale qui s’exerce avec la complicité des jeunes filles, lorsque celles-ci avouent avoir gagné en quiétude et en respectabilité depuis qu’elles se sont couvert les cheveux, cela ne nous autorise pas à les enfermer dans des pratiques de soumission.

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