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Michel Franco, réalisateur de « Memory » : « Ma plus grande crainte est de perdre la mémoire »

Dans un entretien au « Monde », le cinéaste mexicain revient sur la genèse de son film, qui décrit, avec délicatesse, la reconquête d’un passé traumatique, sur fond de violences sexuelles.

Propos recueillis par 

Publié le 02 juin 2024 à 09h00

Temps de Lecture 3 min.

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Michel Franco, lors d’une projection de son film « Memory », à Hollywood (Californie), le 5 décembre 2023.

Le huitième film de Michel Franco, Memory, avec Jessica Chastain et Peter Sarsgaard (récompensé par le Prix d’interprétation à la Mostra de Venise), revisite, à la lumière du mouvement #metoo, le thème des violences sexuelles qui a irrigué ses deux premiers longs-métrages (Daniel & Ana, 2009, et Después de Lucia, 2012). Il est de nouveau question d’abus, de traumas, de silences forcés, mais la douceur qui émane de la rencontre entre Sylvia, une assistante sociale, et Saul, un ancien élève de son lycée, atteint d’une sorte d’Alzheimer précoce, contribue à faire de ce film très ancré dans son époque une petite merveille qui n’a rien à voir avec le jeu de massacre qu’on voit si souvent. Le cinéaste revient sur la genèse de ce film, qui décrit avec délicatesse la reconquête d’une mémoire traumatique à travers une histoire d’amour hors norme.

Le point de départ de votre film est âpre avant qu’il ne prenne la forme d’une caresse. Qu’est-ce qui vous a conduit à emprunter cette voie plus lumineuse ?

Quand j’écris un scénario, je cherche l’histoire, mais je ne sais pas exactement comment je vais la raconter. J’ai commencé par imaginer la scène où Sylvia et Saul se rencontrent lors d’une réunion d’anciens élèves. Je savais d’emblée que c’étaient des gens brisés. Puis j’ai vite compris que j’étais en train d’écrire un film sur des personnes d’âge mûr qui ont la chance de vivre l’amour à un moment tardif de leur vie, ce qui est plus rare. J’ai accepté cette idée, à condition que ce soit cinématographique. C’est pourquoi on ne comprend pas pourquoi il la suit… Si j’avais voulu faire un film doux sur un sujet sombre, cela aurait certainement sonné faux.

Sylvia s’est fait violer adolescente. Trente ans plus tard, elle vit avec ce traumatisme, surprotège sa fille adolescente, veut faire savoir ce qui lui est arrivé… Qu’est-ce qui vous a donné envie de créer ce personnage qui fait écho au mouvement #metoo ?

#metoo m’a peut-être influencé d’une manière ou d’une autre, mais cela a plus à voir avec mon deuxième film, Después de Lucia, en 2012 : l’histoire d’une jeune fille filmée à son insu par son petit copain pendant une relation sexuelle. Elle est incapable de s’exprimer et n’est protégée ni à l’école ni à la maison. J’ai toujours été intéressé par les personnages principaux féminins. Même mon film Chronic [2015] avait d’abord été écrit pour une femme avant que Tim Roth ne suggère qu’on travaille ensemble. Je m’intéresse davantage aux femmes parce que, socialement, elles ont beaucoup plus de défis à relever. Cela a toujours été comme ça depuis que j’ai 20 ans, en voyant les films de mes cinéastes préférés, Luis Buñuel, Ingmar Bergman et même Lars von Trier et Michael Haneke.

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