(Go: >> BACK << -|- >> HOME <<)

accueil studio films mangas medias fans bonus forum
Introduction Histoire Personnages Analyse Création du film Fiche technique

La production du Château dans le ciel

   

Après le succès de Nausicaä de la vallée du vent, Miyazaki et Takahata fondent leurs propres département de production et studio. Pourtant Tenku no Shiro no Laputa n'est pas la première production Ghibli, Tokuma ayant assuré le financement de la première création du studio. Mais le film a toujours été considéré comme le premier film issu du Studio Ghibli.

Origines du projet

Le projet de Laputa trouve sa source dans l'enfance même de Miyazaki. En effet, lorsqu'il était adolescent en cinquième et quatrième, il adorait les comic books, et plus particulièrement Sabaku no Maho (La Magie du désert) de Tetsuji Fukushima. Un des épisodes évoque un bijou qui donne le pouvoir de voler. Miyazaki est tellement marqué par cette histoire qu'il décidera plus tard d'en faire un film.

Une autre influence majeure, elle aussi liée à l'enfance du réalisateur, se fait alors jour dans le projet et oriente légèrement le projet vers une autre voie. Il s'agit du souvenir de la lecture des Voyages de Gulliver, œuvre de Jonathan Swift. Miyazaki avoue n'avoir jamais lu en entier l'ouvrage, mais se souvient avoir parcouru l'adaptation courte pour les enfants, et notamment le passage se déroulant à Lilliput, le pays aux habitants minuscules. Lycéen, il découvre un autre voyage de Gulliver, il s'agit d'une histoire d'île qui vole dans le ciel. Ce souvenir, il le raconte dans son livre Shuppatsuten : « le motif pour Laputa [...] est l'île flottant dans le ciel dans la troisième partie des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift ». Quand il commence à écrire le scénario du film, il ne se souvient plus cependant du nom exacte de cette île. C'est la femme du réalisateur qui se plonge alors dans une encyclopédie et retrouve le nom de Laputa, ne se doutant pas de la connotation péjorative de ce nom en Europe !

Enfin, au milieu des années 70, alors que Miyazaki travaille en freelance pour plusieurs studios mais qu'il ne possède pas la notoriété suffisante pour imposer ses projets, il tombe dans les bureaux de la Toho sur le scénario d'une série nommée : Around the World in 80 Days by Sea. Le récit décrivait alors une forteresse cachée et racontait l'histoire de deux jeunes orphelins fuyant une force maléfique lancée à leur poursuite. Miyazaki avait déjà à l'époque pensé transposer à l'écran le livre de Jonathan Swift. Il pensa qu'il s'agissait du canevas idéal pour y broder ses idées. Finalement, ce projet de série T.V. ne verra jamais le jour tel quel pour des raisons juridiques. Mais ses bases engendreront trois œuvres maîtresses de l'animation japonaise en recyclant plusieurs éléments du scénario : le film de Miyazaki mais aussi sa série Conan, le Fils du Futur et la célèbre série T.V. Nadia, le Secret de l'Eau Bleue.


Conan, le fils du futur / Nadia et le secret de l'eau bleu

Au final, inspiré par de nombreuses sagas épiques, le scénario original du réalisateur offre une rétro-fiction originale, une alternative au futur de Swift et à notre passé en postulant un monde industriel entre la fin du 19ème et le début du 20ème, loin du niveau de technologie des îles volantes. Selon ses propres termes, Laputa a été écrit comme un "roman de science-fiction écrit à la fin du 19ème siècle."

Dans cette perspective, Takahata, alors producteur du film, encourage l'équipe à se rendre en Grande Bretagne, afin de mieux saisir ce que fut le Première Révolution Industrielle. L'équipe se rend donc dans la vallée de Rhondda, dans le Sud du Pays de Galles. Au cours de ce voyage, il apprend que l'endroit a subi un énorme mouvement de grève l'année précédente. La découverte de cette communauté de mineurs en voie de disparition et les paysages de la région le touchent. La compassion (il est lui-même un ancien et ardant syndicaliste) qu'éprouve Miyazaki pour la vie de ces travailleurs ordinaires trouve écho dans le film avec le sympathique portrait d'une communauté de mineurs et dans la scène des villageois se battant avec les pirates pour aider les deux jeunes héros. On peut aussi apercevoir une affiche socialiste dans la maison du patron de Pazu. Dans une interview de 1999, Miyazaki s'explique :

« J'ai été au Pays de Galles au moment d'une grève des mineurs. J'étais très admiratif de la façon dont leurs syndicats se sont battus jusqu'au bout pour protéger leur travail, et j'ai voulu refléter la force de ces communautés dans mon film. J'ai vu tant de place avec des machineries abandonnées, des mines abandonnées -les usines étaient là mais sans travailleur. Cela m'a fait forte impression [...] J'ai pensé "quel dommage que cette industrie soit morte...". Mais d'un autre coté, on ne pouvait rien n'y faire.»

Il semble également que Le Château dans le Ciel contienne des résonances des luttes des gallois pour leur nationalité et leur liberté, prenant racine dans la culture celte. Miyazaki a un ami qui lui a présenté un livre de photos à utiliser en référence. Le livre s'appelle Le Pays de nos Pères (de Kurihara Tatsuo et autres). Un chapitre, qui parle de l'enfance d'un grand père au Pays de Galles et de sa fierté d'être gallois, a fait une forte impression à Miyazaki.

« Bien que le sang de différentes races coulent dans les veines des gallois, ils sont avant tout celtes. Les celtes ont été vaincu par l'empire romain comme des barbares, et ont été continuellement vaincu par la suite... Ma colère à l'encontre des superpuissances militaires vient de la lecture de livres tels que Les Guerres Galliques de Caesar, de Spartacus de Howard Furst, ou encore de La Marque du Seigneur Cheval de Sutcliffe. Je suis allé au Pays de Galles dans un camp de scouts, et là, j'ai fait du personnage principal du film un jeune mineur juste avant que la mine ne ferme. Bien que le film soit terminé, mon intérêt pour les celtes continue de me tirailler. »

Des informations sont tirées du dossier de presse GBVI
et de Hayao Miyazaki, Master of japanese animation d’Helen McCarthy

   

© Buta Connection