Comprendre la performance et le déclin.
Si l’industrie française a globalement perdu des emplois au cours de la dernière décennie, certains territoires ont connu un développement industriel florissant. Partout en France l’on trouve des territoires qui déjouent les conjonctures régionales et créent nettement plus d’emplois – ou en perdent davantage – que leurs voisins. Comment expliquer cette diversité ?
Cette Note examine de manière empirique les ressorts de la performance de nos territoires, en particulier des plus industriels d’entre eux, sur la période d’après-crise allant de 2009 à 2015.
Elle montre qu’il n’y a pas de fatalité sectorielle et que les conditions locales ont une influence prépondérante sur l’évolution de l’emploi.
Cet ouvrage s’adresse aux décideurs publics, dirigeants d’entreprises, chercheurs et étudiants, désireux de comprendre les déterminants de la performance économique des territoires.
Il y a des territoires industriels qui s’appuient sur leurs réseaux d’entrepreneurs pour se redynamiser. Il y a ceux qui privilégient la réhabilitation du foncier. D’autres encore parient sur la transition écologique et l’intégration des citoyens dans leur gouvernance. Autant de pratiques, non exclusives les unes des autres, qui peuvent se combiner selon les territoires pour parvenir à créer à nouveau des emplois industriels.
Dans cette Note, les élus, les industriels, les chefs de projet et les autres parties prenantes au dispositif « Territoires d’industrie » nous apportent leur éclairage sur les ressources à valoriser au niveau local. Ils partagent surtout leur expérience et leur désir de redonner une identité industrielle à leur territoire.
Offrant une grille de lecture à moduler selon les spécificités locales, cette Note s’adresse aux décideurs publics, collectivités locales, dirigeants d’entreprise, chercheurs et citoyens s’intéressant à la revitalisation des territoires.
Un des objectifs que s’est donné l’observatoire des Territoires d’industrie est de documenter les conditions locales qui mènent certains territoires français à se distinguer des autres en matière d’emploi industriel. Ces conditions ne pouvant être appréhendées uniquement à partir de données chiffrées, une analyse qualitative s’impose. Toutefois, une telle analyse suppose d’être en mesure d’identifier les territoires sur lesquels ces effets sont à l’œuvre.
Ce document de travail met en évidence les territoires qui représentent les terrains d’étude à analyser en priorité. Ce sont 14 zones d’emplois qui ont une spécificité industrielle forte, une croissance de l’emploi qui s’écarte de la moyenne et la présence d’effets locaux historiques et récents. Elles correspondent à 10 Territoires d’industrie qui ont déjà signé leur protocole d’accord en avril 2020.
La pandémie de Covid-19 a remis au coeur des débats les questions de souveraineté, de dépendance étrangère pour se procurer des produits stratégiques et de relocalisation de la production de ces biens sur le territoire – questions liées par ailleurs avec l’atteinte de la neutralité carbone.
Dans sa déclaration du 31 mars 2020, le président de la République affirmait : « Le jour d’après ne ressemblera pas aux jours d’avant. Nous devons rebâtir notre souveraineté nationale et européenne. […] Il nous faut retrouver la force morale et la volonté pour produire davantage en France et retrouver cette indépendance ».
En réponse à cette injonction, le Gouvernement a annoncé fin août une stratégie visant notamment à encourager les relocalisations. Or, dans les débats ayant entouré l’affirmation de cette stratégie publique, on a entendu les termes de souveraineté, réindustrialisation, relocalisation comme s’ils étaient interchangeables. De quoi parle-t-on ? Signifient-ils la même chose ?
L’idée semble s’être installée que la production de biens et de services dégage trop peu de valeur et n’a plus d’intérêt économique, pour les entreprises comme pour les territoires, que ce soit au nom de l’économie de la connaissance ou symétriquement de l’économie de la fonctionnalité. Selon la première, les entreprises devraient se spécialiser dans les étapes de conception et de R&D ; selon la seconde, elles devraient surtout accompagner leurs produits de services ingénieux créant la différence avec la concurrence. Il y a une part de vrai dans ces deux axiomes, même s’ils semblent partir dans des directions opposées. Toutefois, l’erreur serait de croire que la « prod’ » est devenue un acte banal, sur lequel les pays low cost nous auront tôt ou tard imposé leur concurrence par les prix. Ainsi, nous avons tous en tête cette smiling curve mythique expliquant aux milieux d’affaires où se situent les « vrais » gisements de valeur. En revenant sur cette courbe du sourire, sur ce qu’elle dit et ne dit pas, nous rappelons dans cette synthèse le poids déterminant qu’occupe en réalité l’étape de production dans la création de valeur, aussi bien en France que dans les autres pays développés.
141 Territoires d’industrie bénéficient d’un engagement spécifique de l’État et des collectivités territoriales pour les aider à recruter, innover, attirer et simplifier, afin de favoriser le développement de leur tissu industriel. Ce nouvel instrument de politique publique soulève des questions de recherche intéressant différentes disciplines (économie, sciences politiques, gestion, géographie, urbanisme et aménagement du territoire).
La Banque des Territoires et l’Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts, le Commissariat général à l’égalité des territoires, Mines ParisTech, La Fabrique de l’industrie, l’Association des Communautés de France, Régions de France, des chercheurs des universités de Poitiers et de Paris Nanterre s’associent pour étudier la mise en place de ces Territoires d’industrie, confronter les expériences et documenter des pratiques et initiatives intéressantes.
À l’occasion du lancement de son cycle de séminaires le 5 juillet 2019 à Mines ParisTech, l’observatoire des Territoires d’industrie a eu le plaisir d’accueillir M. Olivier Lluansi, délégué aux Territoires d’industrie. Ce dernier a présenté la genèse du projet, l’état d’avancement du programme et les actions des territoires plus avancés dans la mise en œuvre de ce nouveau dispositif.
Compte-rendu de la séance du mercredi 7 octobre 2020 du séminaire de l’observatoire des Territoires d’industrie.
Intervenants : Guillaume Basset, Territoires d’industrie / Fabrice Bonnifet, Bouygues et C3D / François Bost, université de Reims Champagne-Ardenne / Elizabeth Ducottet, Thuasne / Gioacchino Garofoli, université de l’Insubrie.
Le onzième séminaire de l’observatoire des Territoires d’industrie sur “le renouveau productif des territoires” a été organisé en partenariat avec la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale, dans le cadre du cycle intitulé “Renaissance industrielle”.
Cette table ronde nous invite à la redécouverte des systèmes productifs territoriaux. Des districts industriels italiens aux Territoires d’industrie, elle met en évidence les changements observés en matière d’emploi et de gouvernance locale, etc. vise à chercher les nouvelles modalités d’action des territoires.
A l'occasion du lancement de son cycle de séminaires le 5 juillet 2019 à Mines ParisTech, l’observatoire des Territoires d’industrie a eu le plaisir d’accueillir M. Olivier Lluansi, délégué aux Territoires d’industrie. Cette première séance a eu pour thème “Reconstruire l’industrie dans les territoires”.
À la recherche de la résilience industrielle - Les pouvoirs publics face à la...La Fabrique de l'industrie
Inédite par sa nature et son ampleur, la crise économique déclenchée par la pandémie de Covid-19 a eu un impact considérable sur le secteur industriel. Confrontés à des ruptures d’approvisionnement en provenance de la Chine, certains secteurs étaient en situation de quasi-rupture d’offre dès le début du mois de mars 2020. Les mesures sanitaires, décrétées le 17 mars 2020, auront définitivement mis à l’arrêt de nombreux industriels français déjà fragilisés par un double choc négatif d’offre et de demande.
Cet ouvrage décortique les différentes politiques publiques mises en œuvre pour limiter les dommages de la crise sur l’économie en général et l’industrie en particulier. Il montre ainsi comment la crise a révélé une nouvelle fois l’importance stratégique de l’action publique et donné un nouveau souffle à l’idée de politique industrielle.
La présente Note met également en lumière le fait que la France et ses partenaires européens ont su tirer des enseignements de la crise précédente. Elle est organisée en trois chapitres.
1 - Deux impératifs en temps de crise : sauver ce qui peut l’être et préparer l’avenir
Après avoir décrit l’impact de la pandémie de Covid-19 sur l’économie, le premier chapitre analyse la politique mise en œuvre par le gouvernement. Une politique qui répond à deux temps bien distincts : d’abord éteindre l’incendie en instaurant des mesures d’urgence, ensuite préparer l’avenir à travers un plan de relance adapté.
2 - Tirer parti des outils de flexibilité
Le deuxième chapitre s’intéresse plus particulièrement aux outils de flexibilité interne que les entreprises peuvent mobiliser en cas de choc transitoire, parmi lesquels le chômage partiel et les accords de performance collective. C’est de cette palette d’outils, mis à la disposition des entreprises, que dépendra notamment la capacité de notre industrie à rebondir.
3 - La politique industrielle, comme réponse à la crise ?
Enfin, le troisième chapitre montre comment la crise actuelle a provoqué, en France, un regain d’intérêt pour la politique industrielle, à travers le déploiement de mesures structurelles de soutien au secteur.
Ce travail s’adresse aux responsables industriels, décideurs publics, chercheurs et étudiants désireux de mieux cerner les enjeux et les objectifs des politiques publiques mises en œuvre en temps de crise.
À la recherche de l’immatériel : comprendre l’investissement de l’industrie f...La Fabrique de l'industrie
À l’heure de l’industrie dite "4.0", l’investissement dans les logiciels et bases de données contribue à la numérisation de la production industrielle et à la compétitivité des entreprises. Selon les statistiques internationales, le taux d’investissement dans les logiciels des industriels français est bien plus élevé que celui de leurs homologues européens, depuis longtemps et pour tous les secteurs manufacturiers. Pourtant, leurs performances économiques ne les distinguent pas particulièrement de celles de leurs partenaires.
Cette Note élaborée par La Fabrique de l’industrie et l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) examine les raisons de cet écart. Cette différence apparente provient en réalité, pour une grande partie, de pratiques de comptabilisation différentes entre les offices statistiques nationaux. Il existe tout de même un supplément réel d’investissement en France, mais il est réparti de manière très inégale entre les entreprises et les secteurs, ce qui pourrait expliquer son rendement décevant.
Cette Note s’adresse aux dirigeants d’entreprises, décideurs publics, chercheurs et étudiants souhaitant comprendre les ressorts de l’investissement immatériel privé.
Compte-rendu de la séance du 25 septembre 2019 du séminaire de l’observatoire des Territoires d’industrie.
Intervenants : Romuald GICQUEL, directeur du site Alstom de Belfort et Didier KLEIN, Maire de Taillecourt, vice-président du Pays de Montbéliard Agglomération.
Avec plus de 30 000 emplois industriels, le territoire Nord Franche-Comté est le Pôle métropolitain comptant la plus forte part d’emplois industriels. Frappé par des crises successives, le territoire a fait preuve d’étonnantes capacités de résilience et d’innovation.
Ces atouts, la présence de filières d’excellence tournées vers l’avenir (automobile, ferroviaire, énergie, numérique, etc.), et les actions mises en place notamment dans le cadre du dispositif “Territoires d’industrie”, créent les conditions d’une transition réussie vers l’industrie du futur.
Le territoire devra relever plusieurs défis, dont celui du recrutement : malgré une offre locale de formation de qualité, les industriels peinent à attirer, voire à retenir la main-d’œuvre dont ils ont besoin.
Coût des consommations intermédiaires : l’industrie française reprend pied fa...La Fabrique de l'industrie
Le coût des consommations intermédiaires en France, en particulier celui des services, a été pointé à juste titre comme une explication importante de la dégradation de la compétitivité de l’industrie vis-à-vis de l’Allemagne dans les années 2000. L’amélioration de cette compétitivité depuis 2012 nous invite à reconsidérer nos certitudes en la matière.
Les consommations intermédiaires en services représentent une part toujours plus importante de la valeur ajoutée de la production manufacturière française. Toutefois, l’évolution récente des coûts du travail dans les services, en particulier dans les services abrités, a joué en faveur de la France : durant les années 2010, ils ont connu une augmentation plus rapide en Allemagne, réduisant ainsi l’écart observé durant la décennie précédente.
L’industrie française a donc rétabli une part de sa compétitivité-coût vis-à-vis de l’Allemagne, sans que l’on n’observe une variation de ses niveaux de prix à l’export, ce qui est cohérent avec le rétablissement de ses marges entre 2010 et 2015. De quoi faciliter le renforcement de l’offre et la montée en gamme de l’industrie française, si cette tendance se poursuit et qu’elle n’est pas freinée par la crise liée à la pandémie de Covid-19.
En 2016- 2017, la Fondation Jean Jaurès, la Fondation Friedrich-Ebert et La Fabrique ont organisé une mise en commun de la réflexion entre Français et Allemands sur ces questions. Trois séminaires ont réuni représentants des pouvoirs publics, industriels, syndicalistes et experts. Une Note commune, qui paraît ce mois, rend compte de ces travaux. Cette synthèse s’inspire en partie de ces séminaires et s’enrichit de nos travaux antérieurs.
Etude - L'investissement étranger , moteur de la réindustrialisation au Royau...La Fabrique de l'industrie
À l’heure où la France s’interroge sur les rachats étrangers d’entreprises, cette note analyse la politique de promotion d’investissements directs étrangers (IDE) du Royaume-Uni mise en place afin d’enrayer sa désindustrialisation. Quels sont les effets sur son économie ? Quels enseignements pouvons-nous en tirer ?
Les mesures prises par l’administration Trump ont fait resurgir la crainte d’une "guerre commerciale" entre grands blocs mondiaux, alors que le commerce international joue un rôle essentiel dans la croissance économique et la création d’emplois.
Dès lors, États et entreprises s’interrogent sur les risques associés à une montée du protectionnisme. Quels en seraient les impacts et comment pourrait-on y faire face ? À quel point les entreprises françaises sont-elles exposées au risque protectionniste ?
Cette Note élaborée par La Fabrique de l’industrie examine de manière précise comment les entreprises françaises et européennes sont insérées dans les chaînes de valeur mondiales et comment ces dernières se sont modifiées durant les dix dernières années.
À cet égard, elle permet de comprendre les forces et faiblesses de la stratégie européenne face à la concurrence internationale et à la montée des tensions commerciales.
Cette Note s’adresse aux dirigeants d’entreprises, décideurs publics, chercheurs et étudiants s’intéressant aux problématiques du commerce international et à l’évolution des chaînes de valeur mondiales.
Parfois trop vite réduit à un espace mal défini entre Strasbourg et Mulhouse, un simple entre-deux, le Territoire d’industrie Alsace Centrale se distingue pourtant à plusieurs titres. Innovant et fortement tourné vers l’international, il offre à ses entreprises un positionnement géographique au carrefour de l’Europe, des infrastructures de transport et numériques de qualité et des outils de production modernes. Flânez le long d’un axe Molsheim-Obernai, Colmar et Sélestat et vous découvrirez un tissu d’industries variées et d’entreprises familiales.
Ce Territoire d’industrie puise sa force dans son histoire et dans sa proximité culturelle et économique avec l’Allemagne. En outre, depuis les années 2000, a émergé une culture du dialogue entre les acteurs publics et privés, qui participe à la construction de l’identité du territoire et à sa résilience face aux crises. L’ancrage à long terme des entreprises en garantit la pérennité : quand on s’installe en Alsace Centrale, on ne la quitte plus !
Cet ouvrage s’adresse aux décideurs publics, aux collectivités locales et aux dirigeants d’entreprises qui réfléchissent aux moyens de stimuler le développement industriel de leur territoire, ainsi qu’à tous ceux qui s’intéressent à la diversité des territoires industriels français.
En 2012, la pépite de renommée mondiale Aldebaran, portant les espoirs de la robotique française, est absorbée par le japonais Softbank. En 2017, tandis que la France voit naître son premier réseau social tricolore avec Zenly, la jeune pousse est soudainement rachetée par l’américain Snapchat. Et l’histoire se répète encore et encore. À croire que tous ces investissements dans les start-up françaises ne servent qu’à consolider les positions d’acteurs étrangers, qui se nourrissent de nos technologies et de nos talents.
Faut-il pourtant déplorer ces rachats ? Il existe aussi une vision positive énonçant que ces mariages stimulent le développement de la jeune pousse et de l’économie française. Faute de preuves, le débat en est longtemps resté là. Mais cet ouvrage apporte enfin des éléments pour y voir plus clair.
Analysant les causes et les retombées du rachat des pépites françaises par des acteurs étrangers, et fondé sur une série d’entretiens, il met à l’épreuve plusieurs idées reçues. Non, nos start-up ne sont pas systématiquement pillées et délocalisées. Non, leurs dirigeants ne fuient pas à l’étranger. Non, les startupers ne manquent pas de patriotisme économique. Mieux : les rachats de nos start-up par des acteurs étrangers participent d’une dynamique bénéfique et nécessaire à tous les niveaux.
Cette publication offre un regard longtemps attendu sur cet écosystème, d’une grande utilité pour les décideurs publics, les dirigeants d’entreprises et l’ensemble des citoyens.
L’objectif gouvernemental de faire de la France une « start-up nation » a plusieurs desseins. D’abord, faire naître les grandes entreprises de demain qui créeront de l’emploi et de l’activité économique. Ensuite, s’assurer souveraineté et légitimité technologiques à long terme. Enfin, véhiculer à l’étranger l’image d’un pays dynamique et innovant et modifier la perception qu’ont d’eux-mêmes les Français sur le terrain économique.
Notamment, la faculté des start-up françaises à irriguer tous les secteurs d’activité est régulièrement mise en doute. Les services à la consommation ou à la personne ne sont pourtant pas les seuls à produire des start-up : l’industrie est également un terrain très fertile pour ces jeunes pousses.
Autres idées reçues tenaces : seuls les investisseurs étrangers rachètent des start-up et, lorsque ces acquisitions concernent nos jeunes entreprises, ce sont des pertes sèches pour la France. En réalité, les flux de rachats entrants et sortants sont au contraire très équilibrés et les acquisitions de start-up françaises par des étrangers alimentent un cercle vertueux pour l’économie nationale et son « écosystème start-up ».
Dès la fin 2019, la pandémie de Covid frappe dramatiquement les populations et paralyse des pans entiers de l’économie. Les confinements et fermetures des frontières occasionnent des ruptures d’approvisionnement en cascade, mettant à l’arrêt de nombreuses activités et soulevant de vives préoccupations sur le plan sanitaire. Par exemple, les consommateurs français ont été très frappés par les pénuries de produits essentiels comme les respirateurs ou certaines molécules pharmaceutiques. Et les entreprises industrielles ont, elles aussi, connu de vives tensions sur certains marchés, comme sur celui des semi-conducteurs.
Jusqu’alors perçue comme un risque ponctuel et circonscrit, la rupture des approvisionnements stratégiques occupe à présent le devant de la scène médiatique et politique. Réapparaît en même temps le concept de souveraineté économique, édulcoré en autonomie stratégique ouverte sur les marchés les plus libéraux.
Sécuriser nos approvisionnements suppose de s’attaquer à une question centrale : qu’est-ce qui est stratégique et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Or, cette question est loin d’être tranchée.
Quelle stratégie un État peut-il mener pour sécuriser « ses » approvisionnements ? Quel est le rôle de chaque acteur dans sa mise en oeuvre ? S’appuyant sur neuf mois d’enquête et une centaine d’entretiens, cet ouvrage analyse les difficultés d’une telle stratégie et fournit des clés pour les lever. Il propose notamment une méthode d’analyse des vulnérabilités des approvisionnements, ouvrant la voie à une coopération renforcée entre l’État et les entreprises.
En plus d’éclairer les citoyens sur la question essentielle de la souveraineté économique, cet ouvrage offre des pistes de réflexion et d’action d’une grande utilité pour les décideurs publics et les chefs d’entreprise.
Cet ouvrage renouvelle notre compréhension du développement (ou du déclin) de l’industrie dans les territoires. Fruit des rencontres de l’observatoire des Territoires d’industrie, il ne prétend pas apporter la recette du succès, mais appréhende au contraire la diversité des situations. Les ressources héritées de l’histoire peuvent constituer des opportunités pour un territoire mais également l’enfermer dans une trajectoire de déclin. Dès lors, c’est aux acteurs locaux (collectivités, industriels, opérateurs économiques, société civile…) de se mobiliser pour renouveler ces ressources et activer des synergies latentes.
Cet ouvrage documente diverses initiatives ayant revitalisé des tissus industriels, en agissant sur la formation, l’attraction des talents, la stimulation de l’innovation, l’offre de foncier ou encore la mise en réseau des compétences.
Il s’adresse aux décideurs publics, collectivités territoriales et agences liées, dirigeants et salariés d’entreprise, chercheurs et étudiants qui souhaitent participer au renouveau industriel des territoires et en comprendre les ressorts.
Chômage, difficulté de recrutement dans l'industrie, déficit d'image des filières industrielles au lycée professionnel, ce sont les thèmes abordés dans cette note de la Fabrique de l'industrie. Laurence Decréau y propose d'éclaircir les représentations faites sur le travail.
La question de savoir qui et combien sont les actifs « gagnants » et « perdants » de la mondialisation n’est pas scientifiquement close. Une manière d’y répondre est d’étudier le parcours des salariés licenciés pour des raisons économiques, selon qu’ils proviennent d’un secteur directement exposé à la concurrence internationale – l’industrie manufacturière ainsi que certains secteurs des services – ou au contraire d’un secteur qui en est abrité. C’est le propos de cette note.
La Fabrique de l’industrie a produit en quatre ans une vingtaine de publications et autant de grands débats. Ce document présente les principaux résultats de ses travaux.
Très ancrées sur leur territoire, les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont essentielles au maintien d’une économie forte et au renforcement de notre souveraineté. Néanmoins, comme en témoignent de nombreux dirigeants d’ETI interrogés dans le cadre de cet ouvrage, leur croissance est grandement conditionnée à leur capacité à recruter et à fidéliser leurs salariés. Or, sur un marché de l’emploi actuellement marqué par de fortes tensions, les ETI doivent faire face à la concurrence des PME et des grandes entreprises pour attirer et retenir les talents.
Comment peuvent-elles tirer leur épingle du jeu ? Disposent-elles d’atouts pour convaincre les candidats à les rejoindre ? Assurément, montre cet ouvrage. Si les ETI rencontrent des obstacles au recrutement qui leur sont propres, elles ont aussi des points forts qu’il convient d’exploiter et de mettre en avant. Leur ancrage territorial en est un, leur capacité d’innovation en est un autre.
Cet ouvrage offre une analyse sur les difficultés de recrutement rencontrées par les ETI et les besoins en compétences qui les caractérisent, à la fois rare et d’une grande utilité pour les décideurs, les services publics de l’emploi et les acteurs de la formation. S’appuyant sur des initiatives inspirantes identifiées sur le terrain, il apporte aussi aux ETI et aux entreprises en général de précieuses pistes d’action pour gagner en attractivité.
Une aventure humaine entre mondialisation et territoire.
Ce Doc est à la fois une histoire de la mondialisation industrielle, un manuel d’organisation de la production dans l’entreprise étendue, un guide pour la mise en place d’un Lean management authentique et un plaidoyer pour une industrie du futur collaborative et responsable.
À travers les aventures du site industriel de Toshiba TEC à Dieppe pendant plus de 30 ans, depuis les débuts de la mondialisation "positive" jusqu’à l’irruption de la Covid-19, ce récit retrace les transformations successives d’une entreprise, tantôt voulues, tantôt subies, pour développer en permanence de nouvelles opportunités et assurer son avenir. Entre vicissitudes et rebondissements, entre ténacité et imagination, entre Chine et Normandie, le grand voyage décrit par l’auteur s’appuie sur l’implication constante des salariés, la recherche permanente de valeur pour les clients, la coopération entre entreprises complémentaires et la capacité à renverser souvent les paradigmes dominants. L’attachement réciproque de l’entreprise tant vis-à-vis de ses salariés que de son territoire d’accueil illustre ce que pourraient être les fondements d’une industrie plus résiliente et contributive aux besoins de la société.
Ce livre donne des clés aux dirigeants et managers de l’industrie, aux décideurs de l’écosystème industriel et aux élus, pour penser une industrie du futur en phase avec les attentes citoyennes. Il vise également à montrer aux étudiants et enseignants que l’industrie est un univers attractif et en perpétuel mouvement.
La désindustrialisation n’est pas une fatalité. En France, mais aussi en Allemagne, Suisse, Italie, Angleterre, Corée du Sud et aux États-Unis, nous avons rencontré des industriels, des chefs d’entreprise, des acteurs académiques et des décideurs publics pour saisir leurs visions et examiner leurs pratiques. Cet ouvrage présente les enseignements et recommandations que nous en avons tirés.
Compte-rendu du séminaire "Dynamique de l'innovation dans les territoires"Alain KHEMILI
Ce séminaire s’inscrit dans un mouvement de réflexion et d’échanges sur l’implication des villes et agglomérations
en soutien à l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) organisé par le Bloc local composé de l’AdCF, l’ACUF, l’AMGVF, la FNAU et l’AVUF en partenariat avec la CPU, la Caisse des Dépôts et CCI France.
Pour sa première édition du Baromètre des Métropoles, Arthur Loyd vous propose une analyse statistique des métropoles françaises. Les métropoles y sont réparties en 4 grands thèmes : les très grandes métropoles, les grandes métropoles, les métropoles intermédiaires et les agglomérations de taille moyenne. Grâce à notre baromètre vous pourrez ainsi mieux comprendre les avantages concurrentiels et les faiblesses des différentes métropoles françaises.
Fort d’un réseau de plus de 70 agences et de plus de 300 collaborateurs, Arthur Loyd est le premier réseau national de conseil en immobilier d’entreprise. Cette force nous permet de pouvoir vous conseiller au mieux dans tous vos projets d’immobiliers d’entreprise. Pour plus d’informations, rendez-vous sur notre site : https://www.arthur-loyd.com/
Il est parfois avancé que la France serait particulièrement dépourvue de start-up à vocation industrielle. C’est en tout cas ce que tendrait à montrer la liste des entreprises qui constituent le NEXT40, l’indice des futurs champions français de la Tech. Ce dernier met en effet principalement en avant des firmes de services. Toutefois, en conclure que les start-up n’apportent aucun avantage compétitif à notre base industrielle serait excessif.
Quiconque veut le vérifier se heurte à une première difficulté, du fait de l’absence de définition précise du terme « start-up ». En raisonnant sur une base élargie, on observe des firmes à forte croissance dans de nombreux secteurs, y compris dans l’industrie. Si l’on ressert la focale aux start-up « proprement dites », la proportion de ces entreprises qui s’intéressent à l’industrie n’est pas moindre en France qu’aux États-Unis. On constate également que le modèle d’innovation qui fait le succès des firmes numériques, notamment celles du secteur financier, peut être adapté à l’industrie manufacturière.
À l’aide de données et de témoignages issus de « l’écosystème start-up », cet ouvrage démontre l’existence de firmes à forte croissance dans l’industrie et le rôle qu’elles peuvent jouer dans la redynamisation du secteur industriel. Comme dans les autres secteurs, l’insuffisance du financement par le capital-risque ralentit leur développement. Mais des rapprochements avec les grands groupes industriels sont possibles et le développement des deeptechs offre des opportunités pour jouer sur les complémentarités entre start-up et firmes industrielles.
Cet ouvrage s’adresse aux entrepreneurs et aux étudiants qui souhaitent s’engager dans la voie de l’industrie, aux dirigeants d’entreprise recherchant des voies de renouvellement de leurs stratégies industrielles et aux décideurs publics.
Peirre-André de Chalendar et Louis Gallois : l’industrie française peut revenir dans la course mondiale. Retrouvez le dossier de presse de la conférence "Quelle stratégie industrielle pour la France ?" des co-présidents de La Fabrique de l'industrie du jeudi 25 janvier 2018.
Foncier industriel et strategies publiques locales une articulation imparfaite.La Fabrique de l'industrie
Face à la demande en foncier des industriels, les territoires doivent répondre
par une offre adaptée, sans s’affranchir des normes environnementales ni
sacrifier logements et espaces collectifs. Comment les territoires concilient-
ils ces impératifs ? Les différentes contraintes qui pèsent sur les territoires
comme sur les entreprises entraînent-elles un décalage entre les besoins des
industriels et l’offre qui leur est proposée ?
Cet ouvrage montre que la réponse n’est pas unique. Grâce à un travail de
terrain mené dans les territoires de Valence Romans Agglo, Est Ensemble et
Boucle Nord de Seine, les auteurs mettent en lumière la diversité des besoins
exprimés par les entreprises, des stratégies adoptées par les collectivités et
des pratiques instaurées par les acteurs privés. Très dépendante de l’histoire
économique et institutionnelle de chaque territoire, l’offre foncière doit en outre
répondre à une demande évolutive et souvent très contrainte. Il en résulte une
hétérogénéité des conditions de maintien des activités productives dans les
milieux urbains en matière foncière et immobilière. Les ambitions gouverne
mentales de réindustrialisation de la France et de sobriété foncière viendront-
elles modifier ces conditions ?
En plus d’éclairer les lecteurs sur les critères d’implantation des entreprises pro-
ductives et sur les stratégies employées par les territoires, cette Note apporte
des pistes de réflexion utiles sur les moyens d’articuler demande foncière et
maîtrise de l’aménagement territorial. Il est ainsi un outil précieux pour les diri
geants d’entreprise, les collectivités territoriales, les décideurs publics et les
chercheurs qui souhaitent participer au renouveau industriel des territoires.
Génération Expat - L'Avenir de l'Industrie Française - Rapport completGénération Expat
Et si on écoutait un peu plus les expatriés?!
Sébastien Laye, entrepreneur et conseil de nombreux industriels, co-fondateur du think tank des Français de l'Etranger (Génération Expat), vient de coordonner avec les contributions d'autres membres de l'organisation, un rapport sur l'avenir de l'industrie, qui a été remis à Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, à trois semaines de la présentation du rapport Gallois sur la compétitivité. Génération Expat y développe une trentaine de propositions concrètes pour restaurer le blason industriel français. Ce rapport propose une vision industrielle fortement influencée par les réussites étrangères et le regard différent des Français vivant en dehors de l'Hexagone.
Rapport sur l'innovation Beylat-Tambourin Avril 2103 - « L’Innovation, un enj...Genopole
« L’Innovation, un enjeu majeur pour la France : dynamiser la croissance des entreprises innovantes »
Comment stimuler l’innovation en France ? Comment améliorer le transfert de la recherche en applications industrielles ? Quelle politique publique mettre en place ? Pierre Tambourin, directeur général de Genopole, et Jean-Luc Beylat, président du pôle de compétitivité Systematics ont remis vendredi au gouvernement, le rapport, « L’Innovation, un enjeu majeur pour la France : dynamiser la croissance des entreprises innovantes », demandé en novembre par Fleur Pellerin, ministre déléguée à l’innovation, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif et Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
http://www.genopole.fr/Pierre-Tambourin-et-Jean-Luc.html
Similaire à L’étonnante disparité des territoires industriels (20)
Pour faire face aux difficultés de recrutement et de fidélisation des salariés, notamment dans l’industrie, les entreprises sont souvent attirées par les modèles d’organisation responsabilisante (OR). Une telle organisation, qui rompt avec le modèle hiérarchique et pyramidal, se révèle néanmoins difficile à mettre en place et à rendre pérenne.
Si la baisse de la productivité est effective dans toutes les économies développées... elle est particulièrement marquée en France. Au niveau national, cet essoufflement touche tous les secteurs, et plus particulièrement celui de l’industrie, usuellement caractérisé par des gains de productivité élevés. Depuis la crise Covid, le secteur industriel contribue pour 35 % environ à cette perte, alors qu’il ne représente que 9,3 % de la valeur ajoutée nationale brute en 2023. Dans ce contexte, est-il possible de mener une politique de réindustrialisation du pays sans y associer un objectif de hausse des gains de productivité ?Non rappelle ce Cube. Au contraire, ces deux objectifs, jusqu’alors indépendants l’un de l’autre, sont désormais deux défis à relever conjointement. En analysant les différents explications à la baisse de celle-ci observée en France et dans les autres économies développées, ce Cube suggère que l’augmenter en parallèle d’une politique de réindustrialisation sous-entend une réallocation des facteurs de production vers les entreprises industrielles à fort potentiel. Elle suppose également une une meilleure affectation des ressources.
"Et si la sobriété n'était plus un choix individuel ?" est un ouvrage qui explore l'intégration de la sobriété dans les politiques publiques face aux crises écologiques liées à l'énergie et à l'eau. Les auteurs proposent des méthodes et études de cas pour une sobriété collective durable, abordant des solutions pratiques comme la tarification progressive de l'eau, essentielles pour les décideurs, les entreprises et les citoyens engagés vers un avenir durable...
Accueillir des activités productives au sein des villes est une problématique qui suscite un intérêt renouvelé de la part des collectivités. Comment peuvent-elles accompagner l’intégration de ces activités ? C’est tout l’objet de la Note Aménager la ville productive, réalisée dans le cadre du programme de recherche Ville productive initié par le PUCA, la Fabrique de l’industrie et l’Institut pour la recherche de la Caisse des dépôts.
Is disruptive innovation only for start-ups? French Industry in the Face of K...La Fabrique de l'industrie
Ever since the entire planet turned to messenger RNA vaccines, there's not a single business sector that doesn't fear being "disintermediated" sooner or later by digital giants, or disintegrated by triumphant start-ups: the challenge of technological disruption has thus taken on new acuity. It is indeed through disruptive innovation that an economy anticipates and fosters the major transitions that will shape tomorrow's society. It's also how companies distinguish themselves in a changing, highly competitive environment. The challenge is not only to invent, but above all to stay one step ahead in the face of foreign countries that do not hesitate to heavily support certain companies in order to dominate key sectors.
While start-ups have been held up as a reference model for years, are large French companies still capable of achieving the technological breakthroughs that markets expect of them? Based on first-hand accounts and an original analysis of patent data covering twelve technological fields, eight of which contribute to the ecological transition, this book provides an insight into the dynamics of innovation in France, its technological positioning and the type of companies involved.
The book is aimed at business leaders, public decision-makers, researchers, students and all readers interested in innovation issues in France.
L’innovation de rupture, terrain de jeu exclusif des start-up ? L’industrie f...La Fabrique de l'industrie
Depuis que la planète entière s’en est remise aux vaccins à ARN messager, il n’est plus un seul secteur d’activité qui ne redoute de se faire tôt ou tard « désintermédier » par les géants du numérique ou désintégrer par des start-up triomphantes : l’enjeu de la disruption technologique a ainsi pris une acuité nouvelle. C’est en effet par le biais des innovations de rupture qu’une économie anticipe et favorise les grandes transitions qui modèleront la société de demain. C’est également comme cela que les entreprises se distinguent dans un environnement changeant et très concurrentiel. L’enjeu est non seulement d’inventer mais surtout de prendre de l’avance face à des pays étrangers qui n’hésitent pas à soutenir lourdement certaines entreprises pour dominer des secteurs clés.
Si les start-up sont présentées comme un modèle de référence depuis des années, les grandes entreprises françaises sont-elles toujours en mesure de réaliser les ruptures technologiques que les marchés attendent d’elles ? À partir de témoignages et d’une analyse originale de données de brevets portant sur douze domaines technologiques, dont huit concourent à la transition écologique, cet ouvrage permet de saisir la dynamique d’innovation en France, son positionnement technologique et le type d’entreprises impliquées.
Cet ouvrage s’adresse aux dirigeants d’entreprises, décideurs publics, chercheurs, étudiants, ainsi qu’à l’ensemble des lecteurs intéressés par les problématiques de l’innovation en France.
Répondre aux défis sociétaux : le retour en grâce des politiques « orientées ...La Fabrique de l'industrie
Depuis le début des années 2010, la mise en place de politiques ambitieuses en matière de recherche et d’innovation, s’attaquant notamment aux grands défis énergétiques, numériques, environnementaux et géopolitiques, est devenue une priorité stratégique des pays de l’OCDE et au-delà. En effet, pour s’attaquer à des problèmes de plus en plus systémiques, les pays n’ont plus d’autre choix que de mettre en œuvre des politiques dotées d’une approche et de moyens holistiques. C’est ce qui explique l’appétence grandissante pour les politiques « orientées mission » (POM, mission-oriented policies en anglais) conçues pour mobiliser les activités de recherche et d’innovation nécessaires à la résolution de défis sociétaux.
De nombreux pays ont ainsi accéléré le déploiement de politiques de recherche dites orientées mission, ou encore des moonshot policies par référence à Apollo, la plus iconique du genre. Dans cette approche, les investissements en R&D doivent contribuer à l’atteinte d’objectifs spécifiques, ciblés et concrets, et s’inscrire dans une poursuite du bien commun. Comparant les politiques d’innovation orientées mission dans une vingtaine de pays, cet ouvrage permet de comprendre comment ces dernières peuvent aider à mieux piloter l’innovation et répondre aux défis sociétaux, mais aussi comment la France se saisit aujourd’hui de ce type de dispositif, près de cinquante ans après les grands programmes pompidoliens parfois encensés, parfois décriés.
En plus d’éclairer les lecteurs sur les grands arbitrages en matière de politique d’innovation, cet ouvrage en identifie aussi les forces et les limites. Il offre à ce titre des pistes de réflexion très précieuses pour les décideurs publics, les acteurs de la recherche et les entreprises.
La crise énergétique récente a replacé les questions de la sobriété et de l’efficacité énergétique au coeur des préoccupations des entreprises en général et des entreprises industrielles en particulier. Celles-ci s’apprêtent à renforcer leurs investissements verts en vue de réduire leurs dépenses énergétiques. Cette conjoncture s’inscrit en outre dans un contexte réglementaire de plus en plus contraint. Les entreprises doivent répondre à une réglementation nationale et européenne qui fait la chasse aux émissions de CO2 pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
En pratique, la décarbonation des entreprises revêt des modalités très différentes sur le terrain, avec des leviers et des obstacles variés. Grâce à une enquête chiffrée réalisée auprès d’un échantillon de grandes entreprises françaises, la plupart industrielles, les auteurs délivrent un état des lieux de la décarbonation engagée par les entreprises, de la diversité de leurs arbitrages et de la nature des freins qu’elles rencontrent.
Cette Note s’adresse aux dirigeants d’entreprises, décideurs publics, chercheurs, étudiants et citoyens souhaitant comprendre les enjeux liés à la décarbonation des grandes entreprises.
La crise énergétique récente a replacé les questions de la sobriété et de l’efficacité énergétique au cœur des préoccupations des entreprises en général et des entreprises industrielles en particulier. Celles-ci s’apprêtent à renforcer leurs investissements verts en vue de réduire leurs dépenses énergétiques. Cette conjoncture s’inscrit en outre dans un contexte réglementaire de plus en plus contraint. Les entreprises doivent répondre à une réglementation nationale et européenne qui fait la chasse aux émissions de CO2 pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
En pratique, la décarbonation des entreprises revêt des modalités très différentes sur le terrain, avec des leviers et des obstacles variés. Grâce à une enquête chiffrée réalisée auprès d’un échantillon de grandes entreprises françaises, la plupart industrielles, les auteurs délivrent un état des lieux de la décarbonation engagée par les entreprises, de la diversité de leurs arbitrages et de la nature des freins qu’elles rencontrent.
Cette Note s’adresse aux dirigeants d’entreprises, décideurs publics, chercheurs, étudiants et citoyens souhaitant comprendre les enjeux liés à la décarbonation des grandes entreprises.
La Fabrique de l’industrie, l’UIMM et l’École de Paris du management ont imaginé "Faiseurs, Faiseuses". L’objectif de ce magazine est de mettre en lumière celles et ceux qui font l’industrie au quotidien.
Qui, parmi celles et ceux appelant à un retour du made in France au nom de notre souveraineté industrielle, a seulement déjà vu une usine, sans même parler de la visiter ? Nous connaissons trop mal cet univers dont nous parlons sans cesse. Pour résoudre ce paradoxe, il faut braquer les projecteurs sur des exemples de ce que sont devenus aujourd’hui les métiers du faire.
Emplois industriels menacés par la crise énergétique, le MACF et l’IRA : une ...La Fabrique de l'industrie
Ce Working Paper s’appuie sur une étude menée conjointement avec le cabinet Oliver Wyman.
Les entreprises industrielles se heurtent aujourd’hui, en France et en Europe, à trois menaces qu’elles ressentent comme complémentaires et qui ont toutes à voir avec la problématique de la décarbonation de l’industrie : le maintien à des prix durablement élevés de l’énergie en Europe, la mise en place prochaine du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’UE (et la suppression afférente des quotas gratuits d’émissions de CO2), et l’instauration d’aides aux entreprises particulièrement attractives aux États-Unis dans le cadre de l’Inflation Reduction Act.
Le propos de ce document est d’estimer, de manière qualitative et quantitative, l’ampleur de chacune de ces menaces, traduite en emplois exposés, pour chacun des secteurs industriels français. Dans l’ensemble, nous estimons que près de 155 000 emplois industriels sont aujourd’hui menacés en France par ces trois phénomènes conjugués (tous les chiffres de ce document s’entendent en effectifs salariés en équivalent temps plein, sur le périmètre statistique de l’industrie manufacturière hors secteurs de l’imprimerie et de l’installation/réparation de machines).
Ce travail statistique nous livre deux questions. La première est de se demander ce que peut devenir l’industrie européenne si elle reste aussi intensément tiraillée entre l’amont des chaînes de valeur (producteurs d’acier, d’aluminium, de verre…) soumis à des contraintes de prix intenables et un « corps » plus ou moins capable d’en encaisser les contrecoups. Que reste-t-il alors de cette idée de solidarité le long des filières et l’idéal de souveraineté industrielle ? La deuxième vient à la suite de la première et s’énonce plus simplement encore : comment l’Europe peut-elle espérer réduire son empreinte carbone en pareille situation, si elle ne parvient pas à stabiliser la situation sur le marché de l’énergie ?
Nous vous proposons ce document de travail dans le but de recueillir vos remarques et suggestions. N’hésitez pas à nous envoyer vos réactions et commentaires à info@la-fabrique.fr
L’idée que l’industrie est un moteur de la transition écologique s’installe lentement dans les esprits. Dans le même temps, les collectivités territoriales engagent de plus en plus d’initiatives en faveur de la transition : projets de renaturation des espaces publics, soutien à la méthanisation agricole ou encore développement de la mobilité douce.
Comment construire un territoire industriel qui réponde aux grands enjeux environnementaux et dont le modèle de développement serait durable et résilient ? Nos observations de terrain conduites en divers Territoires d’industrie mettent au jour plusieurs dispositifs dont d’autres peuvent s’inspirer pour entamer leur propre démarche de transition écologique, en particulier dans le domaine énergétique.
Si beaucoup de Territoires d’industrie partagent l’ambition de contribuer à limiter le réchauffement climatique, chacun dispose de ressources, fait face à des enjeux qui lui sont propres, et doit compter avec les intérêts différenciés des acteurs. Certains territoires ont déjà mis en place des actions en faveur d’un mode de développement plus durable. Ces initiatives pionnières ne demandent qu’à être généralisées.
Les jeunes élites face au travail - Regards croisés entre Polytechnique et Ha...La Fabrique de l'industrie
Great Resignation aux États-Unis, difficultés de recrutement accentuées en France ou encore, quiet quitting et protestations à l’égard du grand capital dans les grandes écoles (e.g., HEC Paris, AgroParisTech) : autant de phénomènes qui pointent vers un ras-le-bol de la part des salariés, tout particulièrement auprès des jeunes générations. De fait, de nombreux médias se font le relai d’une « quête de sens » au travail, qui se traduirait notamment par de nouvelles exigences à l’égard de l’employeur (surtout en matière d’engagement environnemental et sociétal), et par la recherche d’un meilleur équilibre vie pro-vie perso.
La littérature faisant état de différences marquées liées à l’appartenance sociale et au niveau d’éducation, ce Doc propose d’apporter une première pièce au puzzle, en se focalisant sur les attentes des jeunes issus des CSP supérieures. Il repose sur un matériau empirique original, qui croise les regards de 20 alumni issus respectivement de l’École polytechnique et de l’université de Harvard pour mieux identifier ce qui fait la singularité ou non des diplômés de grandes écoles dans leur rapport au travail.
Cet ouvrage s’adresse aux chefs d’entreprises, décideurs publics et chercheurs désireux de mieux comprendre le rapport qu’entretiennent les jeunes générations à l’égard du travail.
La désindustrialisation de la France a démarré en 1975. La chute de l’emploi industriel était alors aussi rapide que celle de l’emploi agricole, commencée bien plus tôt. Mais, si la politique agricole commune a soutenu cette mutation, aucun dispositif n’a accompagné celle de l’industrie. Ainsi en 1990, notre pays avait déjà perdu un quart de ses emplois industriels et nombre de territoires s’étaient vidés de leur substance. Rien de tel en Allemagne, où l’emploi industriel est resté remarquablement robuste grâce à l’ancrage territorial de son Mittelstand dans ses Länder.
Il aura fallu attendre 2009 et l’organisation des États généraux de l’industrie pour voir le retour d’une politique industrielle en France. Plusieurs initiatives se sont alors succédé mais, pendant plus de 10 ans, les « territoires » sont restés un impensé. C’est seulement fin 2018 que le dispositif Territoires d’industrie est apparu. Quatre ans plus tard, la France ne semble pas avoir encore pris toute la mesure de ses territoires. Ils recèlent pourtant un potentiel inexploité pour notre renaissance industrielle.
Sortir de notre dépendance aux combustibles fossiles, principalement au profit d’une électricité bas carbone, est une condition sine qua non à l’atteinte de l’objectif de neutralité carbone en 2050. Les États signataires de l’accord de Paris anticipent donc une très forte électrification de leurs usages et doivent transformer leur mix énergétique en conséquence.
Pour la France, Emmanuel Macron a annoncé vouloir, d’ici 2050, multiplier par 10 la production actuelle d’énergie solaire (pour atteindre 100 GW), déployer 50 parcs éoliens en mer (pour atteindre environ 40 GW) et doubler la production d’éoliennes terrestres (à 40 GW également). En parallèle, un nouveau programme nucléaire permettrait de bénéficier de 10 à 25 GW de nouvelles capacités, selon que 6 ou 14 EPR2 seront construits d’ici 2050.
Pour atteindre comme prévu la neutralité carbone en 2050, la France doit réduire drastiquement son utilisation des énergies les plus carbonées (gaz, pétrole et charbon). Notre consommation totale d’énergie va diminuer mais notre consommation d’électricité décarbonée va s’accroître très sensiblement. Le président Emmanuel Macron a donc annoncé en février 2022 à Belfort sa volonté de développer massivement les énergies renouvelables tout en modernisant le parc nucléaire. L’avenir est-il tout tracé pour autant ?
Non, montrent les auteurs de cet ouvrage. D’abord parce qu’il ne faudrait pas oublier que l’exécutif s’est également donné pour objectif – salutaire – de renforcer notre base industrielle : nos besoins en électricité seront donc plus élevés qu’annoncé. Ensuite, même si le renouvellement du parc nucléaire est mené à un rythme très soutenu, celui-ci sera nécessairement complété par d’importantes capacités renouvelables, à déployer massivement elles aussi.
Enfin, cette configuration inédite, où nucléaire et EnR se compléteront, réclamera également de développer de nouveaux moyens de flexibilité (modulation de la demande, imports-exports, stockage) pour préserver l’équilibre constant entre offre et demande.
Cet ouvrage propose un tableau prospectif complet des mix énergétiques possibles à l’horizon 2050, en optimisant les coûts, sous contrainte d’évolution de la demande, de renouvellement de l’offre et des engagements climatiques du pays. Ce faisant, il met au jour les principales technologies énergétiques dans lesquelles il est opportun d’investir en priorité. En plus d’éclairer les citoyens sur la question essentielle de la souveraineté énergétique, il offre des pistes de réflexion d’une grande utilité pour les décideurs publics et les entreprises.
Les nouveaux modes de management et d’organisation - Innovation ou effet de m...La Fabrique de l'industrie
Transformation numérique, contexte de grande incertitude, nouvelles attentes des salariés, bataille pour attirer les talents… tout pousse les entreprises à gagner en souplesse et réactivité. Elles sont donc de plus en plus nombreuses à s’intéresser à de nouveaux modèles de management et d’organisation : lean durable, méthodes agiles, holacratie, entreprise libérée, organisation opale, entreprise à mission, etc.
Regroupés sous le sigle NMMO, ces modèles sont moins « nouveaux » qu’il n’y paraît et s’inspirent en fait de courants anciens. Sous la diversité des étiquettes, ils s’appuient sur de nombreux ressorts communs. Ils sont toutefois difficiles à implanter, même chez les plus convaincus. La montée en autonomie des salariés et la redéfinition des responsabilités entachent parfois le climat social et l’efficience, à rebours des effets espérés. La réussite des NMMO repose essentiellement sur un mode de déploiement qui doit viser l’innovation sociale patiente plutôt que d’obéir aux effets de mode.
Cet ouvrage s’attache à décrire non seulement les pratiques réelles associées à ces modèles, mais aussi les embûches et points de vigilance lors de leur déploiement. S’appuyant sur une vingtaine de cas, qui vont d’organisations autogérées à des divisions de grands groupes, il offre ainsi aux entreprises des clés pour adapter ces formes organisationnelles à leurs spécificités.
Cet ouvrage se compose de deux grandes parties. La première est une analyse critique et pratique de ces nouveaux modèles. La seconde est un guide généalogique qui les décrit de façon détaillée. Ce petit guide des modèles organisationnels contemporains et de leurs origines ne prétend pas se substituer aux manuels de théorie des organisations. Il a vocation à contextualiser les différents modèles en fonction de leur origine historique et géographique, d’en décrire sommairement les principes de fonctionnement et de montrer comment ils se relient les uns aux autres pour former un continuum.
Nouveaux modes de management et d’organisation : six pratiques récurrentes et...La Fabrique de l'industrie
Cherchant à se déhiérarchiser, se « désiloter » et s’agiliser pour être plus réactives, mieux répondre aux besoins des clients et mieux satisfaire les attentes des salariés, les entreprises se tournent massivement vers de nouveaux modèles de management et d’organisation (NMMO) tels que les méthodes agiles, l’entreprise libérée, l’holacratie, l’organisation opale ou encore la société à mission.
À partir de l’étude d’une vingtaine d’organisations allant d’entreprises autogérées à des divisions de grands groupes, nous avons identifié six pratiques récurrentes qui caractérisent ces NMMO. Si les salariés s’expriment souvent en faveur de ces nouveaux modes de travail (Malakoff Humanis, 2022), force est de constater qu’ils ne sont pas faciles à implanter et que les entreprises butent sur de nombreuses difficultés de conception, d’adoption ou de mise en œuvre.
L’évolution vers les NMMO n’est donc pas un long fleuve tranquille, ça secoue souvent, ça fait mal parfois. La montée en autonomie, les changements dans les frontières de responsabilité, la disparition des routines antérieures, les difficultés de coordination, le sentiment de chaos qui s’ensuit, peuvent entraîner une montée des risques psychosociaux ainsi que des effets de retrait ou des démissions, entachant le climat social et l’efficience, à rebours des effets espérés. Seule une approche systémique, patiente, prudente, itérative et incluant les acteurs de terrain, peut permettre d’ancrer durablement le changement et d’obtenir les bénéfices escomptés tant en termes d’amélioration continue que de respect des parties prenantes.
La guerre en Ukraine a marqué le début d’une crise énergétique majeure en Europe : les ménages et entreprises subissent une forte inflation des prix de l’énergie, doublée d’un risque sérieux de pénurie au tournant de l’hiver 2022-2023.
Dans ce contexte tendu, le fonctionnement du marché européen de l’électricité a vite été désigné comme un fardeau injuste pour les entreprises et les ménages français qui doivent payer le prix d’une électricité fabriquée à partir de gaz dans les autres pays d’Europe. En réalité, le doublement de la facture énergétique des entreprises industrielles observé en un an – ce qui est considérable – aura relevé pour moitié de problèmes purement français et notamment de l’indisponibilité de notre parc nucléaire.
L’autre moitié de l’explication tient certes au contexte international mais pas à l’interconnexion des marchés européens. Celle-ci est plutôt une opportunité en cas de pénurie et un gisement d’exportations dans les meilleurs jours, qu’il serait mal avisé de remettre en cause. Pour le système de fixation des prix, c’est une autre affaire…
L’industrie face aux prix de l’énergie - Les marchés européens sont-ils en dé...La Fabrique de l'industrie
Entre la mi-2021 et la mi-2022, les prix du gaz et les coûts de production de l’électricité ont été multipliés par quatre. Cette situation exceptionnelle a eu un impact considérable sur les industriels, dont la facture énergétique totale a été multipliée par deux dans tous les secteurs d’activité et dans tous les pays européens. Dans ce contexte inédit, le fonctionnement du marché européen de l’électricité a pu être remis en cause par certains observateurs qui craignaient une « inflation importée » du fait de la forte consommation de gaz ailleurs en Europe, et regrettaient que les industriels français ne profitent pas assez de la compétitivité de « notre » électricité nucléaire.
Cette Note montre que la réalité est tout autre. Pendant les quatorze années qui ont précédé la crise, les industriels français ont bien bénéficié d’un prix de l’électricité plus faible qu’en Allemagne. Mais la pénurie d’offre, principalement du fait de l’indisponibilité des centrales nucléaires, se faisait déjà sentir dès 2016. L’envolée du prix du gaz n’est responsable que pour moitié de l’augmentation récente des prix de l’électricité en France, qui tient tout autant à des déséquilibres spécifiquement nationaux et ne doit rien à l’intégration des marchés européens.
À l’heure où notre pays s’apprête à investir dans le renouvellement de ses moyens de production d’électricité, il convient de se demander quels sont les effets de son mix électrique sur la compétitivité de son industrie. Cette étude permet notamment de dissocier les impacts respectifs de la hausse généralisée des prix de l’énergie et ceux du mix électrique français sur les tarifs imputés aux industriels. Elle examine dans un premier temps la hausse récente de la facture énergétique des industriels. Dans un second temps, elle analyse les prix de l’électricité payés par les industriels en Europe et leurs déterminants.
Cette Note s’adresse aux dirigeants d’entreprises, décideurs publics, chercheurs, étudiants et citoyens souhaitant comprendre les effets de la crise énergétique sur l’industrie française.
L’industrie face aux prix de l’énergie - Les marchés européens sont-ils en dé...
L’étonnante disparité des territoires industriels
1. L’étonnante disparité
des territoires industriels
Comprendre la performance et le déclin
Denis Carré, Nadine Levratto et Philippe Frocrain
Préface d’Olivier Lluansi
2. Observatoire des Territoires d’industrie (OTI)
144 Territoires d’industrie bénéficient d’un engagement spécifique de l’État et des collectivités
territoriales pour les aider à recruter, innover, attirer et simplifier, afin de favoriser le développement de
leur tissu industriel. Ce nouvel instrument de politique publique soulève des questions de recherche
intéressant différentes disciplines (économie, sciences politiques, gestion, géographie, urbanisme
et aménagement du territoire). On s’interroge notamment sur les modalités de mise en œuvre et
l’adaptation aux spécificités des territoires des politiques favorisant le développement de l’industrie
et des services associés. Il est souhaitable que les acteurs impliqués puissent bénéficier d’espaces
de dialogue, d’échanges de bonnes pratiques et de retours d’expériences.
C’est pourquoi la Banque des territoires et l’Institut pour la recherche de la Caisse des dépôts,
le Commissariat général à l’égalité des territoires, Mines ParisTech, La Fabrique de l’industrie,
l’Assemblée des Communautés de France, des chercheurs des universités de Poitiers et de Paris
Nanterre s’associent pour étudier la mise en place de ces Territoires d’industrie, confronter les
expériences et documenter des pratiques intéressantes.
Centre de ressources, l’observatoire des Territoires d’industrie produit des études et organise un
cycle de séminaires mensuels afin de mieux connaître ces territoires, leurs problèmes, leurs atouts,
leurs projets et plus généralement les ressorts de leur développement industriel.
Contact : thierry.weil@mines-paristech.fr
L’observatoire des Territoires d’industrie est soutenu par :
Avec la participation de Régions de France.
6. 6 L’étonnante disparité des territoires industriels
Préface7
Remerciements11
Résumé13
Introduction 17
Chapitre 1
La diversité des territoires industriels 19
1. Les territoires créent et détruisent des emplois de manière contrastée 19
2. L’industrie exerce un effet d’entraînement sur l’économie locale 21
3. La performance des territoires échappe aux prédictions macroscropiques
intuitives 23
4. L’effet local est déterminant pour les territoires fortement industriels 28
Chapitre 2
Comprendre les ressorts de la performance des territoires 35
1. Les créations d’emplois sur un territoire dépendent
de trois catégories de facteurs 36
2. L’influence des territoires avoisinants 38
3. Analyse empirique des déterminants des variations de l’emploi 41
7. Sommaire 7
Conclusion53
Point de vue
Renforcer l’adéquation entre filières industrielles,
territoires et formation – GABRIEL ARTERO 54
Bibliographie57
Annexes
1. Approche empirique de l’analyse des déterminants
des variations de l’emploi 63
2. Tableaux de régressions 67
3. Secteurs dominants dans les quatre catégories de zones d’emploi 72
4. Variation de l’emploi observée, effet structurel, effet local,
pour les 304 zones d’emploi de France métropolitaine, en pourcentage 73
9. 7
Préface
Après la chute du mur de Berlin s’est construite en Europe une réflexion globale très struc-
turée de la mondialisation et de la tertiarisation des économies. Les métropoles, lieux de
concentration des savoirs et de l’information, y étaient données gagnantes. Cela s’avère en
partie vrai. Mais cette évolution a aussi laissé derrière elle, en France notamment, le goût
amer de la désindustrialisation, de territoires désertifiés et de populations pénalisées.
Cette étude que j’ai l’honneur de préfacer revient sur ce schéma opposant métropoles
et périphéries. Il y a des territoires qui vont bien ! Discrets, parfois ignorés, comme les
PME ou les ETI championnes qu’ils accueillent, ils sont plus nombreux qu’on ne le croit.
Ce travail permet aussi d’interroger leurs facteurs de succès et de souligner ceux qui pa-
raissent fondamentaux : la dynamique économique territoriale dépend pour moitié envi-
ron de la santé de l’économie nationale, mais aussi pour près de 40 % de facteurs locaux.
« Les caractéristiques structurelles des territoires, écrivent les auteurs de l’étude, n’ex-
pliquent pas si simplement leur performance en matière d’emploi industriel et d’emploi
total ». Cet énoncé est une frappante confirmation économétrique, en même temps qu’une
leçon d’humilité. En effet, pendant des décennies nous avons agi, investi, décidé comme
si ces caractéristiques structurelles étaient déterminantes.
Ainsi il n’y aurait ni fatalité, ni recette au développement des territoires. Il est de plus
en plus évident que le capital humain des territoires, si peu quantifiable, en est la clef de
voûte. Leur dynamisme repose sur des femmes et des hommes porteurs d’un projet par-
tagé, sur une culture d’échange et de solidarité territoriale, etc. Le constat pragmatique
des premiers mois de Territoires d’industrie confirme pleinement cette réflexion.
Comment aller plus loin ? On peut catégoriser les territoires, multiplier les échantillons
en espérant mettre en évidence les facteurs communs de sous-ensembles. C’est la logique
analytique et cette étude nous permet d’en mesurer l’utilité.
Mais en même temps, il faudra sans doute aussi réinterroger fondamentalement les cri-
tères qui définissent les territoires qui se portent bien, observer leur dynamisme local lié
à des leaders qui savent animer et inspirer, à ces cultures « invisibles » et particulières qui
10. 8 L’étonnante disparité des territoires industriels
leur permettent de développer leurs talents. Comment ont-ils émergé ? Pourquoi ont-ils
été acceptés ? Quand leurs convictions ont-elles commencé à être partagées ? Sur quels
moyens se sont-ils appuyés ? Ne sont-ils pas le témoignage d’une nécessaire « ré-incarna-
tion » du développement économique ?
Mon expérience à la tête de Territoires d’industrie m’en a convaincu, même si cette ap-
proche est encore l’objet de nombreuses résistances. Osons citer à ce sujet les contribu-
tions d’Erwan Coateana, Audrey Régnier, Marc Damien, Christophe Cathelain, pour ne
nommer que des chefs d’entreprise. N’hésitons plus à « exemplariser » ces leaders !
Olivier Lluansi
Délégué aux Territoires d’industrie
13. 11
Remerciements
Cette note présente les résultats d’un projet de recherche conduit dans le cadre de l’Ob-
servatoire des territoires d’industrie. Nous remercions en particulier : François Blouvac
(Banque des Territoires), Annabelle Boutet (Commissariat général à l'égalité des
territoires), Vincent Charlet (La Fabrique de l’industrie), Aurore Colnel (Commissariat
général à l'égalité des territoires), Isabelle Laudier (Institut CDC pour la Recherche),
Françoise Morsel (Banque des Territoires), Nicolas Portier (Assemblée des Communau-
tés de France), Lucie Renou (Institut CDC pour la Recherche), Mickaël Vaillant (Régions
de France), Ludovic Valadier (Banque des Territoires), et Thierry Weil (Mines ParisTech)
pour leur aide précieuse.
15. 13
Résumé
Depuis la fin des années 1990, l’écart se creuse entre les territoires dynamiques, qui
créent des emplois, et ceux en difficulté, qui en perdent. Ce constat alimente souvent
une représentation simpliste, dite des deux France, qui oppose les espaces métropolitains
supposés « gagnants de la mondialisation » et les territoires périphériques que l’on perçoit
comme pénalisés par une désindustrialisation inéluctable.
Cette grille de lecture, très reprise durant le mouvement des « gilets jaunes », ne résiste
cependant pas à l’analyse : les fractures économiques et sociales ne se confondent pas
simplement avec celles de la géographie. Vitré, Figeac, Issoire, Cholet, Saint-Nazaire et
tant d’autres zones d’emploi nous rappellent que des territoires de taille ou de population
moyennes peuvent afficher une santé insolente, notamment dans les secteurs industriels.
Or, cette hétérogénéité est encore assez mal expliquée par la littérature économique. La
présente note étudie donc les ressorts de la performance de nos territoires, en particulier
des plus industriels d’entre eux, sur la période d’après-crise allant de 2009 à 2015.
Elle confirme tout d’abord que l’industrie a en général – mais pas systématiquement – un
fort effet d’entraînement sur l’emploi dans les autres secteurs du territoire, alors que le
phénomène inverse ne s’observe pas. C’est pourquoi il est important de se préoccuper
tout particulièrement du dynamisme territorial du secteur industriel.
Ensuite, l’analyse met en lumière la grande diversité des trajectoires territoriales. Cer-
taines zones d’emploi ont ainsi bénéficié d’une croissance de leur base industrielle, alors
que l’on sait que l’industrie française a globalement perdu des emplois. Par ailleurs, les
variations positives ou négatives constatées dans les zones d’emploi apparaissent comme
étant indépendantes de la taille de leur base industrielle : il n’y a pas de fatalité frappant
les « grands bassins industriels », pas plus qu’il n’y a de prime automatique aux grands
clusters et autres métropoles. Enfin et surtout, nos calculs montrent que la spécialisa-
tion des territoires dans des secteurs plus ou moins porteurs est un « prédicteur » assez
médiocre – et même de plus en plus médiocre – de leur performance. Autrement dit, c’est
« l’effet local », c’est-à-dire la part résiduelle de la performance qui ne s’explique pas
par leur portefeuille d’activités, qui permet de comprendre la trajectoire des territoires.
L’effet local d’un territoire peut d’ailleurs être fortement positif dans un secteur d’activité
et assez faible voire négatif dans un autre…
16. 14 L’étonnante disparité des territoires industriels
Après avoir constaté cette grande hétérogénéité, la note présente une analyse écono-
métrique qui identifie certains déterminants de cet effet local et en écarte d’autres. De
manière très significative, l’emploi industriel d’un territoire est favorisé ou entraîné à la
baisse par l'emploi des territoires alentour. Ainsi, sur les deux arcs littoraux de l’ouest et
du sud de la France, dans le nord des Alpes et au cœur de l’Île-de-France, on observe de
vastes agglomérats de territoires à dynamique positive ; a contrario, le quart nord-est du
pays ainsi qu’une large diagonale le traversant jusqu’au sud-ouest sont dominés par des
regroupements de zones à dynamique négative.
Ces agglomérats à dynamique commune rappellent que les territoires ne sont pas des îles.
Bien au contraire, un territoire prospère peut stimuler les services de proximité mais aussi
l’industrie (fournisseurs, sous-traitants) chez ses voisins, notamment quand des méca-
nismes partenariaux tels que les pôles de compétitivité y aident. Ces situations de syner-
gie se révèlent bien plus nombreuses que des cas d’éviction ou de rivalité, dans lesquels
le développement d’un territoire se ferait au détriment de ses voisins.
On observe également que la concentration de l’emploi dans quelques grands établisse-
ments industriels, même si elle est parfois facteur de vulnérabilité (par exemple quand
ils relèvent majoritairement d’une même filière traversant une mauvaise conjoncture), a
généralement une influence positive sur la croissance de l’emploi.
Enfin, la note relève que tous les secteurs d’activité ne réagissent pas de la même manière
aux différents déterminants de l’emploi : les effets d’agglomération par exemple, parfois
hâtivement présentés comme un paramètre universel de la performance des territoires,
prévalent surtout pour les industries à forte densité de connaissance. En conséquence,
selon les combinaisons spécifiques de leurs activités dominantes, les territoires répondent
différemment aux paramètres étudiés : certains pâtissent de leur forte concentration ini-
tiale en emplois industriels, ou au contraire d’une économie trop exclusivement tournée
vers les activités résidentielles, et d’autres pas. La note présente ainsi une typologie des
territoires en quatre catégories.
En conclusion, si les caractéristiques structurelles des territoires n’expliquent pas si sim-
plement leur performance en matière d’emploi industriel et d’emploi total, c’est proba-
blement parce que ces phénomènes sont de plus en plus multiparamétriques, plus encore
parce que leur « capital social » et, notamment, l’efficacité des institutions et des coopé-
rations entre acteurs divers jouent un rôle primordial. C’est enfin et surtout parce que le
17. Résumé 15
dynamisme des entreprises et leur capacité à générer de la croissance, qui ne dépendent
pas exclusivement du territoire, restent le principal moteur du développement local.
Tous les acteurs du territoire peuvent contribuer à la création d’un environnement attrac-
tif et bienveillant, en particulier les entreprises elles-mêmes. Pour mieux comprendre
comment on peut encourager les entreprises les plus dynamiques et transformer les suc-
cès individuels en performance collective, il paraît donc désormais opportun de multi-
plier les études de cas qualitatives.
19. 17
INTRODUCTION
1. Données de l’Acoss (Agence centrale des organismes de Sécurité sociale) sur les effectifs salariés dans les zones d’emploi
en France.
Les usines, les chantiers, les arsenaux, les centres de RD… et bien d’autres lieux en-
core de production industrielle sont indissociables des territoires qui les accueillent, dont
ils façonnent la singularité. Ils parviennent encore à ancrer des emplois et des revenus,
partout dans l’Hexagone, même si la désindustrialisation à l’œuvre pendant plusieurs
décennies les a clairsemés. En particulier, ces sites de production jouent souvent un rôle
prépondérant dans les espaces de taille modeste ou intermédiaire : les territoires comptant
moins de 100 000 emplois regroupent pas moins de 57 % des emplois industriels, contre
40 % seulement du total des emplois 1
.
Dans ces territoires, nous le verrons, l’activité industrielle est florissante ou s’érode. Dans
le quart nord-est de la France, la part des emplois industriels a été divisée par deux en
quarante ans (CGET, 2018). L’ouest et le sud du pays ont mieux résisté et semblent être
aujourd’hui les espaces privilégiés de la création d’emplois industriels. Dans le même
temps, l’analyse montre surtout qu’il n’y a pas de fatalité territoriale : partout en France
l’on trouve des territoires qui déjouent les conjonctures régionales et créent nettement plus
d’emplois – ou en perdent davantage – que leurs voisins. L’évolution locale de l’emploi
industriel n’est pas non plus la projection spatiale des évolutions sectorielles nationales.
Or, cette diversité des trajectoires industrielles et plus encore les marges de manœuvre
dont les territoires disposent pour construire leur stratégie de développement échappent
souvent aux commentateurs, qui raisonnent plus volontiers selon des « grandes ten-
dances » : la « puissance des métropoles », le « déclin des grands bassins industriels », la
« révolution des nouvelles technologies », le « naufrage des espaces ruraux »… Rien de
tout cela n’est strictement vrai, après examen.
Cette note cherche précisément à mieux comprendre les ressorts du succès ou du déclin
des territoires, en particulier des plus industriels.
21. 19
CHAPITRE 1
La diversité des territoires industriels
1. Les territoires créent
et détruisent des emplois
de manière contrastée
Dans les secteurs d’activité industriels
aussi bien que dans le reste de l’économie,
les créations et destructions d’emplois se
répartissent très inégalement sur le terri-
toire français.
La Figure 1 illustre cette diversité : parmi
les 304 zones d’emploi de France métro-
politaine, 125 ont connu une variation
positive de l’emploi salarié total entre
2009 et 2015, et 179 un repli, dépassant
les 10 % pour une quinzaine d’entre eux.
Les territoires dont la croissance de
l’emploi est la plus forte se situent majo-
ritairement sur les façades atlantique et
méditerranéenne de l’Hexagone ainsi que
dans la région Auvergne Rhône Alpes et
le cœur du Bassin parisien. Les plus fortes
baisses de l’emploi sont concentrées
dans une large partie du nord et de l’est
ainsi que sur un axe allant du nord-est au
sud-ouest, parfois appelé la « diagonale
aride ». À ces territoires viennent s’ajouter
d’autres zones d’emploi en repli, en Nor-
mandie, en Bretagne et dans l’extrême est
méditerranéen.
On observe une disparité analogue concer-
nant les emplois industriels, comme le
montre la Figure 2. Pas moins de 80 %
des zones d’emploi ont connu un repli de
l’emploi industriel depuis la fin de la crise
de 2009. Seule une cinquantaine de zones,
principalement localisées dans l’ouest et
le sud, ont vu le volume de leur emploi
industriel progresser. A contrario, le quart
nord-est du pays enregistre les plus fortes
réductions d’emplois industriels.
22. L’étonnante disparité des territoires industriels20
supérieure à 8%
de 0% à +8%
de 0% à –7%
de –7% à –12%
de –12% à –20%
inférieure à –20%
Figure 2 – Variation de l’emploi industriel entre 2009 et 2015
Source : Insee, Clap. Calculs des auteurs. Réalisé avec Philcarto.
supérieure à 8%
de 2% à 8%
de 0% à 2%
de 0% à –4%
de –4% à –9%
inférieure à –9%
Figure 1 – Variation de l’emploi salarié total entre 2009 et 2015
Source : Insee, Clap. Calculs des auteurs. Réalisé avec Philcarto.
23. Chapitre 1. La diversité des territoires industriels 21
2. L’industrie exerce
un effet d’entraînement
sur l’économie locale
En superposant les Figures 1 et 2 on
remarque que la variation de l’emploi
industriel présente une structure spatiale
relativement semblable à celle de l’emploi
salarié total. Ce constat est cohérent avec
les nombreuses études ayant mis en lu-
mière un effet d’entraînement de l’emploi
industriel sur le reste de l’emploi local
(Moretti, 2010 ; Malgouyres, 2017 ; Fro-
crain et Giraud, 2018). Le développement
industriel offre en effet des débouchés pour
les services de proximité (restaurants, ser-
vices de gardiennage, aide à la personne,
etc.) ainsi que pour les services à l’indus-
trie du territoire (RD, conseil, services
informatiques, logistique, ingénierie, etc.).
Symétriquement, une érosion du tissu
industriel a une influence négative sur le
développement de l’emploi local.
Plus généralement, toutes les activités pou-
vant capter les revenus de consommateurs
extérieurs au territoire exercent un effet
multiplicateur sur l’emploi local. C’est le
cas de l’industrie, bien sûr, mais aussi de
certains services et d’activités agricoles.
Selon les auteurs, on parlera d’activités
« échangeables », « exposées », « produc-
tives » ou encore de la « base compétitive » 2
.
Philippe Frocrain et Pierre-Noël Giraud
(2018) estiment par exemple que la création
2. Notons que ces concepts et les nomenclatures qui leurs sont associées sont certes proches mais pas strictement équivalents.
3. Pour en savoir plus sur la Manufacture Bohin, téléchargez le compte rendu du séminaireAventures industrielles, « L’étonnante
résurrection de l’entreprise Bohin » (www.la-fabrique.fr).
de 100 emplois exposés à la concurrence
internationale dans une zone d’emploi de
France métropolitaine génère environ 80
emplois abrités supplémentaires dans la
même zone.
Toutes les activités pouvant cap-
ter les revenus de consommateurs ex-
térieurs au territoire exercent un effet
multiplicateur sur l’emploi local. C’est
le cas de l’industrie, bien sûr, mais
aussi de certains services et d’activités
agricoles.
Dans le sens contraire en revanche, on
n’observe pas de phénomène d’entraîne-
ment analogue. Les activités liées à l’éco-
nomie de proximité, généralement appelées
« présentielles » ou « abritées », comptent
trop peu dans le volume d’affaires ou les
achats des entreprises exposées pour en
infléchir les revenus et la compétitivité.
Illustrons cette idée à partir de l’exemple
de l’entreprise Bohin, dernier fabricant
d’aiguilles et d’épingles en France. La
Manufacture Bohin 3
, qui exporte 25 % de
sa production et accueille dans son musée
quelque 15 000 visiteurs par an, génère
assurément des retombées importantes
pour la ville de Saint-Sulpice-sur-Risle
où se trouve l’entreprise. Par contre, les
couturiers de cette petite commune nor-
mande (1 700 habitants) occupent une place
marginale dans le carnet de commande
de Bohin.
24. L’étonnante disparité des territoires industriels22
Bien sûr, l’emploi industriel n’est pas
le seul moteur de l’emploi non-indus-
triel. Certains territoires développent leur
industrie en même temps qu’ils perdent
des emplois dans le reste de l’économie
locale, comme le montre la Figure 3. In-
versement, les nombreuses observations
dans le quadrant nord-ouest de celle-ci
révèlent qu’il existe des territoires dans
lesquels les pertes d’emplois industriels
s’accompagnent de créations dans le
secteur tertiaire. Par exemple, le vieillis-
sement de la population ou le tourisme
peuvent favoriser les créations d’emplois
de proximité dans les espaces côtiers tout
en pénalisant les entreprises industrielles
qui peinent à recruter ou à maintenir leur
compétitivité-coût.
En outre, cet effet d’impulsion peut varier
selon les périodes et le type d’emplois créés.
De nombreux travaux ont notamment mis
en évidence que l’effet multiplicateur des
industries de haute-technologie est plus fort
(Moretti, 2010 ; Moretti et Thulin, 2013 ;
Wang et Chanda, 2018), parce que les en-
treprises concernées versent des salaires en
moyenne plus élevés que celles de basse-
technologie. L’étude la plus récente à ce su-
jet, centrée sur les États-Unis, indique que
cet effet multiplicateur y est deux fois plus
élevé que dans les autres secteurs (Bartik et
Sotherland, 2019).
Cet effet varie également en fonction
des caractéristiques des bassins d’emploi
(Moretti, 2011). En particulier, un territoire
y = 0,1342x + 2,9454
R² = 0,0788
–15
–10
–5
5
10
15
20
–40 –30 –20 –10 10 20 30 40
Variationdel’emploinon-industriel
Variation de l’emploi industriel
Vitry le F.
Figeac
Rambouillet
Longwy
St Quentin
en Y.
Figure 3 – Comparaison des variations de l’emploi salarié industriel
et non-industriel entre 2009 et 2015 (en %)
Source : Acoss.
25. Chapitre 1. La diversité des territoires industriels 23
enclavé, au plein emploi ou proposant une
faible offre de logements aura des difficul-
tés à convertir son dynamisme industriel
en créations d’emplois. L’étude précitée de
Bartik et Sotherland montre en revanche,
toujours dans le cas des États-Unis, que
l’effet d’entraînement n’augmente pas avec
la taille du bassin d’emploi (hormis pour les
industries de haute-technologie).
Quoi qu’il en soit, l’industrie et, plus géné-
ralement, le continuum des activités indus-
trialo-servicielles exposées à la compétition
mondiale jouent un rôle important dans
l’évolution de l’emploi local. Ce constat
justifie l’intérêt des travaux visant à mesu-
rer, à comprendre, et à anticiper les évolu-
tions de ces activités dans les territoires.
3. La performance
des territoires échappe
aux prédictions
macroscropiques intuitives
L’observation des créations et destructions
d’emplois industriels vient démentir plu-
sieurs intuitions que l’on pourrait nourrir
à ce sujet.
Premièrement, comme le montre la
Figure 4, aucune corrélation claire ne peut
être dégagée entre le nombre initial d’em-
plois industriels sur un territoire et sa va-
riation. On peut donc renvoyer dos à dos
deux thèses couramment entendues dans
le débat public : d’une part, les grands
–40
–30
–20
–10
0
10
20
30
40
100 1 000 10 000 100 000 1 000 000
Tauxdevariationdel'emploidansl'industrie
Nombre d'emplois dans l'industrie (échelle logarithmique)
y = 1E-0,5x - 6,3277
R² = 0,0008
Figure 4 – Base industrielle et variation de l’emploi
industriel entre 2009 et 2015
Source : Acoss.
26. L’étonnante disparité des territoires industriels24
bassins d’emploi industriels ne sont pas
particulièrement condamnés au déclin et,
d’autre part, on n’observe pas non plus de
prime à la grandeur sous l’effet des écono-
mies d’agglomération.
Les grands bassins d’emploi in-
dustriels ne sont pas particulièrement
condamnés au déclin.
Ensuite, on observe que la spécialisation
sectorielle des territoires n’a souvent, à
son tour, qu’un effet limité sur leur trajec-
toire. Pour le montrer, on peut mener une
analyse structurelle-résiduelle (Encadré 1)
qui distingue les trois composantes de
l’évolution de l’emploi local : la compo-
sante nationale qui relève d’évolutions
supralocales (taux de change, santé éco-
nomique de nos partenaires commerciaux,
évolution du salaire minimum, change-
ment dans les habitudes de consomma-
tion, etc.), la composante structurelle qui
procède d’effets de spécialisation, et la
composante résiduelle ou géographique
reflétant la dynamique propre de chaque
territoire sous l’effet des conditions éco-
nomiques locales. Ces dernières sont de
natures très diverses, depuis le prix du fon-
cier et la disponibilité de la main-d’œuvre,
en passant par le climat et la géographie,
jusqu’aux infrastructures de transport,
l’accès à la recherche et à l’enseignement,
4. Il est important de ne pas confondre les groupes et les très grandes entreprises. Depuis l’application de la consolidation des
résultats aux entreprises de moins de 250 salariés, la structuration en groupe n’est plus synonyme de très grosse entité ; les
microgroupes peuvent avoir un effectif total de 250 salariés. Dans les analyses qui suivent, le critère de la taille de l’établissement ou
de l’entreprise traduit des économies d’échelle, tandis que la structure juridique reflète un mode de gouvernance et de management.
la qualité de la gouvernance et des rela-
tions clients-fournisseurs, etc. La présence
d’un pôle de compétitivité, d’un maillage
dense de petites entreprises, d’établis-
sements de groupes 4
ou bien encore de
leaders incarnant le territoire peut consti-
tuer un avantage comparatif renforçant le
poids de cet effet local.
L’analyse structurelle-résiduelle révèle
que l’évolution de l’emploi industriel
dans les territoires est d’abord déterminée
par les conditions macroéconomiques :
la composante nationale explique en
moyenne 52 % de sa variation locale. Ces
déterminants macroéconomiques corres-
pondent, par exemple, à la dynamique de
la productivité dans l’industrie, à l’évo-
lution de la structure des dépenses des
consommateurs ou encore à la concur-
rence internationale.
L’évolution de l’emploi indus-
triel dans les territoires est d’abord
déterminée par les conditions macro-
économiques.
La spécialisation sectorielle, quant à elle,
n’explique en moyenne que 10 % des va-
riations de l’emploi industriel local et ne
domine dans aucune zone d’emploi. Au-
trement dit, une croissance plus forte de
l’emploi industriel dans un territoire n’est
27. Chapitre 1. La diversité des territoires industriels 25
jamais le reflet d’une plus forte concentra-
tion des secteurs les plus dynamiques ; tout
comme des destructions d’emplois parti-
culièrement marquées au niveau local ne
découlent pas nécessairement d’une forte
présence des secteurs identifiés comme
étant en déclin sur le plan national.
5. L’effet local joue un rôle plus important (55 % de la variation de l’emploi local) lorsque l’on regarde l’emploi total, en raison
du poids important des secteurs abrités de la concurrence internationale, moins dépendants des conditions macroéconomiques.
À l’inverse, l’effet local explique 38 %
des variations de l’emploi dans les terri-
toires 5
et domine dans 122 zones d’emploi
(soit 40 % de l’échantillon). Ce pourcen-
tage peut s’élever à plus de 70 % pour des
zones d’emploi comme Figeac, Longwy,
Lunéville, Houdan ou Issoire.
L’analyse structurelle-résiduelle ou shift-share est une méthode d’analyse régionale
standard. Elle détermine la part de la variation de l’emploi, dans une unité spatiale au
cours d’une période donnée, attribuable aux tendances nationales macroscopiques
et sectorielles, et permet donc d’isoler la part résiduelle de cette évolution.
Soit ETsz
la variation de l’emploi dans le secteur s de la zone d’emploi z. Elle est égale
à la somme de la tendance générale de l’économie, de la composante sectorielle
nationale et de l’effet local sectoriel :
ETs,z
= EN + ESs
+ ELs,z
ELs,z
est l’effet local du secteur s dans la zone d’emploi z.
ELz
= ∑s
Ps,z
ELs,z
, oùPs,z
est le poids du secteur s dans la zone d’emploi z (∑s
Ps,z
= 1), est
l’effet local de la zone d’emploi z. Notons que l’effet peut être positif même si l’emploi
local diminue ; cela indique alors que le déclin local est inférieur au déclin national.
Les résultats de l’analyse shift-share sont sensibles à la période et au découpage sec-
toriel retenus. Dans notre cas, il est probable qu’une partie de l’« effet local » mesure en
réalité des dynamiques infra-sectorielles, en particulier dans l’industrie. Par exemple,
notre découpage sectoriel ne nous permet pas de tenir compte du fait que dans le
textile, alors que la fabrication de vêtements connaît des difficultés, celle de fibres
techniques se porte bien.
Pour aller plus loin : Levratto N. et Carré D. (2013), « La croissance des établissements
industriels : une question de localisation », Région et Développement, n° 38, pp. 93-120.
Encadré 1 – Mesurer l’effet local à partir d’une analyse
structurelle-résiduelle
28. L’étonnante disparité des territoires industriels26
Effet local
Tendance nationale
Figure 5 – Principal déterminant de l’évolution de l’emploi industriel local
sur la période 2009-2015
Source : Acoss, calculs des auteurs. Réalisé avec Philcarto.
La Figure 6 représente la variation de
l’emploi attribuée à l’effet local pour
chaque zone d’emploi. En premier lieu,
on remarque la similitude générale de
cette carte avec celles présentées aux
figures 1 et 2. On constate à nouveau que
des groupes de territoires contigus par-
tagent des dynamiques similaires. Les
territoires à effet local positif (en vert) se
retrouvent le plus souvent à l’ouest, dans
le sud et en Rhône-Alpes, tandis que ceux
qui présentent un effet local négatif sont
majoritairement localisés dans le nord et
le centre de la France. On ne peut néan-
moins pas parler de déterminisme régio-
nal : des territoires, comme Dunkerque
ou Valenciennes, ont un effet local positif
dans des régions où les effets locaux sont
plutôt négatifs, tandis que d’autres (Corte,
Fontenay-le-Comte, etc.), implantés dans
de vastes zones à effet local positif, pré-
sentent un taux négatif.
29. Chapitre 1. La diversité des territoires industriels 27
Cette importance du rôle joué par l’effet
local dans la variation de l’emploi va dans
le sens des observations réalisées depuis
une vingtaine d’années sur les systèmes
productifs territoriaux. Rétrospectivement,
ces études montrent même que ce poids
de l’effet local s’accroît 6
, en parallèle d’un
effacement de la composante structurelle
(Bonnet, 1997 ; Gaigné et al., 2005).
6. La contribution moyenne de l’effet local à la variation de l’emploi total était de 40 % sur la période 2000-2009 et de 55 %
sur la période 2009-2015. Pour une analyse de la première décennie des années 2000, voir Levratto, Carré et Lievaut (2013).
Une croissance plus forte de
l’emploi industriel dans un territoire
n’est jamais le reflet d’une plus forte
concentration des secteurs les plus
dynamiques.
supérieure à 14%
de 5% à 14%
de 0% à 5%
de –5% à 0%
de –13% à –5%
inférieure à –13%
Figure 6 – Variation de l’emploi industriel due à l’effet local par zone
d’emploi (2009-2015)
Source : Acoss, calculs des auteurs. Réalisé avec Philcarto.
30. L’étonnante disparité des territoires industriels28
4. L’effet local est déterminant
pour les territoires fortement
industriels
Nous cherchons maintenant à mieux com-
prendre cet effet local en examinant un
échantillon de zones d’emploi, sélection-
nées pour l’importance de leur industrie.
Parmi les 141 zones d’emploi dont les
noms correspondent aux « Territoires d’in-
dustrie » labellisés par le Gouvernement,
nous retenons les 30 zones qui comptent
au moins 28 % d’emplois industriels ou
qui totalisent plus de 10 000 emplois in-
dustriels. Comme le montre la Figure 7,
les territoires les plus petits sont aussi les
plus spécialisés alors que les plus grands,
7. L’effet national n’est pas représenté sur le graphique car sa valeur est identique pour toutes les ZE.
plus diversifiés, comprennent une part
d’emploi industriel un peu plus faible.
La Figure 8 présente la décomposition de
la croissance de l’emploi industriel 7
dans
ces trente zones. L’effet structurel y est
presque systématiquement négatif puisque,
sur la France entière, la plupart des secteurs
industriels, à la maille sectorielle retenue,
ont perdu des emplois sur la période étu-
diée. C’est l’ampleur de l’effet local qui
distingue surtout ces territoires les uns des
autres. Certaines zones d’emploi comme
Figeac, Issoire, Vitré et Ancenis bénéficient
ainsi d’un fort effet local positif. D’autres
telles que la Pithiviers, Béthune-Bruay ou
Charleville-Mézières sont à l’inverse péna-
lisées par leurs spécificités locales.
0%
10%
20%
30%
40%
50%
5 000 10 000 15 000 20 000 25 000 30 000 35 000 40 000
Nombre d'emplois industriels
Partdel’industriedansl’emploitotal
St Omer
Laval Valenciennes
Belford-Montbéliard
Cholet
La Ferté Bernard
V. Bresle Vimieu
Nombre et part des emplois industriels dans l’emploi local en 2012
Figure 7 – Échantillon de trente zones d’emploi, territoires d’industrie
Source : Acoss.
31. Chapitre 1. La diversité des territoires industriels 29
–30% –20% –10% 0% 10% 20% 30% 40% 50%
Vitré
Vienne - Roussillon
Vallée de l'Arve
Vallée de la Bresle - Vimeu
Valenciennes
Thiers
Segré
Saverne
Sarreguemines
Saint-Omer
Saint-Claude
Sablé-sur-Sarthe
Pithiviers
Oyonnax
Nogent-le-Rotrou
Montbard
Molsheim - Obernai
Laval
La Ferté-Bernard
Issoudun
Issoire
Haguenau
Flers
Figeac
Cholet
Châtellerault
Charleville-Mézières
Béthune - Bruay
Belfort - Montbéliard - Héricourt
Ancenis
Effet local Effet structurel Effet observé
Figure 8 – Décomposition de la variation de l’emploi industriel
entre 2009 et 2015
Source : Acoss, calculs des auteurs.
32. L’étonnante disparité des territoires industriels30
–30% –20% –10% 0% 10% 20% 30%
Fabrication de denrées alimentaires, de boissons
et de produits à base de tabac
Fabrication de textiles, industries de l'habillement,
industrie du cuir et de la chaussure
Travail du bois, industries du papier et imprimerie
Fabrication de produits en caoutchouc et en plastique
ainsi que d'autres produits minéraux non métalliques
Métallurgie et fabrication de produits métalliques
à l'exception des machines et des équipements
Fabrication de machines et équipements n.c.a.
Fabrication de matériels de transport
Autres industries manufacturières ;
réparation et installation de machines et d'équipements
Nogent-le-Retrou (Eure-et-Loir)
Fabrication de machines et équipements n.c.a.
Fabrication de matériels de transport
Autres industries manufacturières ;
réparation et installation de machines et d'équipements
Molsheim-Obernai (Bas-Rhin)
Figure 9 – « Effets locaux sectoriels » ou variations locales de l’emploi
corrigées des moyennes nationales par secteur, entre 2009 et 2015
Parvenus à ce stade de l’analyse, on pour-
rait penser que ces territoires bénéficient
chacun d’une vitalité propre, profitant uni-
formément à toute leur économie locale.
Ce serait erroné. En effet, comme le montre
la Figure 9, les effets locaux propres aux
différents secteurs d’activité – ou, plus pré-
cisément, les variations locales de l’emploi
corrigées des moyennes nationales pour
chaque secteur – sont très variables au
sein d’une même zone d’emploi, ici sur la
base des exemples de Nogent-le-Rotrou et
Molsheim-Obernai. Dans le premier cas,
l’effet local est positif tous secteurs confon-
dus, à l’image de la métallurgie ou de la
plasturgie par exemple, mais la réparation
de machines et les industries agroalimen-
taires (IAA) présentent des effets locaux
négatifs. Dans le second, l’effet local est
négatif en dépit d’effets locaux positifs
pour la métallurgie, la plasturgie ou le
textile. Cela peut découler des stratégies
d’entreprises, des spécialisations produc-
tives, ou encore d’un positionnement plus
ou moins avantageux au sein de la chaîne
de valeur.
33. Chapitre 1. La diversité des territoires industriels 31
–30% –20% –10% 0% 10% 20% 30%
Fabrication de denrées alimentaires, de boissons
et de produits à base de tabac
Fabrication de textiles, industries de l'habillement,
industrie du cuir et de la chaussure
Travail du bois, industries du papier et imprimerie
Fabrication de produits en caoutchouc et en plastique
ainsi que d'autres produits minéraux non métalliques
Fabrication de denrées alimentaires, de boissons
et de produits à base de tabac
Fabrication de textiles, industries de l'habillement,
industrie du cuir et de la chaussure
Travail du bois, industries du papier et imprimerie
Fabrication de produits en caoutchouc et en plastique
ainsi que d'autres produits minéraux non métalliques
Métallurgie et fabrication de produits métalliques
à l'exception des machines et des équipements
Fabrication de machines et équipements n.c.a.
Fabrication de matériels de transport
Autres industries manufacturières ;
réparation et installation de machines et d'équipements
–30% –20% –10% 0% 10% 20% 30% 40%–40%–50%
Molsheim-Obernai (Bas-Rhin)
Source : Acoss.
On peut compléter l’illustration de ce phé-
nomène en comparant, cette fois, tous les
territoires de l’échantillon pour deux sec-
teurs spécifiques (voir Figure 10). Pour
la fabrication de matériels de transport,
les divergences sont particulièrement
marquées : plus de 100 points de pourcen-
tage séparent les effets sectoriels locaux
de Molsheim-Obernai et de Charleville-
Mézières. La diversité des trajectoires
locales est également frappante dans le
cas des industries agroalimentaires, par
exemple entre Segré et Issoudun d’un
côté, et La Ferté-Bernard ou Nogent-le-
Rotrou de l’autre.
Les effets locaux propres aux dif-
férents secteurs d’activité – ou, plus
précisément, les variations locales
de l’emploi corrigées des moyennes
nationales pour chaque secteur – sont
très variables au sein d’une même
zone d’emploi.
34. L’étonnante disparité des territoires industriels32
– 30 % – 20 %– 10 % 0 % 10 % 20 % 30 %
Vitré
Vienne - Roussillon
Vallée de l'Arve
Vallée de la Bresle - Vimeu
Valenciennes
Thiers
Segré
Saverne
Sarreguemines
Saint-Omer
Saint-Claude
Sablé-sur-Sarthe
Pithiviers
Oyonnax
Nogent-le-Rotrou
Montbard
Molsheim - Obernai
Laval
La Ferté-Bernard
Issoudun
Issoire
Haguenau
Flers
Figeac
Cholet
Châtellerault
Charleville-Mézières
Béthune - Bruay
Belfort - Montbéliard - Héricourt
Ancenis
Industries alimentaires et boissons
–80% –60% –40% –20% 0% 20% 40%
Fabrication de matériels
de transport (CL)
Figure 10 – Effets locaux sectoriels pour la fabrication de matériels
de transport et les industries agroalimentaires, entre 2009 et 2015
Source : Acoss.
35. Chapitre 1. La diversité des territoires industriels 33
En conclusion de ce chapitre, retenons
que l’hétérogénéité des territoires face à
la création d’emplois nous conduit à en
chercher les moteurs les plus efficaces,
notamment pour ce qui concerne l’emploi
industriel. Il apparaît que ni la taille des
zones d’emploi ni les spécialisations sec-
torielles, qu’elles soient favorables ou dé-
favorables à l’échelle du pays, ne sont de
nature à expliquer ces variations de ma-
nière convaincante. On est donc conduits
à examiner le contenu et les déterminants
des effets locaux, qui s’avèrent prépondé-
rants. C’est l’objet du chapitre suivant.
Ni la taille des zones d’emploi
ni les spécialisations sectorielles ne
sont de nature à expliquer les varia-
tions de l'emploi industriel de manière
convaincante.
37. 35
CHAPITRE 2
Comprendre les ressorts de la performance
des territoires
8. Levratto, Carré et Lievaut (2013) avaient déjà mis en évidence de tels écarts sur la période 2000-2009. Marjolaine
Gros-Balthazard (2018) montre, en cartographiant l’évolution de l’emploi industriel au niveau des bassins de vie entre 1975 et
2012, que la diversité des trajectoires industrielles se vérifie également sur une longue période.
9. Cette expression est attribuée à Emmanuel de Martonne, qui l’a utilisée pour désigner une bande aride traversant la cordillère
des Andes depuis le désert d’Atacama jusqu’à la Patagonie. Elle aurait été transposée à la France par Roger Béteille, géographe
spécialiste du monde rural. Les géographes du groupe Reclus l'ont reprise pour désigner les régions rurales dépeuplées allant
de la Lorraine à l’Aquitaine.
10. Les travaux de l’école de la proximité (Bouba-Olga et Grossetti, 2015 ; Colletis et Pecqueur, 1995) et les approches
institutionnalistes (voir l'introduction générale de Carré et Levratto, 2011) ont contribué à la remettre en cause.
Le chapitre précédent a montré la grande
diversité des dynamiques territoriales de
création et destruction d’emplois au cours
de la période 2009-2015. Il confirme, à une
maille territoriale plus fine et sur la période
récente, des analyses plus anciennes 8
qui
mettaient déjà l’accent sur l’existence
d’une « diagonale aride » 9
et sur la dyna-
mique des zones côtières, le long de la Mé-
diterranée et de l’arc atlantique notamment.
Une vaste littérature, dite de la nouvelle
économie géographique, cherche surtout
à expliquer ces écarts de performance par
les gains d’agglomération, conduisant les
firmes à s’implanter dans les zones denses.
Ce primat des effets externes d’agglomé-
ration est cependant régulièrement remis
en cause par des recherches mettant en
relief des facteurs explicatifs alternatifs ou
complémentaires 10
. C’est pourquoi nous
pensons que cette lecture est incomplète
et qu’une part significative de la dyna-
mique d’un territoire résulte également de
la combinaison de ressources matérielles,
immatérielles et des pratiques stratégiques
des individus et des organisations. Ainsi
adoptons-nous, dans ce chapitre dédié à la
recherche des facteurs explicatifs de l’ef-
fet local, une approche globale.
38. 36 L’étonnante disparité des territoires industriels
1. Les créations d’emplois
sur un territoire dépendent
de trois catégories de facteurs
Cette section présente les déterminants de
l’emploi le plus souvent mis en évidence
par les travaux d’économie géographique.
Ces travaux sont nombreux, qu’il s’agisse
de vérifications empiriques d’hypothèses
formulées dans les modèles théoriques
(théorie de la base, effets d’agglomération,
traction par la demande, etc.) ou des ap-
proches d’emblée empiriques. Les régions,
les groupes de pays, les périodes et les
mailles spatiales sur lesquels ils portent va-
rient sensiblement ; surtout, ils débouchent
sur des résultats différents, parfois contra-
dictoires, qui nourrissent d’intenses débats.
Sont ici répertoriés les facteurs le plus sou-
vent analysés et dont nous chercherons à
évaluer l’influence dans la section suivante.
1.1 Les dotations matérielles
et immatérielles
La première catégorie de facteurs expli-
catifs des trajectoires territoriales de
développement correspond aux dotations
matérielles (géographie, infrastructures,
technologies) et immatérielles du terri-
toire. En ce qui concerne les éléments
plus immatériels, plus « invisibles »
(Doeringer, Terkla et Topakian, 1987),
on peut citer l’histoire des territoires
11. Callois (2006) le définit comme l’ensemble des institutions formelles ou informelles qui facilitent la coopération entre acteurs.
(Séri, 2003), la qualité des liens socio-
économiques ou du capital social 11
. Ils
sont résumés par le concept de « capital
territorial » (voir, parmi de nombreuses
références, Camagni et Capello, 2013 ;
Perucca, 2014).
L’écart de performance entre ter-
ritoires tient en partie à la capacité,
variable, des acteurs locaux à gérer les
conflits, créer des espaces de dialogue,
dégager des solutions gagnant-gagnant,
trouver des compromis, etc.
En particulier, la qualité des échanges entre
acteurs constitue un facteur important de
performance des territoires. Comme l’ont
montré les recherches sur l’économie de
proximité (Colletis et Pecqueur, 1995 ;
Zimmermann, 2002), il ne suffit pas que
les acteurs soient proches pour qu’ils
coopèrent. Autrement dit, l’écart de per-
formance entre territoires tient en partie
à la capacité, variable, des acteurs locaux
à gérer les conflits, créer des espaces de
dialogue, dégager des solutions gagnant-
gagnant, trouver des compromis, etc.
39. 37Chapitre 2. Comprendre les ressorts de la performance des territoires
1.2 Les caractéristiques du tissu
économique local
Le deuxième ensemble de déterminants
concerne les caractéristiques de l’appareil
productif local – qui dépassent la ques-
tion de la composition sectorielle étudiée
au chapitre précédent – et plus spécifi-
quement la nature des activités écono-
miques, leur degré de concentration et de
spécialisation.
Une partie de la littérature, qui fait de l’es-
pace un déterminant de la croissance des
firmes(AudretschetDohse,2007 ;Behrens
et Thisse, 2007), insiste sur la concentra-
tion des activités, la dimension des villes
et, enfin, sur les économies d’aggloméra-
tion comme facteurs de performance des
territoires. À l’origine des effets d’agglo-
mération, on trouve principalement la
dimension des marchés, la qualité des
facteurs, notamment du travail ou la cir-
culation de l’information. Les recherches
qui se rattachent au courant de la nouvelle
économie géographique considèrent que
les mécanismes d’agglomération consti-
tuent le moteur essentiel de la perfor-
mance des territoires (Baldwin et Martin,
2004 ; Martin et al., 2011) et qu’ils béné-
ficient également aux territoires alentours
(Bishop,2008 ;SchalteggeretZemp,2003)
à travers des mécanismes de diffusion ou
de spillovers spatiaux. Ces thèses trouvent
une confirmation empirique dans les ana-
lyses de Combes, Duranton, Gobillon
et Roux (2010) ou Combes, Magnac et
Robin (2004) réalisées à partir de données
portant sur les villes, les aires urbaines,
les zones d’emploi ou les départements
français.
Ce lien entre densité et performance n’est
toutefois pas systématique. La nature des
activités, la volonté et la capacité des
acteurs à coopérer ou encore la « culture
locale » introduisent des éléments facili-
tateurs ou au contraire des obstacles à la
création et à la diffusion des économies
d’agglomération. Par exemple, on peut
montrer que l’agglomération de firmes fa-
vorise la croissance locale à condition que
les entreprises en présence entretiennent
des liens techniques ou commerciaux
(Boschma, 2005 ; Boschma et Iammarino,
2009 ; Zimmermann, 2002).
1.3 Le type de firmes et leurs
stratégies
Le troisième ensemble de facteurs
concerne les caractéristiques des entre-
prises, telles que leur âge, leur taille
ou encore leur statut. Par exemple, les
entreprises appartenant à des groupes
peuvent bénéficier d’avantages (accès
aux ressources, au marché, etc.) mais
aussi subir des contraintes (pressions sur
le partage de la valeur ajoutée, choix de
localisation à l’extérieur du territoire,
etc.). Différentes recherches empiriques
(Hecquet et Lainé, 1998), montrent ainsi
que les disparités de croissance entre
zones d’emplois sont corrélées aux moda-
lités dominantes d’organisation des firmes
40. 38 L’étonnante disparité des territoires industriels
industrielles (grands ou petits établisse-
ments) et de leur gouvernance (firmes in-
dépendantes ou groupes, groupes français
ou étrangers).
2. L’influence des territoires
avoisinants
Un territoire ne constitue pas un système
clos : il s’inscrit dans un ensemble spatial
plus large où s’opèrent des transferts de
richesse, de biens, de main-d’œuvre, etc.
Les relations avec les autres territoires
influencent la performance à travers de
multiples phénomènes (Vanier, 2013).
Certains sont liés à la proximité géogra-
phique, comme les effets de diffusion, de
ruissellement, de captation, etc. D’autres
concernent essentiellement les relations
entre les acteurs industriels eux-mêmes
(par exemple au sein d’un groupe d’entre-
prises, d’un réseau, etc.).
Une importante littérature (Glaeser, 2011 ;
Katz et Bradley, 2013) considère ainsi
que les grands territoires métropolitains
agissent tels des moteurs pour les autres
territoires, à travers des mécanismes de
débordement ou de ruissellement. Toute-
fois, certaines analyses montrent que la
capacité d’entraînement des métropoles
sur les territoires avoisinants est loin d’être
systématique (Brunetto et Levratto, 2017).
12. L’indice I de Moran mesure l’autocorrélation spatiale des données. On parle d’autocorrélation spatiale positive lorsque les
zones d’emploi présentant une valeur élevée sont entourées d’autres zones présentant des valeurs élevées et que les zones à valeur
faible sont elles aussi entourées d’autres zones à valeur faible. L’autocorrélation spatiale est dite négative lorsque les zones à valeur
élevée sont entourées de zones à valeur faible et vice versa. L’indicateur de Moran est nul lorsqu’il n’y a aucune autocorrélation.
Si des métropoles comme Lyon, Nantes
ou Bordeaux exercent un effet de diffusion
sur les zones contiguës, il n’en est pas de
même de Montpellier ou Toulouse qui ne
semblent pas partager leur dynamique avec
les territoires alentour. Outre la proximité
géographique, d’autres phénomènes ou
formes de proximité interviennent. Elhorst
(2010) montre que les effets de déborde-
ment d’un territoire sur l’autre peuvent
passer par différents canaux, et il distingue
donc trois types d’interaction spatiale : l’in-
teraction « endogène », lorsque la décision
économique d’un agent ou d’une zone géo-
graphique va dépendre de la décision de ses
voisins, l’interaction « exogène », lorsque
la décision économique d’un agent va dé-
pendre des caractéristiques observables
de ses voisins, et enfin la corrélation spa-
tiale des effets de mêmes caractéristiques
inobservées.
La capacité d’entraînement des
métropoles sur les territoires avoisi-
nants est loin d’être systématique.
Les cartes de la Figure 11 illustrent ces
relations interterritoriales, les nuances de
bleu et de rouge traduisant la coévolution
de l’emploi salarié total et de l’emploi in-
dustriel pour les 304 zones d’emploi mé-
tropolitaines. Cette représentation repose
sur le calcul d’un indice, dit de Moran 12
,
41. 39Chapitre 2. Comprendre les ressorts de la performance des territoires
Non significatif (209)
Haut-Haut (35)
Bas-Bas (49)
Bas-Haut (6)
Haut-Bas (5)
Légende
Emploi salarié total Emploi salarié dans l’industrie
Non significatif (232)
Haut-Haut (25)
Bas-Bas (36)
Bas-Haut (4)
Haut-Bas (7)
Légende
Figure 11 – Effets de débordement de la variation de l’emploi
entre 2009 et 2015
Matrice de contiguïté d’ordre 1. Source : Acoss, 2009 et 2015. Calculs et cartographie : EconomiX.
Note : le nombre de zones d'emploi est indiqué entre parenthèses.
qui détermine si le taux de croissance de
l’emploi mesuré pour chaque territoire
est dépendant de celui de ses voisins et si
cette similitude est le fruit du hasard ou
d’un effet de débordement.
Nous pouvons tirer quatre enseignements
de ces cartes.
Premièrement, le nombre de zones pré-
sentant un effet de débordement significa-
tif tout comme le sens de ces effets sont
quasiment invariants selon que l’on consi-
dère l’emploi salarié total ou industriel. 84
zones d’emploi présentent ainsi des effets
de débordement avec leurs voisines immé-
diates lorsque l’on étudie l’emploi salarié
total. Elles sont 95 dans ce cas quand on
analyse l’emploi salarié dans l’industrie.
Deuxièmement, les effets de débordement
significatifs apparaissent inégalement ré-
partis et plutôt concentrés dans la moitié
nord du pays.
42. 40 L’étonnante disparité des territoires industriels
Troisièmement, les relations significatives
dessinent un paysage économique du type
« qui se ressemble, s’assemble » : les terri-
toires en croissance sont juxtaposés à des
zones également en croissance, tandis que
les territoires en décroissance sont eux
aussi regroupés, en d’autres endroits.Ainsi,
et selon une allure générale qui rappelle
les cartes du premier chapitre, les agglo-
mérats de territoires à dynamique posi-
tive dominent autour des métropoles de
Rennes et de Nantes, en Rhône-Alpes, au-
tour de l’estuaire de la Gironde, autour de
Marseille et en Corse, alors que, du nord-
est au centre, en passant par la Bourgogne
et en aval de Paris, dominent des regroupe-
ments de zones à dynamique négative.
Les territoires en croissance sont
juxtaposés à des zones également en
croissance, tandis que les territoires en
décroissance sont eux aussi regroupés,
en d’autres endroits.
Quatrièmement, ces cartes suggèrent que
l’effet local mis en lumière au chapitre
précédent découle en partie de l’exis-
tence de coopérations ou de dépendances
interterritoriales. En effet, en comparant la
distribution spatiale des effets de déborde-
ment et celle des effets locaux (Figure 6,
Chapitre 1) on constate que les territoires
à dynamique négative de l’emploi et en-
tourés de zones du même type se caracté-
risent également par un effet local négatif.
Au contraire, une partie du succès de la
Bretagne et du nord de la région Rhône-
Alpes au cours de cette période s’explique-
rait par la capacité des espaces à entretenir
des relations vertueuses. Il peut notam-
ment s’agir de coopération entre terri-
toires contigus, par exemple sous la forme
de contrats entre métropole et territoires
avoisinants, de réseaux de villes (Altaber
et Boutet, 2018), ou simplement de dé-
marches partenariales entre acteurs privés.
La coévolution de la performance peut
également refléter la dynamique de filières
qui s’étendraient sur plusieurs territoires.
On peut citer à cet égard les exemples de
la filière automobile de la Mecanic Valley,
qui couvre quatre départements du Sud-
Ouest (le Lot, l’Aveyron, la Corrèze et la
Haute-Vienne) ou le pôle de compétitivité
de la Cosmetic Vallée qui s’étend sur trois
régions et huit départements.
Bien sûr, la méthode statistique utilisée
n’atteste pas à coup sûr l’existence de tels
liens interterritoriaux. Il est possible que
deux territoires contigus se portent bien en
même temps simplement parce qu’ils re-
groupent les mêmes activités et font ainsi
face aux mêmes retournements ou essors
de marchés. Elle suggère cependant que
les zones d’emploi ne sont pas des îles :
les performances de chacune dépendent
souvent des conditions qui prévalent dans
les territoires voisins.
43. 41Chapitre 2. Comprendre les ressorts de la performance des territoires
3. Analyse empirique des
déterminants des variations
de l’emploi
Nous venons de voir que, selon la littéra-
ture, la performance des territoires en ma-
tière d’emploi pouvait être déterminée par
un grand nombre de facteurs, internes et
externes. Nous proposons ici d’en recher-
cher empiriquement les principaux. Le
choix des variables testées, dont nous vou-
lons évaluer l’influence, se fonde sur un
examen minutieux de la littérature (Carré
et Levratto, 2011). Il s’agit des variables
suivantes (voir le descriptif complet en
annexe 1).
Premièrement, des variables décrivant les
économies d’agglomération : il s’agit ici
de la densité en emploi et de la part de
la main-d’œuvre qualifiée dans l’emploi
total, qui permet d’approximer le stock de
connaissances présentes sur le territoire.
Ensuite, des variables reflétant la com-
position du tissu économique : sa spécia-
lisation ou, au contraire, sa diversité, sa
concentration ou sa dispersion, le poids
de l’emploi industriel, le degré d’autono-
mie du territoire mesuré par la part des
emplois dans des établissements faisant
partie de groupes d’entreprises.
13. On utilise une analyse structurelle-résiduelle pour estimer les créations d’établissements imputables aux conditions
économiques locales.
Troisièmement, une variable caractéri-
sant le « climat économique » : le taux de
chômage.
Quatrièmement, une variable précisant le
type d’activité présente sur le territoire :
présentielle ou productive. Les activités
présentielles sont principalement orien-
tées vers la satisfaction d’une demande
locale alors que les biens et services issus
des activités productives sont destinés à
un marché plus large (régional, national
ou international).
Cinquièmement, une variable captant la
dynamique entrepreneuriale des terri-
toires, mesurée par l’effet local de la créa-
tion d’établissements 13
.
Nous tenons également compte des possi-
bilités d’interdépendance spatiale, présen-
tées précédemment.
Les résultats complets des régressions
figurent en annexe 2.
3.1 Les déterminants de la variation
de l’emploi industriel
Conformément à la cartographie des
effets de débordement (voir Figure 11),
nos résultats indiquent qu’une part impor-
tante (27 % selon l’indice de Moran) de la
variation constatée du taux de croissance
de l’emploi industriel dans les territoires
44. 42 L’étonnante disparité des territoires industriels
est expliquée par sa valeur dans les zones
d’emploi voisines. Cela traduit une dépen-
dance spatiale entre les territoires analysés
sur la période 2009-2015 : les zones d’em-
ploi présentant la plus forte croissance de
l’emploi industriel – et respectivement la
plus forte diminution – sont donc spatiale-
ment dépendantes.
En corrigeant l’analyse de ces effets de
débordement, nous montrons que trois
autres indicateurs exercent une influence
significative sur l’emploi industriel local.
L’indice de Hirschman Herfindahl (HHI)
mesure le niveau de concentration de
l’emploi dans quelques établissements (au
contraire d’une répartition uniforme dans
des entreprises de tailles homogènes). Il
est corrélé positivement avec la variation
de l’emploi salarié dans l’industrie. Les
zones d’emploi dans lesquelles l’emploi
se concentre dans quelques établissements
sont donc, toutes choses égales par ail-
leurs, plus dynamiques que les autres.
Les zones d’emploi dans les-
quelles l’emploi se concentre dans
quelques établissements sont donc,
toutes choses égales par ailleurs, plus
dynamiques que les autres.
Un taux de chômage élevé est corrélé
négativement à la croissance de l’emploi
industriel. Il est néanmoins difficile de se
prononcer sur le sens de la causalité : un
taux de chômage initialement élevé peut
naturellement être le résultat d’une fragi-
lité industrielle antérieure.
Des estimations complémentaires sug-
gèrent enfin que la densité en emploi du
territoire (exprimée en nombre d’emplois
par km2
) agit de manière positive sur
l’emploi industriel entre 2009 et 2015.
Ce résultat indique que les effets d’agglo-
mération bénéficient aux activités indus-
trielles, via notamment une meilleure
diffusion des connaissances et des tech-
nologies, et la présence d’une diversité de
fournisseurs et de compétences.
3.2 Les déterminants de la variation
de l’emploi total
Les phénomènes de débordement se ré-
vèlent encore plus marqués pour l’emploi
total que pour l’emploi industriel : ils
expliquent cette fois 38 % de la variance
constatée. Des tests complémentaires
montrent que les interrelations territo-
riales ne passent pas par la valeur spatia-
lement décalée des variations de l’emploi,
mais par d’autres canaux non identifiés.
On corrige ensuite notre estimation pour
écarter l’effet de ces interrelations et dé-
gager des facteurs explicatifs nets de la
variation de l’emploi total.
Premièrement, le taux d’emploi industriel
est corrélé négativement à la variation
45. 43Chapitre 2. Comprendre les ressorts de la performance des territoires
de l’emploi salarié total (Tableau C, An-
nexe 2). Ce résultat n’est pas surprenant
eu égard au recul général de l’emploi in-
dustriel en France et en Europe.
Symétriquement, une dominance des acti-
vités relevant de l’économie présentielle,
c’est-à-dire orientée vers la satisfaction des
besoins locaux, est elle aussi corrélée néga-
tivement à la croissance de l’emploi salarié.
Cela montre que l’ouverture des économies
locales aux échanges est un enjeu impor-
tant pour l’emploi : moins le territoire est
ouvert aux échanges hors zone, moins sa
dynamique d’emploi est favorable.
Moins le territoire est ouvert aux
échanges hors zones, moins sa dyna-
mique d’emploi est favorable.
Troisièmement, le niveau de chômage
exerce un effet négatif sur la croissance
de l’emploi salarié local. Cet effet négatif
peut s’expliquer par une attrition de la de-
mande locale qui pénalise les emplois dits
de proximité. En effet, une dégradation du
marché du travail engendre une baisse de
la consommation locale qui se traduit par
un recul de la production du territoire 14
. On
ne peut cependant pas exclure, ici encore,
qu’un taux de chômage initialement élevé
reflète une fragilité économique antérieure.
14. Nous n’avons pas mentionné ce mécanisme dans la section précédente sur les déterminants de la variation de l’emploi
industriel local. En effet, l’attrition de la demande locale n’a, en théorie, qu’une influence très limitée sur l’emploi industriel qui
dépend davantage d’une demande extra-locale (cf. Chapitre 1).
La dynamique entrepreneuriale
influence positivement la croissance
de l’emploi.
La dynamique entrepreneuriale influence
positivement la croissance de l’emploi
salarié sur la période étudiée. Cet effet a
été largement documenté dans la littéra-
ture empirique (Fritsch, 2008 ; Delfmann
et Koster, 2016). La création d’entreprises
est une alternative au chômage et alimente
deux moteurs de l’emploi à long terme :
l’innovation et le développement de
compétences.
Enfin, des variantes de notre modèle éco-
nométrique de référence révèlent deux
autres résultats intéressants. D’une part,
la densité en emploi du territoire joue
de manière positive sur la croissance de
l’emploi dans les territoires, confirmant
les conclusions de travaux antérieurs sur
six régions françaises (Schmitt et Henry,
2000). D’autre part, la concentration de
l’emploi dans un faible nombre d’établis-
sements influence de manière positive la
variation de l’emploi salarié.
46. 44 L’étonnante disparité des territoires industriels
Tableau 1 – Synthèse des résultats d’estimation :
déterminants de la variation locale de l’emploi
Variable Emploi industriel Emploi total
Densité
n.s. (effet positif
selon variante)
n.s. (effet positif
selon variante)
Part de la main-d’œuvre qualifiée n.s. n.s.
Spécificité (indice de Krugman) n.s. n.s.
Concentration (indice HHI) +
n.s. (effet positif
selon variante)
Part d’établissements appartenant à des groupes n.s. n.s.
Part de l’emploi public n.s. n.s.
Part de l’emploi manufacturier n.s. –
Taux de chômage – –
Zone d’emploi présentielle n.s. –
Dynamique entrepreneuriale n.s. +
Note : ce tableau synthétise les résultats du modèle économétrique de référence (modèle SAR). Comme indiqué
dans ci-dessus, certains résultats complémentaires sont obtenus à partir de variantes et présentés en annexe 2.
Les signes indiquent que la variable à un impact significatif (positif ou négatif) sur la croissance de l’emploi indus-
triel ou de l’emploi total. L’expression « n.s. » indique que le coefficient de la variable n’est pas significativement
différent de 0.
3.3 Les déterminants de la variation
de l’emploi selon le profil productif
du territoire
Rappelons que, selon la littérature anté-
rieure, les déterminants de l’emploi local
dépendent des secteurs d’activité. Par
exemple, les gains liés à la concentration
des activités dans les zones denses
concernent surtout les services à forte in-
tensité en connaissance, tandis que la pré-
sence de grands groupes bénéficie plutôt à
l’industrie « traditionnelle ».
Afin de rendre compte de cette hétéro-
généité possible, nous proposons ici une
47. 45Chapitre 2. Comprendre les ressorts de la performance des territoires
typologie des zones d’emploi reflétant
leurs dominantes productives. Elle est
élaborée à partir des coefficients de loca-
lisation des secteurs d’activité de la « base
compétitive » (voir Encadré 2). Ce coeffi-
cient de localisation est égal à la part d’un
secteur donné dans l’emploi du territoire
rapportée à la place de ce secteur dans
l’emploi total du pays. Un coefficient de
localisation supérieur à 1 signifie qu’un
secteur est surreprésenté dans le territoire.
Une méthode statistique 15
permet alors
d’identifier quatre catégories de zones
d’emploi, dominées par des combinaisons
d’activités différentes (voir Annexe 3).
La catégorie 1 correspond aux territoires
dominés par les activités métropolitaines
(services informatiques, RD, activi-
tés scientifiques et techniques, etc.). Par
construction, cette catégorie regroupe la
plupart des métropoles françaises.
La catégorie 2 correspond aux territoires
dominés par les industries agroalimen-
taires et des secteurs plus traditionnels
comme la fabrication de textiles et l’in-
dustrie du bois. Les zones d’emploi cor-
respondant à cette classe se trouvent
surtout en Bretagne et au centre du pays.
La catégorie 3 rassemble les zones d’em-
ploi dominées par les activités de fabrica-
tion de biens intermédiaires de moyenne
et haute technologie (chimie, pharmacie,
fabrication de produits informatiques,
15. Plus précisément nous réalisons une analyse en composantes principales et une classification ascendante hiérarchique.
électroniques et optiques, etc.). Elles sont
souvent situées dans la partie picarde
des Hauts-de-France et autour de l’étang
de Berre.
La catégorie 4 rassemble des territoires
dominés par la fabrication de matériels
de transport et les industries liées (textile,
métallurgie, fabrication d’équipements
électriques). Relèvent de cette catégorie
nombre de zones d’emploi des Hauts-de-
France, de l’est du pays (dont Metz), de la
Vendée et la région Centre-Val de Loire.
Les déterminants de l’emploi local
dépendent des secteurs d’activité. C'est
pourquoi nous proposons une typolo-
gie des zones d’emplois reflétant leurs
dominantes productives.
48. 46 L’étonnante disparité des territoires industriels
C1 Territoires de services métropolitains C2 Territoires d’industries traditionnelles
C3 Territoires de fabrication de biens
intermédiaires de moyenne et haute technologie
C4 Territoires dominés par la fabrication
de matériel de transport et industries liées
Figure 12 – Typologie des zones d’emploi en fonction
de leur profil productif
Source : Acoss, 2015. Calculs et cartes : EconomiX.
Source : Acoss, calculs des auteurs.
49. 47Chapitre 2. Comprendre les ressorts de la performance des territoires
La base compétitive correspond à une conception élargie de l’industrie et regroupe
les secteurs suivants de la nomenclature d’activités française, révision 2 (NAF Rév. 2) :
- l’ensemble de l’industrie et des services aux entreprises : respectivement les indus-
tries extractives, manufacturières, la production et la distribution d’énergie et d’eau
(sections B, C, D, E) d’une part, et les services d’information et de communication,
les activités scientifiques et techniques, ainsi que les services administratifs et de
soutien (sections J, M, N) d’autre part ;
- le transport et l’entreposage de marchandises (section H) ;
- le commerce de gros (division 46 de la section G).
Ainsi définie, cette industrie « au sens large » représente 36,8 % de l’emploi national
en 2015 (Insee, comptes nationaux) contre 9,9 % pour l’industrie manufacturière
stricto sensu (section C) et 11,1 % si on lui adjoint les secteurs extractifs, la produc-
tion et la distribution d’énergie et d’eau (sections B, D, E).
Encadré 2 – La base compétitive
Cette approche différenciée des terri-
toires et de leur performance (voir les
résultats complets dans le Tableau D de
l’Annexe 2) se révèle plus riche que celle
qui privilégie systématiquement les effets
d’agglomération.
En ce qui concerne l’emploi industriel,
seules les zones d’emploi dominées par
la fabrication de biens intermédiaires de
moyenne et haute technologie (catégorie 3)
réagissent conformément à la théorie se-
lon laquelle les effets d’agglomération gé-
nèrent de la croissance. Mais elles sont par
ailleurs pénalisées par d’autres facteurs :
la variation de l’emploi industriel y est en
effet négativement liée à l’importance de
l’emploi dans le secteur public, à la part de
l’industrie et à celle des cadres et des pro-
fessions intellectuelles supérieures – ces
industries étant davantage en recherche de
techniciens. L’orientation résidentielle de
l’activité constitue également un frein à
la croissance de l’emploi, preuve supplé-
mentaire que, depuis la crise de 2009, le
modèle économique fondé sur les activi-
tés présentielles n’est plus aussi efficace
qu’il a pu l’être au début des années 2000
(Davezies, 2010).
50. 48 L’étonnante disparité des territoires industriels
En d’autres termes, le modèle de dévelop-
pement souvent associé aux métropoles
dans lequel l’agglomération favorise les
externalités de connaissance se révèle ap-
proprié à des activités techniques et tech-
nologiques. Il correspond finalement au
profil type des territoires « qui gagnent »
en combinant des effets externes d’agglo-
mération, des établissements de petite
dimension et une forte proportion d’activi-
tés privées. Il en va différemment des trois
autres types de territoires, dans lesquels
la croissance de l’emploi n’est pas signi-
ficativement liée à cette caractéristique
pourtant privilégiée par la littérature.
D’autres facteurs interviennent, souvent
négativement d’ailleurs, pour expliquer
l’évolution de l’emploi dans l’industrie.
Dans les territoires où dominent la fabrica-
tion de matériels de transport et les indus-
tries liées (catégorie 4), l’emploi industriel
est négativement influencé par le poids
des établissements de groupes (à ne pas
confondre avec les grandes entreprises,
voir note 3), par le taux de chômage et par
le caractère résidentiel des activités pré-
sentes sur le territoire.
Tableau 2 – Synthèse des résultats d’estimation : déterminants de la
variation de l’emploi industriel local par catégorie de zones d’emploi
Variable C1 C2 C3 C4
Densité n.s. n.s. + n.s.
Part de la main-d’œuvre qualifiée n.s. n.s. – n.s.
Spécificité (indice de Krugman) n.s. n.s. n.s. n.s.
Concentration (indice HHI) n.s. n.s. n.s. n.s.
Part d’établissements appartenant à des groupes – n.s. n.s. –
Part de l’emploi public – n.s. – n.s.
Part de l’emploi manufacturier n.s. n.s. – n.s.
Taux de chômage n.s. n.s. n.s. –
Zone d’emploi résidentielle n.s. n.s. – –
Dynamique entrepreneuriale n.s. n.s. n.s. n.s.
n.s. : coefficient non significatif
Note : ce tableau de signes présente les variables significativement différentes de 0 selon une estimation par les
MCO. Les zones d’emploi des différentes catégories étant disjointes, elles sont comparées à une estimation natio-
nale ne tenant pas compte des interactions spatiales.
51. 49Chapitre 2. Comprendre les ressorts de la performance des territoires
S’agissant maintenant des variations de
l’emploi total, nos résultats (Tableau E,
Annexe 2) confirment que la densité n’est ni
le seul ni le principal facteur de croissance.
Seuls deux types de territoires sur quatre
voient leur emploi local dynamisé par la
densité : ceux où dominent les industries
traditionnelles et l’agroalimentaire (caté-
gorie 2) et les activités liées à la fabrication
de matériels de transport (catégorie 4). On
retrouve donc, ici encore, l’hétérogénéité
des modèles de développement local.
Le fait pour un territoire de com-
porter une part élevée d’emploi indus-
triel ne ralentit pas nécessairement la
croissance de son emploi total.
De même, le fait pour un territoire de
comporter une part élevée d’emploi in-
dustriel ne ralentit pas nécessairement la
croissance de son emploi total. On note
sans surprise un tel effet défavorable pour
les territoires de type métropolitain (caté-
gorie 1) et ceux où dominent la fabrication
de biens intermédiaires de moyenne et de
haute technologie (catégorie 3), qui, au
cours de cette période, ont connu de nom-
breuses fermetures de sites. Dans cette
dernière catégorie, l’effet négatif de la
présence industrielle est d’ailleurs la seule
variable qui intervienne significativement
pour déterminer l’évolution de l’emploi.
Dans les deux autres types de territoires,
en revanche, l’industrie n’a pas déprimé
16. Une autre explication possible est que la zone n’a accueilli sur la période que de gros établissements qui mécaniquement
ont eu un fort impact sur l’emploi local.
l’emploi, ce qui prouve une fois de plus
que certains territoires industriels ont pu
tirer leur épingle du jeu dans une période
pourtant défavorable à l’industrie.
L’influence des autres facteurs présente la
même hétérogénéité.
Dans les territoires caractérisés par une
présence importante des services métro-
politains à forte intensité en connaissance
(catégorie 1), la variation de l’emploi est in-
versement liée aux parts initiales d’emploi
industriel et d’emploi public. La concen-
tration de l’emploi au sein de quelques
établissements, définie par l’indice de
Herfindahl-Hirschman, est elle aussi inver-
sement corrélée à la variation de l’emploi.
À cela, il y a deux raisons possibles. D’une
part, les variations de l’emploi dans les
grandes entités sont généralement pro-
cycliques (Duhautois, Levratto, et Petit,
2014) : en période de basse conjoncture,
les plus grandes entreprises ont davantage
tendance à réduire leurs effectifs que les
petites. D’autre part, la concentration de
l’emploi dans les grands établissements
réduit la concurrence dans ces zones et, par
ce biais, entrave l’installation de nouvelles
entreprises, conformément à l’hypothèse
de Porter (1979). Inversement, lorsque
de nouvelles entreprises s’installent ou se
créent, elles dynamisent fortement l’em-
ploi 16
comme l’indique le fort coefficient
positif associé aux créations d’établisse-
ments dans ces territoires.
52. 50 L’étonnante disparité des territoires industriels
Cette influence négative de la concentration
ne se retrouve pas dans les territoires domi-
nés par les industries agroalimentaires et
les secteurs plus traditionnels (catégorie 2)
qui ont, au contraire, tendance à en bénéfi-
cier. La structure très duale du secteur des
IAA permet de comprendre ce résultat.
En effet, les grandes entreprises jouent un
rôle moteur dans la plupart des évolutions
affectant le secteur. Réalisant un effort de
RD supérieur à celui des PME, elles sont
à l’origine de la majeure partie des innova-
tions technologiques importantes. Bénéfi-
ciant de leur extension internationale, elles
jouent un rôle important dans les transferts
internationaux de savoir-faire. Enfin, for-
tement intégrées aux chaînes internatio-
nales de valeur, elles sont caractérisées par
une productivité du travail élevée et une
17. Les difficultés rencontrées par une partie de la filière de la viande en Bretagne (faillites de Doux et Gad) sont deux contre-exemples.
croissance marquée 17
. Indirectement, elles
exercent des effets d’entrainement sur des
secteurs connexes par leur fort recours à la
sous-traitance. Ces territoires ont cependant
pu voir leur trajectoire s’infléchir au cours
de la période étudiée, comme le rappelle
l’influence négative du taux de chômage
sur la variation de l’emploi : la variation de
l’emploi y est d’autant plus élevée que le
taux de chômage initial est faible.
Enfin, le taux de chômage, le caractère
présentiel de l’économie locale, le taux
d’emploi public et le poids des filiales de
groupes sont négativement associés à la
croissance de l’emploi dans les territoires
de la catégorie 4, où prédominent la fabri-
cation de matériels de transport et les in-
dustries liées.
53. 51Chapitre 2. Comprendre les ressorts de la performance des territoires
Tableau 3 – Synthèse des résultats d’estimation : déterminants
de la variation de l’emploi total local par catégorie de zones d’emploi
Variable C1 C2 C3 C4
Densité n.s. + n.s. +
Part de la main-d’œuvre qualifiée n.s. n.s. n.s. n.s.
Spécificité (indice de Krugman) n.s. n.s. n.s. n.s.
Concentration (indice HHI) – + n.s. n.s.
Part d’établissements appartenant à des groupes n.s. n.s. n.s. –
Part de l’emploi public – n.s. n.s. –
Part de l’emploi manufacturier – n.s. – n.s.
Taux de chômage n.s. – n.s. –
Zone d’emploi résidentielle n.s. n.s. n.s. –
Dynamique entrepreneuriale + n.s. n.s. n.s.
n.s. : coefficient non significatif
Note : ce tableau de signes présente les variables significativement différentes de 0 selon une estimation par les
MCO. Les zones d’emploi des différentes catégories étant disjointes, elles sont comparées à une estimation nationale
ne tenant pas compte des interactions spatiales.
55. 53
Conclusion
Si l’industrie française a globalement perdu des emplois au cours de la dernière décennie,
certains territoires ont connu un développement industriel florissant. En étudiant les varia-
tions locales de l’emploi industriel sur la période allant de 2009 à 2015 nous avons cherché
à mieux comprendre les ressorts de la performance territoriale.
La diversité des trajectoires montre qu’il n’y a pas de fatalité territoriale : de nombreux
territoires déjouent les conjonctures régionales en créant nettement plus d’emplois in-
dustriels – ou en perdant davantage – que leurs voisins. Surtout, l’analyse rejette l’hy-
pothèse d’une fatalité sectorielle. Une croissance plus forte de l’emploi industriel dans
un territoire n’est jamais le reflet d’une plus forte concentration des secteurs les plus
dynamiques ; il en va de même pour l’influence des secteurs en déclin.
Les conditions économiques locales s’avèrent donc prépondérantes. Dans certains bas-
sins d’emploi, l’effet « local » explique plus de 70 % des variations de l’emploi industriel.
L’effet local d’un territoire n'est d’ailleurs pas uniforme : il peut être fortement positif
dans un secteur d’activité et assez faible voire négatif dans un autre.
Une analyse économétrique permet d’identifier certains déterminants de l’emploi local. Le
meilleur prédicteur de l’évolution de l’emploi industriel semble être la performance indus-
trielle des territoires alentours. À l’ouest et au sud de la France, dans le nord des Alpes
et en Île-de-France, on observe des agglomérats de territoires à dynamique de l’emploi
industriel positive, alors que le quart nord-est du pays est dominé par des regroupements
de zones à dynamique négative. Un territoire prospère stimulerait donc non seulement la
demande en services de proximité chez ses voisins, mais aussi l’industrie (fournisseurs,
sous-traitants). Nous montrons également que les différents déterminants de l’emploi ont
des effets contrastés selon les combinaisons d'activités présentes dans les territoires. Les
effets d’agglomération par exemple, prévalent surtout dans les territoires spécialisés dans
des industries à forte intensité en connaissance.
Puisque les caractéristiques quantifiables des territoires examinés ne permettent de prédire
leur performance, la suite de nos travaux tentera, à l’aide d’études de terrain de mettre en
lumière des déterminants plus qualitatifs comme l’efficacité des institutions et des coopéra-
tions entre acteurs divers.
56. 54 L’étonnante disparité des territoires industriels
POINT DE VUE
Renforcer l’adéquation entre filières
industrielles, territoires et formation
Par Gabriel Artero, président de la Fédération de la métallurgie CFE-CGC
et membre du Conseil d’orientation de La Fabrique de l’industrie
Je me félicite que la Fabrique de l’industrie ait pu se saisir de ce sujet pour expliquer
« L’étonnante disparité des territoires industriels. Comprendre la performance et le déclin ».
La Fédération de la Métallurgie CFE-CGC que j’ai l’honneur de présider reste attachée
à défendre l’industrie, ses emplois et ses salariés, que ce soit dans les grands groupes, les
PME-PMI ou les entreprises de taille intermédiaire (ETI). La branche Métallurgie qui pèse
près de la moitié de l’industrie, avec ses 1,5 millions de salariés, est constituée de 42 000
entreprises de toute taille. Parmi celles-ci, 80 % des établissements ont moins de 50 salariés
et 9 % sont des ETI. La France est donc bien essentiellement composée d’un tissu industriel
de PME-PMI.
La mission « Territoires d’industrie » initiée par le gouvernement a pu identifier des terri-
toires qui bénéficient d’une aide au développement déployée en région. L’objectif de cette
mission étant de compléter l’approche par filière et une optique territoriale, dans laquelle
tous les territoires sont concernés, et pas seulement ceux ayant perdu des emplois ces der-
nières décennies ni ceux plus florissants. L’ambition est d’insuffler une dynamique col-
laborative soutenue par un appareil de formation en lien avec l’industrie. Un « panier de
services » comprenant une vingtaine d’actions est mis à la disposition pour répondre aux
besoins identifiés : recruter en renforçant l’offre de formation aux métiers industriels, attirer
en mobilisant les opérateurs de l’Etat pour appuyer des projets des territoires d’industrie,
innover en permettant aux PME d’accéder à la recherche et au développement, simplifier
en facilitant les demandes de dérogation administrative pour mettre en œuvre les projets.
57. Point de vue 55
Le principal moteur du développement de l’emploi dans un territoire tient bien du dyna-
misme de l’entreprise industrielle à générer de la croissance, qui ne soit pas uniquement
assise sur le territoire dans lequel elle est installée. Par ailleurs, la transformation techno-
logique à l’œuvre, aussi rapide que violente, va voir disparaître certains métiers et en faire
émerger de nombreux autres. La CFE-CGC argue de tout son poids pour mettre en avant
la nécessaire adéquation entre filières industrielles, territoires et formation pour tous. En
ce sens, la constitution d’un OPCO Industrie doit contribuer à cette transformation de nos
territoires d’industrie.
59. 57
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65. 63
Annexes
1. Approche empirique de l’analyse des déterminants
des variations de l’emploi
L’analyse des déterminants de la variation des différents types d’emplois (emploi salarié
total ou emploi salarié industriel) commence avec un modèle de régression classique
(Moindres Carrés Ordinaires ou Ordinary Least Squares).
Le modèle de régression linéaire classique s’écrit de la façon suivante :
Y = Xβ + ε (1)
Avec, Y la variable dépendante ou à expliquer, ici le taux de variation de l’emploi salarié
total ou industriel. X est le vecteur des variables explicatives répertoriées dans le Tableau
A : la densité de l’emploi local, la part locale de la main-d’œuvre qualifiée, l’indice de
spécialisation de Krugman, l’indice de concentration d’Herfindhal, autonomie de déci-
sion de l’établissement, part de l’emploi public et industriel local, taux de chômage local,
le caractère résidentiel ou productif de la zone d’emploi, et enfin la dynamique entrepre-
neuriale. β est le vecteur de paramètres à estimer et ε un terme d’erreur.
Tableau A – Variables utilisées dans les modèles
Nom de la variable Interprétation Définition Source
Variables à expliquer
(calculées par zone d’emploi)
LnVarEmpInd_0915 Variation du nombre
total d’emplois sala-
riés dans l’industrie
entre 2009 et 2015
Nombre d’emplois salariés dans
l’industrie en 2015 (logarithme) –
Nombre d’emplois salariés dans
l’industrie en 2009 (logarithme)
Insee,
Clap
LnVarEmp_0915 Variation du nombre
total d’emplois
salariés entre 2009
et 2015
Nombre d’emplois salariés en
2015 (logarithme) – Nombre d’em-
plois salariés en 2009 (logarithme)
Insee,
Clap
66. 64 L’étonnante disparité des territoires industriels
Nom de la variable Interprétation Définition Source
Variables explicatives
(calculées par zone d’emploi)
LnDens_09 Densité en emplois
en 2009
Nombre total d’emplois rapporté
à la superficie de la zone
(logarithme)
Insee,
Clap
Qualif_09 Main d’œuvre
qualifiée en 2009
Part de cadres et professions
intellectuelles supérieures dans
l’emploi total
Insee,
Clap
Krugman_09 Indice synthétique
de la spécificité de la
structure industrielle
d’une zone d’emploi
par rapport au reste
du territoire en 2009
avec Xk
i , le nombre d’emplois
du secteur k dans la zone i ; Xi ,
l’emploi total dans la zone i ; Xk ,
le nombre total d’emplois dans le
secteur k
Insee,
Clap
HHI_09 Indice de concentra-
tion d’Herfindahl en
2009
Compris entre 1/N si tous les N
établissements sont de même
taille, et 1 lorsqu’un seul établis-
sement regroupe l’ensemble des
salariés
Insee,
Clap
TxEmplGrpes_09 Approximation
de l’autonomie de
décision des établis-
sements en 2009
Emploi salarié dans des établisse-
ments appartenant à des filiales
de groupes d’entreprises / Emploi
total
Insee,
Clap
TxEmpPubl_09 Part de l’emploi
public en 2009
Nombre d’emplois dans les 3
fonctions publiques rapporté au
nombre total d’emplois
Insee,
Clap
TxIndus_09 Part de l’emploi dans
l’industrie manufac-
turière en 2009
Nombre d’emplois salariés dans
l’industrie manufacturière y.c. IAA
/ Nombre total d’emplois salariés
dans la zone d’emploi
Insee,
Clap
Chom_09 Taux de chômage en
2009
Nombre de chômeurs / population
active
Insee,
bases ad
hoc
ZEPres Unité spatiale à do-
minante résidentielle
ou productive
Codée 1 si la ZE est à dominante
résidentielle et 0 sinon
Insee,
base ad
hoc
EffLocEtab_0915 Dynamique entrepre-
neuriale entre 2009
et 2015
Effet local de la variation du
nombre d’établissements entre
2009 et 2015 (analyse shift-share)
Insee,
Clap
67. 65Annexes
Nom de la variable Interprétation Définition Source
Matrices de poids spatial
W01 Matrice de contiguïté
d’ordre 1
Indique si les zone d’emploi ont
une frontière commune (codée 1)
ou pas (codée 0)
IGN,
calculs
via
Geoda
W03 Matrice de distance
inverse
Indique l’inverse de la distance
entre les centroïdes de chaque
zone d’emploi
IGN
calculs
via
Geoda
Différents tests sont ensuite réalisés pour détecter une éventuelle présence d’autocorréla-
tion spatiale. S’ils concluent à l’existence d’une autocorrélation spatiale significative, des
modèles spatiaux doivent être utilisés, sinon, les MCO s’appliquent. Cette démarche est
proche de ce qu’on appelle communément dans la littérature l’approche ascendante ou
bottom-up (Abreu, De Groot, Florax, 2004 ; Le Gallo, 2004).
Emploi salarié dans l’industrie
La réalisation du test de Moran montre que les 304 ZE étudiées présentent une dépen-
dance spatiale dont la forme 18
est globalement homogène pour les deux matrices de poids
utilisées. Pour l’étude de la variation de l’emploi industriel local, c’est le modèle avec
une variable spatialement décalée qui est le plus approprié. Ce modèle consiste à intégrer
une « variable endogène décalée » Wy dans l’équation (1) pour prendre en compte l’auto-
corrélation spatiale. Le modèle structurel s’écrit comme suit
Y = ρWy + Xβ + ε (2)
Wy est la variable endogène décalée pour la matrice de poids W, ρ est le paramètre autoré-
gressif indiquant l’intensité des interactions existantes entre les observations de Y.
Dans ce modèle, la valeur de Y observée dans une zone d’emploi donnée est en partie
expliquée par les valeurs prises par Y dans les zones voisines. En effet, Wy s’interprète
18. Le choix de la forme est défini selon une règle de décision introduite par Anselin et Rey (1991) et Anselin et Florax (1995).
Si LMLag est plus significatif que LMError et RLMLag est significatif mais pas RLMErr, alors le modèle adéquat est le modèle
avec une variable endogène décalée. Inversement, si LMError est plus significatif que LMLag et RLMError est significatif mais
pas RLMLag, alors on choisit le modèle avec autocorrélation des erreurs.