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Gouvernement de Meiji

Gouvernement de l'empire du Japon
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Le gouvernement de Meiji (明治政府, Meiji seifu?) est le premier gouvernement de l'empire du Japon. Il était principalement formé de politiciens issus des domaines de Satsuma et de Chōshū avec l'empereur du Japon (天皇, Tennō?) à leur tête.

Sceau impérial du Japon.

Les politiciens du gouvernement de Meiji étaient ce qu'on a appelé l'oligarchie de Meiji, la classe dirigeante qui renversa le shogunat Tokugawa lors de la guerre de Boshin.

Prémices

 
Déroulement de la guerre de Boshin.

Après la restauration de Meiji, les chefs samouraïs qui avaient renversé le shogunat Tokugawa ne savaient pas exactement comment ils comptaient diriger le Japon. Ils avaient cependant beaucoup de choses en commun - la plupart était âgé dans la trentaine et venait des quatre domaines Tozama de l'Ouest du pays (Chōshū, Satsuma, Tosa et Hizen). Bien qu'ils étaient issues de familles samouraïs de rang modeste, ils avaient tous gravis les échelons dans la hiérarchie militaire de leurs domaines respectifs, et avaient reçu une éducation confucéenne qui prônait la loyauté et le dévouement à la communauté. La plupart avait fait l'expérience d'un voyage à l'étranger et/ou d'une collaboration avec un conseiller étranger. Ils étaient ainsi consients de la supériorité militaire de l'Occident et de la nécessité pour le Japon de s'unifier et de se renforcer pour éviter de devenir une colonie comme plusieurs pays asiatiques proches (Indochine française, Indonésie néerlandaise, Philippines américaines).

Cependant, en 1867, le Japon était loin d'être uni, il était plutôt constitué d'une multitude de domaines féodaux semi-indépendants qui étaient dominés par la puissance militaire de l'alliance Satchō et le prestige de la Cour impériale de Kyoto.

En mars 1868, tandis que l'issue de la guerre de Boshin était encore incertaine, le gouvernement de Meiji convoqua à Kyoto des délégués de tous les domaines féodaux pour établir une assemblée nationale consultative provisoire. En avril 1868, la Charte du serment fut promulguée, elle définissait les grandes lignes du développement et de la modernisation du Japon.

Deux mois plus tard, en juin 1868, le Seitaisho fut promulgué pour établir les nouvelles bases administratives du gouvernement de Meiji. Ce code fut rédigé par Takachika Fukuoka et Taneomi Soejima (les deux avaient étudié à l'étranger et avaient une vision libérale de la politique), et était un curieux mélange de différents concepts occidentaux tel que la division des pouvoirs. Il reprenait d'anciennes structures bureaucratiques qui remontaient à la ériode Nara. Une structure gouvernementale centrale, ou Dajōkan, fut établi.

Elle comprenait sept départements :

  • Législatif (divisé entre une assemblée haute avec des bureaucrates nommés, et une assemblée basse avec les représentants des domaines)
  • Exécutif
  • Shinto
  • Finance
  • Militaire
  • Affaires étrangères
  • Affaires intérieures

Un ministère de la Justice fut établi à part pour créer une forme de séparation des pouvoirs typique des pays occidentaux.

Dans le même temps, l'administration locale ne dirigeait que le territoire confisqué aux Tokugawa après la guerre de Boshin, territoire qui fut divisé en préfectures (ken) et municipalités (fu) administrées par le département des Affaires intérieures. Tout le reste du Japon était constitué de 273 domaines semi-indépendants. Des agents du gouvernement central furent envoyés dans chaque domaine pour normaliser les méthodes administratives en conformité avec les directives du gouvernement.

En 1869, la capitale du pays fut transférée de Kyoto à Edo, ville qui fut renommée Tokyo ("Capitale de l'Est").

Abolition des domaines

 
Château du daimyo de Kumamoto.

En mars 1869, le gouvernement central dirigé par Okubo Toshimichi du domaine de Satsuma se sentit assez fort pour centraliser davantage le pays. Après avoir fusionné les armées de Satsuma et de Chōshū, Okubo et Takayoshi Kido convainquirent les daimyos de Satsuma, Chōshū, Hizen et Tosa de remettre leurs domaines à l'empereur. Les autres daimyo furent forcés de faire pareil et tous furent renommés "gouverneurs" de leurs domaines respectifs, qui étaient désormais des sous-divisions du gouvernement central.

En 1871, Okubo, Kido, Kaoru Inoue, Aritomo Yamagata, Takamori Saigo, Iwao Ōyama, Sanetomi Sanjō et Tomomi Iwakura se rencontrèrent secrètement et décidèrent d'abolir définitivement l'ensemble des domaines féodaux. Plus tard dans l'année, tous les ex-daimyo furent convoqués par l'empereur qui publia un décret transformant les anciens domaines en préfectures dirigées par un fonctionnaire nommé par le gouvernement central. Les daimyos reçurent de généreuses pensions de retraite et leurs anciens châteaux devinrent les centres administratifs locaux du gouvernement central. Ce décret inaugura 305 sections locales qui furent refondées en 72 préfectures et 3 municipalités à la fin de l'année après plusieurs fusions. Ainsi, en 1871, le Japon était enfin un État centralisé et unifié. La transition fut effectuée en plusieurs étapes, de sorte qu'il n'y eut aucun perturbations dans la vie quotidienne des habitants ordinaires, et aucun foyer de résistance ou de violence. Le gouvernement central supprima toutes les dettes et obligations des domaines, et de nombreux anciens fonctionnaires de ces fiefs furent employés par le gouvernement central.

En 1871, le gouvernement de Meiji autorisa la création d'assemblées consultatives dans les villes, villages et comtés. Les membres de ces assemblées préfecturales étaient issus des assemblées locales. Et comme ces assemblées avaient seulement le pouvoir de débattre et non de promulguer des lois, leurs existences sécurisaient l'autorité du gouvernement central, sans la possibilité de la contester.

Réorganisation du gouvernement central

 
L'un des huit ministères, celui de la Marine.

Tandis que les domaines étaient abolis et que les limites administratives locales étaient modifiées, le gouvernement se restructura en août 1869 afin de renforcer l'autorité centrale. L'idée de la division des pouvoirs était abandonnée. Le nouveau gouvernement fut basé sur une assemblée nationale (qui ne s'est réuni qu'une seule fois), une chambre des conseillers (Sangi) et huit ministères :

Les prises de décisions au sein du gouvernement étaient contrôlées par une oligarchie de quelque 20 individus (de Satsuma, Chōshū, Tosa, Hizen et de la Cour impériale). Le ministère de l'Intérieur, qui nommait tous les gouverneurs des préfectures et contrôlait l'appareil policier, était le plus puissant ministère du gouvernement, et il est à noter qu'Ōkubo quitta le ministère des Finances pour prendre la direction du ministère de l'Intérieur lorsque celui-ci fut fondé.

Événements menant à la démission d'Okuma

 
Taisuke Itagaki.

L'une des difficultés du gouvernement de Meiji était la division de l'oligarchie entre des membres qui désiraient un gouvernement représentatif, sur le modèle occidental, et d'autres, plus conservateurs, qui désiraient un gouvernement central et autoritaire.

Taisuke Itagaki, un puissant politicien originaire du domaine de Tosa qui avait démissionné du Conseil d'État en 1873 à cause du problème coréen, était pour le gouvernement représentatif. Il cherchait à gagner des voix en sa faveur au sein du gouvernement de manière pacifique avec la création d'organisations politiques telles que le mouvement pour la liberté et les droits du peuple. Il créa ce mouvement dans le but d'établir une monarchie constitutionnelle et une assemblée nationale. Itagaki et d'autres réalisèrent le mémorandum Tosa en 1874 pour critiquer l'emprise extrême de l'oligarchie et appeler à établir immédiatement un gouvernement représentatif. Mécontent de la lenteur de la réforme en question après qu'il eut rejoint le Conseil d'État en 1875, Itagaki et d'autres politiciens en faveur de la démocratie créèrent l'Aikoku Kōtō (Société des patriotes) en 1878. En 1881 se déroule l'action par laquelle il est le plus connu, Itagaki aide à fonder le Jiyūtō (Parti libéral), un mouvement influencé par les doctrines politiques françaises. En 1882, Shigenobu Ōkuma fonda le Rikken Kaishintō (Parti progressiste constitutionnel), qui appelait à établir une démocratie parlementaire sur le modèle britannique. En réponse, les bureaucrates du gouvernement, les fonctionnaires de l'administration locale, et d'autres conservateurs fondèrent le Rikken Teiseitō (Parti constitutionnel du régime impérial), un parti pro-gouvernemental, en 1882. De nombreuses manifestations politiques qui suivirent, parfois violentes, résultaient des restrictions politiques gouvernementales. Ces restrictions limitaient les pouvoirs des partis politiques et entraînaient des divisions en leur sein. Le Jiyūtō, qui s'opposait au Kaishintō, fut dissout en 1884 et Ōkuma démissionna de son poste de président du Kaishintō.

Création d'une assemblée nationale

 
Le Genrōin.

Les chefs du gouvernement, longtemps préoccupés par les violences menaçant la stabilité et par leur propre division suite à l'affaire coréenne, convenaient généralement qu'un gouvernement constitutionnel devait un jour être établi. Takayoshi Kido était déjà favorable à cette forme de gouvernement depuis avant 1874, et plusieurs projets qui fournissaient des garanties constitutionnelles furent ainsi rédigés. L'oligarchie de Meiji, cependant, tout en reconnaissant la réalité des pressions politiques, était déterminée à garder le contrôle. La conférence d'Osaka de 1875 abouti à la réorganisation du gouvernement avec un système judiciaire indépendant et un conseil, nommé Genrōin (Chambre des Anciens), chargé d'examiner les propositions pour une constitution. L'empereur déclara que le "gouvernement constitutionnel devait être établi par étapes progressistes" et il ordonna au Genrōin de rédiger une constitution. En 1880, les délégués de 24 préfectures tinrent une convention générale en vue d'établir la Kokkai Kisei Dōmei ("Ligue pour établir une constitution").

Bien que le gouvernement n'était pas opposé à l'établissement d'un parlement, il était confronté à la montée de la défense des droits de l'homme et essayait de continuer à contrôler la politique du pays. De nouvelles lois en 1875 interdirent à la presse de critiquer le gouvernement ou de discuter les nouvelles lois. La Loi de l'assemblée publique (1880) limita sévèrement les rassemblements publics en interdisant la participation des fonctionnaires et en obligeant la présence de la police pour toutes les réunions. Dans les cercles du pouvoir, cependant, et malgré l'approche conservatrice des chefs du gouvernement, Ōkuma se tint en tant que seul partisan d'un gouvernement sur le modèle britannique, un gouvernement avec des partis politiques et un cabinet organisé par le parti majoritaire, responsable devant l'assemblée nationale. Il a appelé à des élections qui se tiendraient en 1882 et pour une assemblée nationale qui sera réunie en 1883 ; ce faisant, il a précipité une crise politique qui s'est terminée par une rescrit impérial en 1881 déclarant l'établissement d'une assemblée nationale en 1890 et sa démission du gouvernement.

Rejetant le modèle britannique, Tomomi Iwakura et d'autres conservateurs empruntèrent fortement au système constitutionnel prussien. Hirobumi Itō, l'un des oligarques Meiji natif de Chōshū, fut chargé de rédiger une constitution. Il mena une mission à l'étranger en 1882 pour étudier les constitutions occidentales, et en particulier celle de l'Allemagne. Il rejeta la constitution des États-Unis qu'il voyait "trop libérale", et le système britannique trop lourd et ayant un parlement avec trop de contrôle sur la monarchie. Les modèles français et espagnols furent rejetés car ils tendaient vers le despotisme.

Renforcement de l'autorité centrale

 
Aritomo Yamagata.

Après le retour d'Itō, l'un des premiers actes du gouvernement fut d'établir un nouveau système de rangs de noblesse, le kazoku. Cinq cent personnes de l'ancienne noblesse de cour, des anciens daimyo, des samouraï et des roturiers qui avaient rendus de précieux services au gouvernement furent organisés en cinq rangs : prince, marquis, comte, vicomte, et baron.

Itō fut chargé de diriger le bureau d'enquête des systèmes constitutionnels en 1884, et le conseil d'état fut remplacé en 1885 par un cabinet dirigé par Itō qui devient premier ministre du Japon. Les postes de chancelier, de ministre de la droite et de ministre de la gauche, qui existaient depuis le VIIe siècle en tant que conseiller de l'empereur, furent tous abolis. À la place, le Conseil Privé fut établi en 1888 pour évaluer la constitution à venir et conseiller l'empereur. Pour renforcer l'autorité de l'État, le Conseil suprême de guerre fut établi sous la direction d'Aritomo Yamagata, un natif du domaine de Chōshū, qui est le fondateur de l'armée impériale japonaise, et qui deviendra le premier des premiers ministres constitutionnels. Le Conseil suprême de guerre fut copié sur le modèle de l'état-major allemand avec un chef qui avait un accès direct à l'empereur et qui pouvait fonctionner indépendamment du ministère de l'armée et des fonctionnaires civils.

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La constitution de Meiji

Les élections et le pouvoir politique

Les luttes politiques

Itō devient premier ministre

Fin de l'ère Meiji