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Le chanoine '''François Falc'hun''' (né et mort à [[Bourg-Blanc]], 1909-1991) était un linguiste et phonéticien breton, et un prêtre catholique (nommé en 1933 et fait chanoine honoraire en décembre 1949). Professeur d'Université, d'abord à Rennes, puis à Brest. Il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la [[langue bretonne]].
Le chanoine '''François Falc'hun''' (né et mort à [[Bourg-Blanc]], 1909-1991) est un linguiste et phonéticien breton, et un prêtre catholique (nommé en 1933 et fait chanoine honoraire en {{date-|décembre 1949}}). Professeur d'Université, d'abord à Rennes, puis à Brest, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la [[langue bretonne]].


==Biographie<ref name="test">Cf. l'introduction de: Brun-Trigaud, Guylaine, Le Berre, Yves, Le Dû, Jean, ''Lectures de l’Atlas linguistique de la France de Gilliéron et Edmont, Du temps dans l’espace'', Paris, CTHS, 2005 ; Goyat, Gilles, ''L’abbé François Falc’hun (1909-1991) : l’indispensable linguiste de la mission'', in : Le Gonidec, Marie-Barbara (ed), ''Les archives de la mission de folklore musical en Basse-Bretagne de 1939 du Musée National des arts et tradition populaire', par Claudie Marcel-Dubois et François Falc'hun assistés de Jeannine Auboyer'', Le Gonidec Marie-Barbara (ed.), Paris-Rennes, CTHS-Dastum, 2009, pp. 79 à 88.</ref>==
==Biographie<ref name="t1">Cf. l'introduction de: Brun-Trigaud, Guylaine, Le Berre, Yves, Le Dû, Jean, ''Lectures de l’Atlas linguistique de la France de Gilliéron et Edmont, Du temps dans l’espace'', Paris, CTHS, 2005 ; Goyat, Gilles, ''L’abbé François Falc’hun (1909-1991) : l’indispensable linguiste de la mission'', in : Le Gonidec, Marie-Barbara (ed), ''Les archives de la mission de folklore musical en Basse-Bretagne de 1939 du Musée National des arts et tradition populaire', par Claudie Marcel-Dubois et François Falc'hun assistés de Jeannine Auboyer'', Le Gonidec Marie-Barbara (ed.), Paris-Rennes, CTHS-Dastum, 2009, {{p.|79}} à 88.</ref> ==


===Une vocation de celtisant===
===Une vocation de celtisant===
Né le 20 avril 1909 à Bourg-Blanc (à côté de Brest) dans une famille paysanne, François Falc’hun effectue sa scolarité à Bourg-BLanc puis à Plabennec avant d'entrer au collège Saint-François à Lesneven en 1921. Scolarisé en français, il écrit "''Le breton a été la seule langue que j’ai parlée et comprise jusqu’à 8 ou 9 ans, […] je n’ai jamais cessé de la pratiquer et il ne s’est guère passé d’année où elle ne soit redevenue ma langue la plus usuelle durant une période variant de quatre à douze semaines. J’en ai commencé l’étude raisonnée dès l’âge de quinze ans, au collège de Lesneven, sous la direction du chanoine Batany, auteur d’une thèse sur Luzel, à qui je dois sans doute ma vocation de celtisant''"<ref name="test">F. Falc’hun, ''Le système consonantique du breton avec une étude comparative de phonétique expérimentale'', Rennes, Plihon, 1951, p.13.</ref>).
Né le {{date-|20 avril 1909}} à [[Bourg-Blanc]] (à côté de Brest) dans une famille paysanne, fils de Yves Marie Falc'hun (1869-1938) et Marie-Yvonne Tournellec (1876-1960), François Falc’hun effectue sa scolarité à Bourg-Blanc puis à [[Plabennec]] avant d'entrer au collège Saint-François à [[Lesneven]] en 1921. Scolarisé en français, il écrit « Le breton a été la seule langue que j’ai parlée et comprise jusqu’à {{unité|8|ou=9|ans}}, […] je n’ai jamais cessé de la pratiquer et il ne s’est guère passé d’année où elle ne soit redevenue ma langue la plus usuelle durant une période variant de quatre à douze semaines. J’en ai commencé l’étude raisonnée dès l’âge de quinze ans, au collège de Lesneven, sous la direction du chanoine Batany, auteur d’une thèse sur Luzel, à qui je dois sans doute ma vocation de celtisant<ref name="t2">F. Falc’hun, ''Le système consonantique du breton avec une étude comparative de phonétique expérimentale'', Rennes, Plihon, 1951, {{p.|13}}.</ref>. »


En 1932, Falc’hun retrouve le chemin du collège de Lesneven, comme professeur cette fois, mais pour un mois seulement car, atteint d’une fragilité aux poumons, les médecins lui recommandent de quitter la Bretagne dont le climat ne lui convient pas. Il effectue un long séjour dans le sanatorium du clergé à Thorenc, près de Nice. C'est à Nice d'ailleurs qu'il sera ordonné prêtre en juin 1933.
En 1932, Falc’hun retrouve le chemin du collège de Lesneven, comme professeur cette fois, mais pour un mois seulement car, atteint d’une fragilité aux poumons, les médecins lui recommandent de quitter la Bretagne dont le climat ne lui convient pas. Il effectue un long séjour dans le sanatorium du clergé à [[Andon (Alpes-Maritimes)|Thorenc]], près de [[Nice]]. C'est à Nice d'ailleurs qu'il sera ordonné prêtre en {{date-|juin 1933}}.


===Une formation de linguiste et de phonéticien===
===Une formation de linguiste et de phonéticien===
Gagnant Yerre en région parisienne où il devient chapelain, il prépare une licence de Lettres classiques à l’Institut catholique de Paris qu'il obtient en 1937. Il suit les cours de moyen-irlandais que M. Vendryès donne à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, ceux de moyen-gallois donnés par Mme Sjœstedt-Jonval, puis les cours de phonologie d’André Martinet. Il suit également les cours de linguistique de Benveniste au Collège de France et enfin, les cours de dialectologie de Dauzat.
Gagnant [[Yerres]] en région parisienne où il devient [[chapelain]], il prépare une licence de lettres classiques à l’[[Institut catholique de Paris]], qu'il obtient en 1937. Il suit les cours de moyen-irlandais que [[Joseph Vendryes]] donne à l’[[École pratique des hautes études]], ceux de moyen-gallois donnés par [[Marie-Louise Sjoestedt-Jonval]], puis les cours de [[phonologie]] d’[[André Martinet]]. Il suit également les cours de linguistique d’[[Émile Benveniste]] au [[Collège de France]] et enfin les cours de [[dialectologie]] d’[[Albert Dauzat]].
Dans le cadre du certificat de phonétique qu'il prépare à l’Institut de Phonétique de Paris, il rédige un mémoire sur les mutations consonantiques du breton. Mme Sjœstedt-Jonval l’incite à en tirer un article pour la revue ''Études Celtiques'', qui paraît en décembre 1938.
Dans le cadre du certificat de phonétique qu'il prépare à l’Institut de phonétique de Paris, il rédige un mémoire sur les mutations consonantiques du breton. {{Mme}} Sjœstedt-Jonval l’incite à en tirer un article pour la revue ''Études celtiques'', qui paraît en {{date-|décembre 1938}}.


===Rencontre avec Pierre Le Roux===
===Rencontre avec Pierre Le Roux===
Au début de l’année 1939, Falc'hun est recommandé par ses professeurs de celtique à Georges Henri Rivière. Directeur du Musée des Arts et Traditions populaires à Paris, il cherche un spécialiste pour accompagner la musicologue Claudie Marcel-Dubois sur le terrain bas-breton. Le MNATP, créé deux ans plus tôt, organise en effet sa première [http://bassebretagne-mnatp1939.com/ mission de folklore musical]. Falc'hun est chargé de préparer le volet linguistique de la mission, puis de transcrire les textes des chants qu'il collecteras sur le terrain avec Claudie Marcel-Dubois.
Au début de l’année 1939, Falc'hun est recommandé par ses professeurs de celtique à [[Georges Henri Rivière (muséologue)|Georges Henri Rivière]]. Directeur du [[Musée national des Arts et Traditions populaires (Paris)|Musée national des arts et traditions populaires]] (MNATP) à [[Paris]], il cherche un spécialiste pour accompagner la musicologue [[Claudie Marcel-Dubois]] sur le terrain bas-breton. Le MNATP, créé deux ans plus tôt, organise en effet sa première mission de folklore musical<ref>{{Lien web |titre=Mission Basse-Bretagne 1939 — Accueil |url=http://bassebretagne-mnatp1939.com/ |site=bassebretagne-mnatp1939.com |consulté le=2021-09-14}}</ref>. Falc'hun est chargé de préparer et de prendre en charge le volet linguistique de la mission, puis de transcrire et traduire les textes des chants enregistrés sur le terrain avec Claudie Marcel-Dubois.

Pour se préparer à cet exercice nouveau pour lui, Rivière lui conseille de prendre contact avec l’auteur de l’''Atlas linguistique de la Basse-Bretagne'', [[Pierre Le Roux]], professeur de Celtique à la Faculté des Lettres de Rennes, pour qu’il lui fasse profiter de son expérience de dialectologue. C’est à cette occasion que P. Le Roux parle, pour la première fois, de sa succession à la chaire de Celtique à [[Université de Rennes]] à François Falc'hun. Ce dernier le remplacera en octobre 1945, comme chargé de cours tout d'abord, puis comme titulaire de la chaire de Celtique à la rentrée universitaire de 1951.
Pour se préparer à cet exercice nouveau pour lui, Rivière lui conseille de prendre contact avec l’auteur de l’''Atlas linguistique de la Basse-Bretagne'', [[Pierre Le Roux (1874-1975)|Pierre Le Roux]], professeur de celtique à la Faculté des lettres de Rennes, pour qu’il lui fasse profiter de son expérience de dialectologue. C’est à cette occasion que P. Le Roux parle, pour la première fois, de sa succession à la chaire de celtique à l'[[université de Rennes]] à François Falc'hun. Ce dernier le remplacera en {{date-|octobre 1945}}, comme chargé de cours tout d'abord, puis comme titulaire de la chaire de celtique à la rentrée universitaire de 1951.

=== François Falc'hun et le Bleun-Brug ===
Les évêques de Bretagne choisissent en 1956 le chanoine François Falc'hun pour succéder au chanoine [[Vincent Favé|Visant Favé]] comme aumônier général du [[Bleun-Brug]]. « D'une compétence incontestable en matière bretonne, mais trop intellectuel, il n'arrivera pas à s'imposer, surtout auprès des [[trégor]]rois »<ref>{{Ouvrage|langue=français|auteur1=Marc SIMON|titre=Bleun-Brug : expression d'un idéal breton. Pages d'histoire|passage=80|lieu=|éditeur=Association Abati Landevenneg|année=1998|pages totales=122|isbn=|lire en ligne=}}</ref> qui contestaient l'orthographe [[skolveurieg]] couramment utilisée par le Bleun-Brug. Le chanoine Falc'hun démissionnera de la direction du Bleun-Brug en 1959 et sera remplacé par le chanoine [[François Mevellec|Mevellec]]. "''Les cahiers du Bleun-Brug''" qu'il avait créés en 1957 comme revue trimestrielle de réflexion doctrinale pour compléter "''Bleun-Brug''", le bulletin officiel du mouvement, ne survivront pas à son départ du mouvement.


===Une fin de carrière à Brest===
===Une fin de carrière à Brest===
En octobre 1967, Falc'hun demande le transfert de sa chaire à l’Université de Brest. Il y enseigne jusqu’à sa retraite, qu'il prend en octobre 1978. Il décède à Brest le 13 janvier 1991.
En {{date-|octobre 1967}}, Falc'hun demande le transfert de sa chaire à l’[[Université de Bretagne-Occidentale|université de Brest]]. Il y enseigne jusqu’à sa retraite, qu'il prend en {{date-|octobre 1978}}. Il décède à Brest le {{date-|13 janvier 1991}}.

Bourg-Blanc, où il s'est retiré à la retraire honore sa mémoire en nommant une de ses rues "Chanoine Falc’hun". Quant à la ville de Quimper, elle a nommé une des ses voies "Allée François Falc’hun".
Bourg-Blanc, où il s'est retiré, honore sa mémoire en nommant une de ses rues "Chanoine Falc’hun". Quant à la ville de [[Quimper]], elle a nommé une de ses voies "Allée François Falc’hun".


==Apport scientifique==
==Apport scientifique==


===Ses deux thèses===
===Ses deux thèses===
En 1941, Falc'hun se lance dans la préparation d'une thèse sur les mutations consonantiques initiales en breton. MEn septembre 1944, P. Fouché, directeur de l’Institut de Phonétique de Paris, la juge irrecevable parce qu’elle repose sur "''une théorie à base physique et physiologique qui heurtait de front les idées alors régnantes en France''<ref name="test">F. Falc’hun, Les noms de lieux celtiques, première série, deuxième édition, p. 97)</ref>)".
En 1941, Falc'hun se lance dans la préparation d'une thèse sur les mutations consonantiques initiales en breton. En {{date-|septembre 1944}}, [[Pierre Fouché]], directeur de l’Institut de phonétique de Paris, la juge irrecevable parce qu’elle repose sur « une théorie à base physique et physiologique qui heurtait de front les idées alors régnantes en France<ref name="t3">F. Falc’hun, ''Les noms de lieux celtiques'', première série, {{2e}} éd., {{p.|97}}.</ref> ». Lucien Wolff, doyen de la Faculté des lettres de Rennes, conseille à Falc’hun de la soutenir à Rennes. Falc'hun reprend alors ses travaux, mais les résume pour en faire une thèse secondaire tandis qu'il prépare sa thèse principale sur l’histoire de la langue bretonne d’après la géographie linguistique.
Lucien Wolff, doyen de la Faculté des Lettres de Rennes, conseille à Falc’hun de la soutenir à Rennes. Falc'hun reprend alors ses travaux mais les résume pour en faire une thèse secondaire tandis qu'il prépare sa thèse principale sur l’histoire de la langue bretonne d’après la géographie linguistique.


Il soutient les deux thèses à Rennes en mars 1951. En 1954, la thèse principale obtient le Prix Volney de l’Institut et est éditée. Elle est rééditée en 1963 avec d’importantes additions, puis en 1981, avec 107 pages de nouveaux ajouts. La thèse secondaire, qui concerne le système consonantique du breton avec une étude comparative de phonétique expérimentale, est publiée en 1951, puis partiellement rééditée en 2005 sous le titre ''Etudes sur la langue bretonne : système consonantique, mutations et accentuation''.
Il soutient les deux thèses à Rennes en {{date-|mars 1951}}. En 1954, la thèse principale obtient le [[prix Volney]] de l’Institut et est éditée. Elle est rééditée en 1963 avec d’importantes additions, puis en 1981, avec 107 pages de nouveaux ajouts. La thèse secondaire, qui concerne le système consonantique du breton avec une étude comparative de phonétique expérimentale, est publiée en 1951, puis partiellement rééditée en 2005 sous le titre ''Études sur la langue bretonne : système consonantique, mutations et accentuation''.


===Origine de la langue bretonne===
===Origine de la langue bretonne===
F. Falc’hun voit dans la langue bretonne : "''un mélange de gaulois armoricain et de brittonique insulaire au pourcentage variable selon les régions<ref name="test">F. Falc’hun, Les origines de la langue bretonne, p. 24</ref>)". ''Ainsi selon lui,"''le breton descendrait du gaulois influencé par du grec''<ref>''Perspectives nouvelles sur l'histoire de la langue bretonne'', p. 303 et suivantes</ref> ''et non du [[brittonique]]''. "''Je suis persuadé''" écrit-il encore<ref name="test">Perspectives nouvelles sur l’histoire de la langue bretonne, p. 530</ref> "''que le dialecte vannetais, surtout au sud du Blavet, est une survivance gauloise peu influencée par l’apport breton et les autres dialectes un gaulois simplement plus marqué par la langue des immigrés d’origine insulaire''. La thèse de Falc'hun était contraire à celle de [[Joseph Loth]] et de [[Léon Fleuriot]]. Cela dit, Fleuriot s'y rallia finalement à la fin de sa vie, considérant que le gaulois n'était pas éteint en Armorique quand les Bretons vinrent s'y installer''<ref>''Perspectives nouvelles sur l'histoire de la langue bretonne'', p. 9</ref> ''.
F. Falc’hun voit dans la langue bretonne « un mélange de [[gaulois (langue)|gaulois]] armoricain et de brittonique insulaire au pourcentage variable selon les régions<ref name="t4">F. Falc’hun, ''Les origines de la langue bretonne'', {{p.|24}}.</ref> ». Ainsi selon lui, « le breton descendrait du gaulois influencé par du grec<ref>''Perspectives nouvelles sur l'histoire de la langue bretonne'', {{p.|303}} et suiv.</ref> » et non du [[brittonique]]. « Je suis persuadé, écrit-il encore<ref name="t5">''Perspectives nouvelles sur l’histoire de la langue bretonne'', {{p.|530}}.</ref>, que le dialecte vannetais, surtout au sud du [[Blavet (Bretagne)|Blavet]], est une survivance gauloise peu influencée par l’apport breton et les autres dialectes, un gaulois simplement plus marqué par la langue des immigrés d’origine insulaire ». La thèse de Falc'hun était contraire à celle de [[Joseph Loth]] et de [[Léon Fleuriot]]. Cela dit, Fleuriot s'y rallia finalement à la fin de sa vie, considérant que le gaulois n'était pas éteint en Armorique quand les Bretons vinrent s'y installer<ref>''Perspectives nouvelles sur l'histoire de la langue bretonne'', {{p.|9}}.</ref>.


===Réformes orthographiques===
===Réformes orthographiques===
L'[[orthographe du breton]], autrement dit sa normalisation, n'est pas une question nouvelle, loin s'en faut. Comme d'autres avant lui et de même que d'autres personnalités de son époque, Falc'hun va tenter d'y répondre dans le cadre, notamment, de la réforme engagée en 1951 par le Ministère de l'Education Nationale<ref name="test">F. Falc’hun, Perspectives nouvelles sur l’histoire de la langue bretonne, p. 31.</ref>.
L'[[orthographe du breton]], autrement dit sa normalisation, n'est pas une question nouvelle, loin de . Comme d'autres avant lui et de même que d'autres personnalités de son époque, Falc'hun va tenter d'y répondre dans le cadre, notamment, de la réforme engagée en 1951 par le ministère de l'Éducation nationale<ref name="t6">F. Falc’hun, ''Perspectives nouvelles sur l’histoire de la langue bretonne'', {{p.|31}}.</ref>.


Le système élaboré par Falc'hun est appelé ''skolveurieg'' (universitaire). Se basant sur les phonèmes de la langue bretonne, il ne reprend pas le /zh/, adopté dans l'orthographe dite ''peurunvan'' (unifiée) élaborée entre 1911 et 1941. Quant au /c'h/, introduit en breton au {{s-|XVII|e}}, Falc'hun ne l'a pas complètement supprimé: il distingue entre les deux phonèmes /h/ et /c'h/, qui forment une paire corrélative, /h/ étant la consonne douce, de très loin la plus fréquente, et /c'h/, la consonne forte corrélative correspondante, d'un emploi bien plus rare mais qui reste présent le cas échéant.
Le système élaboré par Falc'hun est appelé ''skolveurieg'' (universitaire). Se basant sur les phonèmes de la langue bretonne, il ne reprend pas le /zh/, adopté dans l'orthographe dite ''peurunvan'' (unifiée) élaborée entre 1911 et 1941. Quant au /c'h/, introduit en breton au {{s-|XVII|e}}, Falc'hun ne l'a pas complètement supprimé : il distingue entre les deux phonèmes /h/ et /c'h/, qui forment une paire corrélative, /h/ étant la consonne douce, de très loin la plus fréquente, et /c'h/, la consonne forte corrélative correspondante, d'un emploi bien plus rare, mais qui reste présent le cas échéant, mais cela introduisit une confusion avec les /h/ étymologiques, qui peuvent être muets.


Bien qu'approuvé par le Ministère de l’Education nationale le 16 juin 1955, le ''skolveurieg'' n’a pas fait l’unanimité et a été l’origine de nombreuses querelles, tant sur le plan linguistique que politique. Il reçut le diminutif dépréciatif de « ''falhuneg'' » (comme ses adeptes utilisent également - dans un même but contempteur - le terme « ''hemoneg'' » pour l'orthographe rivale). Le ''skolveurieg'' est, cela dit, toujours en usage, notamment par les associations membres d’[[Emgleo Breiz]].
Bien qu'approuvé par le ministère de l’Éducation nationale le {{date-|16 juin 1955}}, le ''skolveurieg'' n’a pas fait l’unanimité et a été l’origine de nombreuses querelles, tant sur le plan linguistique que sur le plan politique. Il s'est vu désigné par le sobriquet de « ''falhuneg'' » (tandis que ses adeptes utilisent dans un but pareillement contempteur le terme « ''hemoneg'' » pour désigner l'orthographe rivale). Le ''skolveurieg'' est toujours en usage, notamment par les associations membres d’[[Emgleo Breiz]]. La question, ou querelle orthographique, fait que Falc'hun, quoique ayant préfacé un ouvrage favorable à l'abbé [[Yann-Vari Perrot]], devint la bête noire des bretonnants nationalistes. Selon [[Françoise Morvan]], il aurait eu à subir « des campagnes de harcèlement téléphonique » (''[[Le Monde comme si]]'', {{p.|132}}).
La question, ou querelle orthographique, fait que Falc'hun, quoiqu'ayant préfacé un ouvrage favorable à l'abbé [[Yann-Vari Perrot]], devint la bête noire des bretonnants nationalistes. Selon [[Françoise Morvan]], il aurait eu à subir « des campagnes de harcèlement téléphonique » ([[Le Monde comme si]], page 132).


===Publications===
===Publications===
* ''La langue bretonne et la linguistique moderne. Problèmes de phonétique indo-européenne (celtique, germanique (lois de Grimm & de Verner), grecque, latine, romane, etc.)'' ; P., Librairie celtique (Tiré à part des : Conférences universitaires de Bretagne), 1943, 64pp.
* ''La langue bretonne et la linguistique moderne. Problèmes de phonétique indo-européenne (celtique, germanique (lois de Grimm & de Verner), grecque, latine, romane, etc.)'' ; P., Librairie celtique (Tiré à part des : Conférences universitaires de Bretagne), 1943, 64pp.
* ''Les noms bretons de [[saint Yves]]'' ; Rennes, Imprim. Oberthur (tiré à part des Annales de Bretagne), 1943, 18pp (''Yves voudrait donc dire « fils d'Esus », « de la race d'Esus », et nous aurions là un nom gaulois réintroduit en France par les Bretons émigrés de Grande-Bretagne. C'est la mythologie celtique qui aurait fourni son nom au saint le plus populaire de la Bretagne armoricaine'').
* ''Les noms bretons de [[saint Yves]]'' ; Rennes, Imprim. Oberthur (tiré à part des Annales de Bretagne), 1943, 18pp (''Yves voudrait donc dire « fils d'Esus », « de la race d'Esus », et nous aurions là un nom gaulois réintroduit en France par les Bretons émigrés de Grande-Bretagne. C'est la mythologie celtique qui aurait fourni son nom au saint le plus populaire de la Bretagne armoricaine'').
* ''Le système consonantique du breton avec une étude comparative de phonétique expérimentale'' - Thèse présentée à la faculté des Lettres de l'université de [[Rennes]], imp. Réunies, imp. Plihon, [[1951]]
* ''Le système consonantique du breton avec une étude comparative de phonétique expérimentale'' - Thèse présentée à la faculté des Lettres de l'université de [[Rennes]], imp. Réunies, imp. Plihon, [[1951]]
* ''La langue bretonne et l'enseignement'' (avec Pierre Trépos) ; rapports présentés à la journée culturelle bretonne (Rennes) le 26 avril 1952. Sans lieu ni date, 1 fasc. multigraphié de 31pp
* ''La langue bretonne et l'enseignement'' (avec Pierre Trépos) ; rapports présentés à la journée culturelle bretonne (Rennes) le {{date-|26 avril 1952}}. Sans lieu ni date, 1 fasc. multigraphié de 31pp
* Préface de l'ouvrage "L'abbé Jean-Marie Perrot", du chanoine Henri Poisson, Rennes, éd. Plihon (1955).
* Préface de l'ouvrage "L'abbé Jean-Marie Perrot", du chanoine Henri Poisson, Rennes, éd. Plihon (1955).
* Notice biographique de [[Joseph Ollivier]] en complément du travail de Bernard Daniel, Inventaire des manuscrits légués par [[Joseph Ollivier]] à la Bibliothèque municipale de Rennes. In: ''Annales de Bretagne''. Tome 64, numéro 4, 1957. {{p.|475-504}}.
* ''Un texte breton inédit de Dom [[Michel Le Nobletz]]'' (extrait des Annales de Bretagne). Rennes, imprimerieS réunies, [[1958]].
* ''Un texte breton inédit de Dom [[Michel Le Nobletz]]'' (extrait des Annales de Bretagne). Rennes, imprimerieS réunies, [[1958]].
* ''Celtique continental et celtique insulaire en breton'' ; Rennes, 1963.
* ''Celtique continental et celtique insulaire en breton'' ; Rennes, 1963.
* ''Les langues pré-bretonnes en Armorique'' ; Rennes, Impr. bretonne, (1963), 17pp (tiré à part des Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, tome XLIII).
* ''Les langues pré-bretonnes en Armorique'' ; Rennes, Impr. bretonne, (1963), 17pp (tiré à part des Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, tome XLIII).
* ''Histoire de la Langue bretonne d'après la géographie linguistique'' - T. I : Texte - T. II : figures Paris, P.U.F. -[[1963]]
* ''Histoire de la Langue bretonne d'après la géographie linguistique'' - T. I : Texte - T. II : figures Paris, P.U.F. -[[1963]]
* ''Les noms de lieux celtiques''. Première série : vallées et plaines. Rennes, Editions armoricaines, [[1966]], Deuxième série : Problèmes de doctrine et de méthode - noms de hauteur. Rennes, Éditions Armoricaines, [[1970]]
* ''Les noms de lieux celtiques''. Première série : vallées et plaines. Rennes, Éditions armoricaines, [[1966]], Deuxième série : Problèmes de doctrine et de méthode - noms de hauteur. Rennes, Éditions Armoricaines, [[1970]]
** Deuxième édition, revue et considérablement augmentée. [[Genève (ville)|Genève]], [[Slatkine]], [[1982]] (avec [[Bernard Tanguy]]).
** Deuxième édition, revue et considérablement augmentée. [[Genève (ville)|Genève]], [[Slatkine]], [[1982]] (avec [[Bernard Tanguy (historien)|Bernard Tanguy]]).
* ''Les noms de lieux celtiques''. Deuxième série : Problèmes de doctrine et de méthode - noms de hauteur ; Rennes, Éditions armoricaines (Publ. Crbc, I), [[1970]], 207pp.
* ''Les noms de lieux celtiques''. Deuxième série : Problèmes de doctrine et de méthode - noms de hauteur ; Rennes, Éditions armoricaines (Publ. Crbc, I), [[1970]], 207pp.
* ''Les raisons d'une abstention'' (brochure hors commerce). (Rennes, chez l'Auteur). 1971. 32pp (sur les attaques de Paul Quentel, soutenu par P. Vendryès, à qui P. Trépos (soutenu par le P.C. & Ar Falz) fut préféré comme assistant de celtique).
* ''Les raisons d'une abstention'' (brochure hors commerce). (Rennes, chez l'Auteur). 1971. 32pp (sur les attaques de Paul Quentel, soutenu par P. Vendryès, à qui P. Trépos (soutenu par le P.C. & Ar Falz) fut préféré comme assistant de celtique).
* Préface à l'ouvrage de Bernard Tanguy : ''Aux origines du nationalisme breton'' (2 vol.), P., 10-18, 1977.
* Préface à l'ouvrage de Bernard Tanguy : ''Aux origines du nationalisme breton'' (2 vol.), P., 10-18, 1977.
* ''Les noms de lieux celtiques''. 3e série : Nouvelle Méthode de Recherche en Toponymie Celtique [[1979]] (avec Bernard Tanguy).
* ''Les noms de lieux celtiques''. {{3e|série}} : Nouvelle Méthode de Recherche en Toponymie Celtique [[1979]] (avec Bernard Tanguy).
* ''Perspectives nouvelles sur l'histoire de la langue bretonne'' ; P., Union Générale d'Édition, [[1981]].
* ''Perspectives nouvelles sur l'histoire de la langue bretonne'' ; P., troisième édition, copyright : Presses Universitaires de France, [[1963]] et Union Générale d'Édition, [[1981]] (année du dépôt légal). Réédition de la thèse de doctorat ''Histoire de la langue bretonne d'après la géographie linguistique'' (Rennes, {{date-|3 mars 1951}}, ronéotée), avec des compléments déjà parus dans la {{2e|édition}} (Presses universitaires de France, 1963) et de nouveaux compléments.
* ''Les archives de la Mission de folklore musical en Basse-Bretagne de 1939 du Musée national des arts et traditions populaires'', par Claudie Marcel-Dubois et François Falc'hun assistés de Jeannine Auboyer, éditées et présentées par Marie-Barbara Le Gonidec, Paris-Rennes, CTHS-Dastum, 440 p. avec DVD, 2009.
* ''Les archives de la Mission de folklore musical en Basse-Bretagne de 1939 du Musée national des arts et traditions populaires'', par Claudie Marcel-Dubois et François Falc'hun assistés de Jeannine Auboyer, éditées et présentées par Marie-Barbara Le Gonidec, Paris-Rennes, CTHS-Dastum, 440 p. avec DVD, 2009.


===Archives===
===Archives===
* La Bibliothèque Yves-Le Gallo<ref>http://www.univ-brest.fr/crbc/menu/Bibliotheque_Yves-Le-Gallo/Presentation.</ref> du [[Centre de recherche bretonne et celtique]] (CRBC) de l'[[Université de Bretagne occidentale]] a acquis en 1993 près de 400 ouvrages de la bibliothèque de François Falc'hun. Ils concernent principalement la linguistique et la langue bretonne. Un fonds d'archives manuscrites y est également a également été déposé : son inventaire est consultable en ligne<ref> http://www.univ-brest.fr/crbc/menu/Bibliotheque_Yves-Le-Gallo/Fonds_d_archives/Falc_hun__Fran_ois_</ref>. D'autres archives de François Falc'hun se trouvent aux Archives de l’évêché de Quimper.
* La Bibliothèque Yves-Le Gallo<ref>{{lien web |titre=Présentation de la bibliothèque<!-- Vérifiez ce titre --> |url=https://archive.wikiwix.com/cache/20120928000000/http://www.univ-brest.fr/crbc/menu/Bibliotheque_Yves-Le-Gallo/Presentation |site=univ-brest.fr via [[Wikiwix]] |consulté le=21-01-2024}}.</ref> du [[Centre de recherche bretonne et celtique]] (CRBC) de l'[[Université de Bretagne occidentale]] a acquis en 1993 près de 400 ouvrages de la bibliothèque de François Falc'hun. Ils concernent principalement la linguistique et la langue bretonne. Un fonds d'archives manuscrites y est également a également été déposé : son inventaire est consultable en ligne<ref>{{lien web |titre=Falc’hun, François |url=https://archive.wikiwix.com/cache/20220423033723/http://www.univ-brest.fr/crbc/menu/Bibliotheque_Yves-Le-Gallo/Fonds_d_archives/Falc_hun__Fran_ois_ |site=univ-brest.fr via [[Wikiwix]] |consulté le=21-01-2024}}.</ref>. D'autres archives de François Falc'hun se trouvent aux Archives de l’évêché de Quimper.


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François Falc'hun
Image illustrative de l’article François Falc'hun
Falc'hun notant un chant auprès de M. Gouriou (1939, Hanvec, Mission du MNATP).
Biographie
Naissance
Bourg-Blanc (Finistère, France)
Ordination sacerdotale
Décès (à 81 ans)
Bourg-Blanc (Finistère, France)
Autres fonctions
Fonction laïque
Écrivain, linguiste et phonéticien
Professeur d'université

Le chanoine François Falc'hun (né et mort à Bourg-Blanc, 1909-1991) est un linguiste et phonéticien breton, et un prêtre catholique (nommé en 1933 et fait chanoine honoraire en ). Professeur d'Université, d'abord à Rennes, puis à Brest, il est l'auteur de nombreux ouvrages sur la langue bretonne.

Biographie[1][modifier | modifier le code]

Une vocation de celtisant[modifier | modifier le code]

Né le à Bourg-Blanc (à côté de Brest) dans une famille paysanne, fils de Yves Marie Falc'hun (1869-1938) et Marie-Yvonne Tournellec (1876-1960), François Falc’hun effectue sa scolarité à Bourg-Blanc puis à Plabennec avant d'entrer au collège Saint-François à Lesneven en 1921. Scolarisé en français, il écrit « Le breton a été la seule langue que j’ai parlée et comprise jusqu’à 8 ou 9 ans, […] je n’ai jamais cessé de la pratiquer et il ne s’est guère passé d’année où elle ne soit redevenue ma langue la plus usuelle durant une période variant de quatre à douze semaines. J’en ai commencé l’étude raisonnée dès l’âge de quinze ans, au collège de Lesneven, sous la direction du chanoine Batany, auteur d’une thèse sur Luzel, à qui je dois sans doute ma vocation de celtisant[2]. »

En 1932, Falc’hun retrouve le chemin du collège de Lesneven, comme professeur cette fois, mais pour un mois seulement car, atteint d’une fragilité aux poumons, les médecins lui recommandent de quitter la Bretagne dont le climat ne lui convient pas. Il effectue un long séjour dans le sanatorium du clergé à Thorenc, près de Nice. C'est à Nice d'ailleurs qu'il sera ordonné prêtre en .

Une formation de linguiste et de phonéticien[modifier | modifier le code]

Gagnant Yerres en région parisienne où il devient chapelain, il prépare une licence de lettres classiques à l’Institut catholique de Paris, qu'il obtient en 1937. Il suit les cours de moyen-irlandais que Joseph Vendryes donne à l’École pratique des hautes études, ceux de moyen-gallois donnés par Marie-Louise Sjoestedt-Jonval, puis les cours de phonologie d’André Martinet. Il suit également les cours de linguistique d’Émile Benveniste au Collège de France et enfin les cours de dialectologie d’Albert Dauzat. Dans le cadre du certificat de phonétique qu'il prépare à l’Institut de phonétique de Paris, il rédige un mémoire sur les mutations consonantiques du breton. Mme Sjœstedt-Jonval l’incite à en tirer un article pour la revue Études celtiques, qui paraît en .

Rencontre avec Pierre Le Roux[modifier | modifier le code]

Au début de l’année 1939, Falc'hun est recommandé par ses professeurs de celtique à Georges Henri Rivière. Directeur du Musée national des arts et traditions populaires (MNATP) à Paris, il cherche un spécialiste pour accompagner la musicologue Claudie Marcel-Dubois sur le terrain bas-breton. Le MNATP, créé deux ans plus tôt, organise en effet sa première mission de folklore musical[3]. Falc'hun est chargé de préparer et de prendre en charge le volet linguistique de la mission, puis de transcrire et traduire les textes des chants enregistrés sur le terrain avec Claudie Marcel-Dubois.

Pour se préparer à cet exercice nouveau pour lui, Rivière lui conseille de prendre contact avec l’auteur de l’Atlas linguistique de la Basse-Bretagne, Pierre Le Roux, professeur de celtique à la Faculté des lettres de Rennes, pour qu’il lui fasse profiter de son expérience de dialectologue. C’est à cette occasion que P. Le Roux parle, pour la première fois, de sa succession à la chaire de celtique à l'université de Rennes à François Falc'hun. Ce dernier le remplacera en , comme chargé de cours tout d'abord, puis comme titulaire de la chaire de celtique à la rentrée universitaire de 1951.

François Falc'hun et le Bleun-Brug[modifier | modifier le code]

Les évêques de Bretagne choisissent en 1956 le chanoine François Falc'hun pour succéder au chanoine Visant Favé comme aumônier général du Bleun-Brug. « D'une compétence incontestable en matière bretonne, mais trop intellectuel, il n'arrivera pas à s'imposer, surtout auprès des trégorrois »[4] qui contestaient l'orthographe skolveurieg couramment utilisée par le Bleun-Brug. Le chanoine Falc'hun démissionnera de la direction du Bleun-Brug en 1959 et sera remplacé par le chanoine Mevellec. "Les cahiers du Bleun-Brug" qu'il avait créés en 1957 comme revue trimestrielle de réflexion doctrinale pour compléter "Bleun-Brug", le bulletin officiel du mouvement, ne survivront pas à son départ du mouvement.

Une fin de carrière à Brest[modifier | modifier le code]

En , Falc'hun demande le transfert de sa chaire à l’université de Brest. Il y enseigne jusqu’à sa retraite, qu'il prend en . Il décède à Brest le .

Bourg-Blanc, où il s'est retiré, honore sa mémoire en nommant une de ses rues "Chanoine Falc’hun". Quant à la ville de Quimper, elle a nommé une de ses voies "Allée François Falc’hun".

Apport scientifique[modifier | modifier le code]

Ses deux thèses[modifier | modifier le code]

En 1941, Falc'hun se lance dans la préparation d'une thèse sur les mutations consonantiques initiales en breton. En , Pierre Fouché, directeur de l’Institut de phonétique de Paris, la juge irrecevable parce qu’elle repose sur « une théorie à base physique et physiologique qui heurtait de front les idées alors régnantes en France[5] ». Lucien Wolff, doyen de la Faculté des lettres de Rennes, conseille à Falc’hun de la soutenir à Rennes. Falc'hun reprend alors ses travaux, mais les résume pour en faire une thèse secondaire tandis qu'il prépare sa thèse principale sur l’histoire de la langue bretonne d’après la géographie linguistique.

Il soutient les deux thèses à Rennes en . En 1954, la thèse principale obtient le prix Volney de l’Institut et est éditée. Elle est rééditée en 1963 avec d’importantes additions, puis en 1981, avec 107 pages de nouveaux ajouts. La thèse secondaire, qui concerne le système consonantique du breton avec une étude comparative de phonétique expérimentale, est publiée en 1951, puis partiellement rééditée en 2005 sous le titre Études sur la langue bretonne : système consonantique, mutations et accentuation.

Origine de la langue bretonne[modifier | modifier le code]

F. Falc’hun voit dans la langue bretonne « un mélange de gaulois armoricain et de brittonique insulaire au pourcentage variable selon les régions[6] ». Ainsi selon lui, « le breton descendrait du gaulois influencé par du grec[7] » et non du brittonique. « Je suis persuadé, écrit-il encore[8], que le dialecte vannetais, surtout au sud du Blavet, est une survivance gauloise peu influencée par l’apport breton et les autres dialectes, un gaulois simplement plus marqué par la langue des immigrés d’origine insulaire ». La thèse de Falc'hun était contraire à celle de Joseph Loth et de Léon Fleuriot. Cela dit, Fleuriot s'y rallia finalement à la fin de sa vie, considérant que le gaulois n'était pas éteint en Armorique quand les Bretons vinrent s'y installer[9].

Réformes orthographiques[modifier | modifier le code]

L'orthographe du breton, autrement dit sa normalisation, n'est pas une question nouvelle, loin de là. Comme d'autres avant lui et de même que d'autres personnalités de son époque, Falc'hun va tenter d'y répondre dans le cadre, notamment, de la réforme engagée en 1951 par le ministère de l'Éducation nationale[10].

Le système élaboré par Falc'hun est appelé skolveurieg (universitaire). Se basant sur les phonèmes de la langue bretonne, il ne reprend pas le /zh/, adopté dans l'orthographe dite peurunvan (unifiée) élaborée entre 1911 et 1941. Quant au /c'h/, introduit en breton au XVIIe siècle, Falc'hun ne l'a pas complètement supprimé : il distingue entre les deux phonèmes /h/ et /c'h/, qui forment une paire corrélative, /h/ étant la consonne douce, de très loin la plus fréquente, et /c'h/, la consonne forte corrélative correspondante, d'un emploi bien plus rare, mais qui reste présent le cas échéant, mais cela introduisit une confusion avec les /h/ étymologiques, qui peuvent être muets.

Bien qu'approuvé par le ministère de l’Éducation nationale le , le skolveurieg n’a pas fait l’unanimité et a été l’origine de nombreuses querelles, tant sur le plan linguistique que sur le plan politique. Il s'est vu désigné par le sobriquet de « falhuneg » (tandis que ses adeptes utilisent – dans un but pareillement contempteur – le terme « hemoneg » pour désigner l'orthographe rivale). Le skolveurieg est toujours en usage, notamment par les associations membres d’Emgleo Breiz. La question, ou querelle orthographique, fait que Falc'hun, quoique ayant préfacé un ouvrage favorable à l'abbé Yann-Vari Perrot, devint la bête noire des bretonnants nationalistes. Selon Françoise Morvan, il aurait eu à subir « des campagnes de harcèlement téléphonique » (Le Monde comme si, p. 132).

Publications[modifier | modifier le code]

  • La langue bretonne et la linguistique moderne. Problèmes de phonétique indo-européenne (celtique, germanique (lois de Grimm & de Verner), grecque, latine, romane, etc.) ; P., Librairie celtique (Tiré à part des : Conférences universitaires de Bretagne), 1943, 64pp.
  • Les noms bretons de saint Yves ; Rennes, Imprim. Oberthur (tiré à part des Annales de Bretagne), 1943, 18pp (Yves voudrait donc dire « fils d'Esus », « de la race d'Esus », et nous aurions là un nom gaulois réintroduit en France par les Bretons émigrés de Grande-Bretagne. C'est la mythologie celtique qui aurait fourni son nom au saint le plus populaire de la Bretagne armoricaine).
  • Le système consonantique du breton avec une étude comparative de phonétique expérimentale - Thèse présentée à la faculté des Lettres de l'université de Rennes, imp. Réunies, imp. Plihon, 1951
  • La langue bretonne et l'enseignement (avec Pierre Trépos) ; rapports présentés à la journée culturelle bretonne (Rennes) le . Sans lieu ni date, 1 fasc. multigraphié de 31pp
  • Préface de l'ouvrage "L'abbé Jean-Marie Perrot", du chanoine Henri Poisson, Rennes, éd. Plihon (1955).
  • Notice biographique de Joseph Ollivier en complément du travail de Bernard Daniel, Inventaire des manuscrits légués par Joseph Ollivier à la Bibliothèque municipale de Rennes. In: Annales de Bretagne. Tome 64, numéro 4, 1957. p. 475-504.
  • Un texte breton inédit de Dom Michel Le Nobletz (extrait des Annales de Bretagne). Rennes, imprimerieS réunies, 1958.
  • Celtique continental et celtique insulaire en breton ; Rennes, 1963.
  • Les langues pré-bretonnes en Armorique ; Rennes, Impr. bretonne, (1963), 17pp (tiré à part des Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, tome XLIII).
  • Histoire de la Langue bretonne d'après la géographie linguistique - T. I : Texte - T. II : figures Paris, P.U.F. -1963
  • Les noms de lieux celtiques. Première série : vallées et plaines. Rennes, Éditions armoricaines, 1966, Deuxième série : Problèmes de doctrine et de méthode - noms de hauteur. Rennes, Éditions Armoricaines, 1970
  • Les noms de lieux celtiques. Deuxième série : Problèmes de doctrine et de méthode - noms de hauteur ; Rennes, Éditions armoricaines (Publ. Crbc, I), 1970, 207pp.
  • Les raisons d'une abstention (brochure hors commerce). (Rennes, chez l'Auteur). 1971. 32pp (sur les attaques de Paul Quentel, soutenu par P. Vendryès, à qui P. Trépos (soutenu par le P.C. & Ar Falz) fut préféré comme assistant de celtique).
  • Préface à l'ouvrage de Bernard Tanguy : Aux origines du nationalisme breton (2 vol.), P., 10-18, 1977.
  • Les noms de lieux celtiques. 3e série : Nouvelle Méthode de Recherche en Toponymie Celtique 1979 (avec Bernard Tanguy).
  • Perspectives nouvelles sur l'histoire de la langue bretonne ; P., troisième édition, copyright : Presses Universitaires de France, 1963 et Union Générale d'Édition, 1981 (année du dépôt légal). Réédition de la thèse de doctorat Histoire de la langue bretonne d'après la géographie linguistique (Rennes, , ronéotée), avec des compléments déjà parus dans la 2e édition (Presses universitaires de France, 1963) et de nouveaux compléments.
  • Les archives de la Mission de folklore musical en Basse-Bretagne de 1939 du Musée national des arts et traditions populaires, par Claudie Marcel-Dubois et François Falc'hun assistés de Jeannine Auboyer, éditées et présentées par Marie-Barbara Le Gonidec, Paris-Rennes, CTHS-Dastum, 440 p. avec DVD, 2009.

Archives[modifier | modifier le code]

  • La Bibliothèque Yves-Le Gallo[11] du Centre de recherche bretonne et celtique (CRBC) de l'Université de Bretagne occidentale a acquis en 1993 près de 400 ouvrages de la bibliothèque de François Falc'hun. Ils concernent principalement la linguistique et la langue bretonne. Un fonds d'archives manuscrites y est également a également été déposé : son inventaire est consultable en ligne[12]. D'autres archives de François Falc'hun se trouvent aux Archives de l’évêché de Quimper.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Cf. l'introduction de: Brun-Trigaud, Guylaine, Le Berre, Yves, Le Dû, Jean, Lectures de l’Atlas linguistique de la France de Gilliéron et Edmont, Du temps dans l’espace, Paris, CTHS, 2005 ; Goyat, Gilles, L’abbé François Falc’hun (1909-1991) : l’indispensable linguiste de la mission, in : Le Gonidec, Marie-Barbara (ed), Les archives de la mission de folklore musical en Basse-Bretagne de 1939 du Musée National des arts et tradition populaire', par Claudie Marcel-Dubois et François Falc'hun assistés de Jeannine Auboyer, Le Gonidec Marie-Barbara (ed.), Paris-Rennes, CTHS-Dastum, 2009, p. 79 à 88.
  2. F. Falc’hun, Le système consonantique du breton avec une étude comparative de phonétique expérimentale, Rennes, Plihon, 1951, p. 13.
  3. « Mission Basse-Bretagne 1939 — Accueil », sur bassebretagne-mnatp1939.com (consulté le )
  4. Marc SIMON, Bleun-Brug : expression d'un idéal breton. Pages d'histoire, Association Abati Landevenneg, , 122 p., p. 80
  5. F. Falc’hun, Les noms de lieux celtiques, première série, 2e éd., p. 97.
  6. F. Falc’hun, Les origines de la langue bretonne, p. 24.
  7. Perspectives nouvelles sur l'histoire de la langue bretonne, p. 303 et suiv.
  8. Perspectives nouvelles sur l’histoire de la langue bretonne, p. 530.
  9. Perspectives nouvelles sur l'histoire de la langue bretonne, p. 9.
  10. F. Falc’hun, Perspectives nouvelles sur l’histoire de la langue bretonne, p. 31.
  11. « Présentation de la bibliothèque », sur univ-brest.fr via Wikiwix (consulté le ).
  12. « Falc’hun, François », sur univ-brest.fr via Wikiwix (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]