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Une adresse IP du ministère de l’intérieur bloquée sur Wikipédia pour « vandalisme »
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Une adresse IP du ministère de l’intérieur bloquée sur Wikipédia pour « vandalisme »

L’adresse IP est également accusée de « dégradations répétées » et d’avoir retiré des informations sourcées de l’encyclopédie collaborative.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

« Vandalismes, attitude non-collaborative, (…) passages en force, pistage des contributions d’autrui et foutage de gueule en prime » : telles sont les raisons pour lesquelles l’adresse IP 212.234.218.196 a été bloquée le 18 décembre sur Wikipédia, pour une durée d’un an. Rien d’exceptionnel sur l’encyclopédie collaborative, dont les administrateurs, élus par la communauté, doivent au quotidien faire le ménage parmi les contributeurs peu scrupuleux. Mais cette fois, l’adresse IP (qui permet d’identifier un appareil connecté à Internet) n’est pas n’importe laquelle : elle appartient au ministère de l’intérieur, rapporte Le Canard enchaîné dans son édition du mercredi 13 janvier.

Sur la page de discussion consacrée à ce mystérieux utilisateur officiant de la place Beauvau, l’administrateur, qui utilise le pseudonyme de Jules, explique avoir pris sa décision « après lecture de l’historique » de cette page : « J’en conclus (…) que cette IP pose plus de problèmes qu’elle n’apporte de choses positives à Wikipédia. » En effet, cette IP a déjà été bloquée plusieurs fois depuis son arrivée sur l’encyclopédie en 2007, pour une durée d’un mois maximum, et a fait l’objet de plusieurs avertissements. Les raisons : « vandalisme pernicieux », « dégradations répétées », « retraits répétés d’informations sourcées », etc. En 2014, un administrateur écrivait même, goguenard : « Le temps de changer d’occupation, il y a certainement mieux à faire au ministère de l’Intérieur. »

Ce qui a déclenché le récent blocage est « un problème tout bête », a expliqué Jules au Monde :

« Il changeait la mise en forme des sources, sans respecter la norme. Plusieurs contributeurs lui ont expliqué, il a répondu avec mauvaise foi et n’en a pas tenu compte. Je l’ai donc bloqué une semaine. Mais quand j’ai vu dans son historique qu’il y avait pas mal d’abus et de vandalismes de niveau collège, je l’ai bloqué un an. »

Cet épisode « tout bête » a tout de même attiré l’attention des services du ministère. L’un de ses fonctionnaires a indiqué à France Info avoir pris langue avec la fondation Wikimedia « pour obtenir des renseignements sur les pages trollées ». « Nous allons mener les démarches nécessaires pour identifier l’auteur et conduire ce que l’autorité administrative va décider » affirme cette même source.

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« Sale batar »

Parmi les vandalismes, l’insertion de « sale batar » dans un article, ou encore celle d’une blague graveleuse dans la devise d’une commune. On lui reproche aussi de pister les contributeurs, c’est-à-dire, comme l’explique Jules, de « repasser systématiquement derrière certains contributeurs pour les corriger, ce qui donne l’impression d’être harcelé. C’est interdit sur Wikipédia ». En guise de « foutage de gueule », l’administrateur renvoie vers une réponse cinglante de l’utilisateur de l’IP à un contributeur l’accusant de le pister.

Un commentaire personnel, publié par la même adresse IP sur un article consacré à un service du ministère de l’intérieur, avait aussi dû être supprimé : « Le service affiche de piètres résultats au dire même de la gendarmerie nationale et tend à démontrer que les fusions de services ne sont pas toujours source d’efficacité. »

Mais la plupart du temps, les articles modifiés par cette IP ne sont pas liés au ministère de l’intérieur ou à la politique. La liste de ses contributions laisse entrevoir des pratiques assez banales : petites corrections ici et là, et des enrichissements plus conséquents sur certains articles, comme par exemple celui concernant les agents de surveillance de Paris.

Une obsession pour les guillemets français semble même se dessiner, comme on peut le voir dans ces modifications apportées à l’article sur Saint-Denis, le 18 novembre dernier. Ce qui lui vaudra un tacle d’un autre contributeur : « Merci pour ces modifications, il est rassurant de voir que les IP du ministère de l’intérieur sont mobilisées sur la page de Saint-Denis pour procéder à l’éradication des guillemets anglais. »

« Il s’agit sans doute de plusieurs personnes »

En juin, un autre utilisateur s’était étonné de l’activité de cette IP appartenant au ministère de l’intérieur : « Je trouve assez malvenu que des agents de la fonction publique contribuent à Wikipédia sur leur temps de travail qui, je le rappelle, est financé par les contribuables français. » Ce à quoi l’intéressé avait répondu : « Pour ce qui concerne l’utilisation des deniers publics, l’Etat dépense des centaines de millions d’euros pour une écotaxe qui ne verra finalement pas le jour. Aussi, ne vous trompez pas de cible : les contributions à Wikipédia sont apportées durant les temps de pause. »

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Qui se cache derrière cette adresse IP ? Pour Jules, « il s’agit sans doute de plusieurs personnes ». Une hypothèse plausible : cette adresse IP peut être utilisée par plusieurs personnes au sein du ministère de l’intérieur, sans qu’elles sachent qui sont les autres contributeurs qui utilisent, par défaut, cette même adresse. Si c’est le cas, les voici donc tous bloqués, vandales ou non. Mais, comme le précise Jules : « Ils ont toujours la possibilité de se créer un compte sur Wikipédia, ce qui leur permettra de contribuer à nouveau. »

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